LA FRANCE PITTORESQUE
Statues de cire de Madame Tussaud :
réalisées à partir de têtes décapitées ?
(Source : GEO)
Publié le samedi 28 mai 2022, par Redaction
Imprimer cet article
Elle est l’une des artistes les plus marquantes de son époque, possède une maîtrise de la sculpture sur cire à en perdre la tête, et ses musées accueillent chaque année plusieurs millions de visiteurs à travers le monde. Il s’agit bien sûr de Madame Tussaud qui, pour ses premières statues de cire, aurait utilisé les têtes de politiciens décapités.
 

Née Marie Groholtz, le 1er décembre 1761 à Strasbourg, Madame Tussaud est à l’origine du célèbre musée éponyme qui s’est ouvert à Londres il y a près de 200 ans. Ce que l’on y trouve ? Des statues de cire plus vraies que nature dont l’origine serait pour le moins sanglante.

Une monarchiste en pleine révolution
C’est en Suisse, chez l’anatomiste et sculpteur Philippe Curtius, où sa mère travaille en tant que femme de ménage, que Marie Groholtz grandit jusqu’à ses 4 ans. Passé 1765, mère et fille suivent le docteur à Paris, où il s’installe pour vivre de son art. Le succès est tel que ses œuvres intègrent le Palais-Royal, en 1776.

Statue de cire de Charlie Chaplin du musée Madame Tussaud de Londres
Statue de cire de Charlie Chaplin du musée Madame Tussaud de Londres.
© Crédit photo : Roman Kugge, www.LondresSecret.com

La jeune Marie, quant à elle, évolue aux côtés de celui qu’elle considère comme son tuteur, se nourrissant de son talent au fil du temps. À l’adolescence, elle réalise sa première œuvre : un portrait de Voltaire. Par la suite, suivent notamment ceux de Benjamin Franklin et Jean-Jacques Rousseau. Âgée d’une vingtaine d’années, Marie Groholtz enseigne même la sculpture à la sœur du roi, apprend-t-on dans ses mémoires. Mais en 1789, la Révolution française éclate.

La chambre des horreurs
« En 1793, Marie est emprisonnée avec sa mère dans la tristement célèbre prison Laforce, à Paris. À sa libération, elle est forcée de prouver son allégeance à la Révolution en fabriquant des masques mortuaires de nobles exécutés et de ses anciens employeurs, le roi et la reine », nous assure le musée Madame Tussaud d’Amsterdam.

Accusés de soutenir la monarchie, Philippe Curtius et sa jeune apprentie sont en effet contraints d’adapter leurs œuvres à l’actualité en mettant à l’honneur les grandes et moins grandes figures guillotinées au sein de leur collection. Des masques mortuaires donc, qui seraient alors directement réalisés sur les têtes décapitées des prisonniers. Sordide, mais manifestement efficace pour garder la vie sauve.

Bien que fascinante, cette pratique reste toutefois remise en doute par bon nombre d’historiens. Et ce, notamment car Madame Tussaud est réputée pour avoir eu la fâcheuse tendance de romancer son histoire dans ses mémoires.

Artiste et femme d’affaire
Un an après le décès de Philippe Curtius, Marie Groholtz épouse François Tussaud, ingénieur, et devient Madame Tussaud. Naissent ensuite Jospeh en 1798, et François en 1800. Au début des années 1800, Paul de Philipsthal, célèbre pour ses spectacles « fantasmagoriques » où il projette d’effrayantes images grâce à une lanterne dite « magique », lui propose de s’envoler pour l’Angleterre avec lui afin de travailler conjointement sur ses spectacles. Son couple bat de l’aile, la sculptrice accepte donc cette offre et emporte avec elle sa fameuse exposition. Mais, peu convaincue du résultat, elle décide finalement de poursuivre son ascension seule. Et ça marche.

Alors l’engouement suscité par Madame Tussaud est-il exclusivement lié aux penchants voyeurs du public, ainsi qu’à une certaine fascination pour le macabre ? Selon le musée Madame Tussaud d’Amsterdam, la réponse est non : « En 1802, Madame Tussaud emporte son exposition au Royaume-Uni et ce n’est qu’en 1835 qu’elle ouvre une exposition permanente sur l’emplacement actuel : Baker Street. En plus d’être sculptrice, Marie Tussaud était aussi une véritable femme d’affaires et a travaillé très fort pour faire prospérer son entreprise. Cela n’aurait jamais été possible sans un talent de sculpteur ». En témoignent les plus de 20 musées Madame Tussaud qui existent aujourd’hui à travers le monde !

Lola Talik
GEO

Accédez à l’article source

Copyright © LA FRANCE PITTORESQUE
Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

Imprimer cet article

LA FRANCE PITTORESQUE