LA FRANCE PITTORESQUE
Fait main — Quand Grenoble
gantait le monde
(Source : Musée dauphinois)
Publié le mardi 31 mai 2022, par Redaction
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disait-on jadis. Et pour cause, la capitale des Alpes françaises fut pendant longtemps reconnue dans le monde entier pour la ganterie de luxe. Au XIXe siècle, l’industrie gantière prend son essor grâce à la mécanisation des tâches, ce qui décuple la productivité et la qualité des produits. L’apogée du « gant de Grenoble » dure un siècle environ jusqu’à la Seconde Guerre mondiale.
 

Le port du gant remonte à des milliers d’années, mais il faut attendre le Moyen Âge pour que son usage s’étende et connaisse un véritable essor dans le courant du 18e siècle. À cette époque, à Grenoble, l’activité manufacturière de la ganterie s’impose comme un secteur florissant.

Exporté notamment en Italie et en Allemagne, le gant de luxe grenoblois devient la première activité économique à faire rayonner la ville à l’étranger. L’exposition parcourt l’histoire de ce délicat atour, depuis son âge d’or au Second Empire jusqu’à son déclin au sortir de la Seconde Guerre mondiale.

La main de fer de Xavier Jouvin, au Musée dauphinois à Grenoble
La main de fer de Xavier Jouvin, au Musée dauphinois à Grenoble

Le gant de luxe fut avant tout féminin. Utilisant la peau de chevreau pour la finesse de sa texture et son toucher, il demandait un extrême savoir-faire qui s’est répandu dans tout le bassin grenoblois, transmis par des milliers de travailleurs répartis dans d’innombrables ateliers en Isère.

Dans les années 1830, Xavier Jouvin invente et perfectionne son système dit la « main de fer », qui consiste en un emporte-pièce à la taille et à la forme permettant de découper six gants à la fois. Les différentes tâches nécessaires à la fabrication d’un gant se spécialisent. Quand le travail de coupe est confié aux hommes, celui de couture est réservé aux femmes. Cet outil pousse le secteur de la ganterie vers une approche industrielle.

Toutefois, le gant reste un objet de luxe. La clientèle est essentiellement parisienne et étrangère. De la fin du XIXe siècle jusqu’aux années folles, les grandes entreprises comme Perrin et Jouvin conquièrent le monde. Le renom du gant grenoblois est porté haut par des agents commerciaux aux États-Unis, au Canada, en Australie, etc.

Affiche publicitaire du XIXe siècle pour les gants Perrin
Affiche publicitaire du XIXe siècle pour les gants Perrin

Le déclin amorcé au sortir de la Seconde Guerre mondiale est aujourd’hui achevé et l’industrie du gant grenoblois a disparu. L’évolution de la mode, l’émancipation des femmes, les délocalisations, la concurrence asiatique ont eu raison de ce marché.

Les centaines de pièces présentées dans l’exposition invitent le public à côtoyer cette grande époque où la haute société paradait dans des atours luxueux… jusqu’au bout des doigts. Gants courts ou longs rivalisent de finesse et de talents artistiques. Reconstitué avec les outils du gantier, un atelier propose de retrouver les gestes des artisans qui ont participé à l’aventure de l’activité gantière à Grenoble.

Renseignements pratiques
Exposition Fait main — Quand Grenoble gantait le monde
Musée dauphinois — 30 rue Maurice Gignoux — 38000 Grenoble
Jusqu’au 27 mars 2023
Site Internet : hthttps://musees.isere.fr/musee/musee-dauphinois
Page Facebook : https://www.facebook.com/museedauphinois/

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Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

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