LA FRANCE PITTORESQUE
Hôtel de Matignon : une histoire
jalonnée de personnages célèbres
(D’après « Vieilles demeures parisiennes » (par Paul Jarry), paru en 1946)
Publié le dimanche 28 novembre 2021, par Redaction
Imprimer cet article
Construit au début du XVIIIe siècle et revendu avant d’être achevé, l’hôtel de Matignon connut de nombreux et illustres propriétaires avant d’être troqué en 1815 par Louis XVIII contre le palais de l’Élysée puis de devenir en 1934 la résidence officielle du président du Conseil, Premier ministre de l’époque : Jacques de Matignon, prince de Monaco qui lui légua son nom ; la courtisane Anna-Éléonora Franchi qui participa à l’évasion de Louis XVI ensuite arrêté à Varennes en 1791 ; l’inénarrable « diable boiteux » Talleyrand ; Adélaïde d’Orléans, sœur de Louis-Philippe ; Baroche, président du Conseil d’État
 

Jadis agglomération « hors-les-murs » de Paris construite au-delà de l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés, le faubourg Saint-Germain, aujourd’hui inclus dans le 7e arrondissement de Paris, s’était formé à la fin du XVIIe siècle et au commencement du XVIIIe, quand l’architecte Germain Boffrand (1167-1754) eut l’idée de spéculer sur les terrains de ce nouveau quartier.

Le lotissement et la mise en vente par l’Université des parcelles du Pré-aux-Clercs, les chantiers de bois qui s’étaient ouverts sur les bords de la Seine, où les transports fluviaux les alimentaient, fournirent aux spéculateurs des proies faciles, et l’on vit bientôt s’élever peu à peu de ces somptueux hôtels ayant résisté aux outrages du temps quand le percement du boulevard Saint-Germain ne leur a pas porté atteinte.

Détail du plan du faubourg Saint-Germain en 1790
Détail du plan du faubourg Saint-Germain en 1790

L’hôtel qui prit dans la suite le nom de Matignon fut construit au début du XVIIIe siècle sur un terrain ayant appartenu à Louis-Denis Séguin, baron de Pouancé, conseiller à la cour des Aides, puis président à la Chambre des comptes, qui, le 30 septembre 1719, le revendit au prince de Tingry, Christian-Louis de Montmorency-Luxembourg, et à sa femme, Louise-Madeleine de Harlay, fille du président Achille IV.

Ce prince de Tingry était le quatrième fils du maréchal de Luxembourg. C’était un brave parmi les braves, dont la conduite à Nerwinde — il gagna la bataille contre le prince d’Orange en 1693 — et lors de la délivrance de Lille en 1708, avait suscité l’admiration.

Mais en ce temps-là, les maîtresses en place n’étaient pas moins utiles à l’avancement que la valeur militaire. Comme il avait montré quelque déception de n’avoir pas été compris en 1724 parmi les Cordons bleus — surnom donné aux chevaliers de l’ordre du Saint-Esprit fondé en 1578 par le roi Henri III —, le recueil Clairambault-Maurepas, ce chansonnier satirique du XVIIIe siècle qui ne voile pas ses mots, lui décocha cette épigramme :

Prince, qu’espères-tu ! Qu’attends-tu ! Que veux-tu ?
La France ne connaît que les exploits du c...
En vain de tes aïeux tu veux suivre les traces ;
La bravoure aujourd’hui n’est plus source des grâces.
Deviens un fat, un b..., un perfide, un coquin,
Ou fais de ta compagne une adroite catin,
Je réponds de ta gloire... Honore Duvernay, respecte la De Prie,
Elle a, sous son jupon, les dons du Saint-Esprit.
Là, sous de belles fleurs, symbole d’innocence,
Croissent les pensions, les bâtons, la finance...
Car enfin, n’attends pas qu’un honneur chimérique
T’élève aux dignités sous un règne lubrique.
(...)
Prince, c’est assez dire ; adieu, suis mes conseils.

Tingry suivit-il les conseils du « chansonnier » ou ses hautes vertus militaires, comme nous aimons à le croire, forcèrent-elles la bienveillance royale ? Toujours est-il que, dix ans plus tard, il devint à son tour maréchal de France. Signalons qu’il arriva à ce Tingry une drôle d’histoire : il eut pas la fantaisie, relate le Journal de Barbier, de voir, en 1729, son billet d’enterrement tout imprimé ! Et le jour indiqué, comme étant le 19 mars, il se montra fort inquiet. Ce brave en fut quitte... pour la peur et ne trépassa qu’en 1746.

Hôtel de Matignon
Hôtel de Matignon

En 1721, le prince de Tingry avait chargé l’architecte Jean Courtonne de construire l’hôtel de la rue de Varenne. C’est du moins la date qu’indique Courtonne dans son Traité de perspective pratique, avec des remarques sur l’architecture (1725). Mais, fait observer Gustave Hirshfeld dans Petites monographies des grands édifices de la France (1931), « ce n’est que le 1er juillet 1722 que le prince de Tingry accepta les devis des ouvrages de maçonnerie après avoir, quatre mois auparavant, signé le marché avec le jardinier chargé de planter les arbres et de former le parterre du meilleur style français. »

Mais avant que l’hôtel fût achevé, Tingry le revendait le 25 juillet 1723, par contrat passé devant le notaire Lefebvre. L’acquéreur était Jacques III Goyon, comte de Torigny et sire de Matignon, gouverneur de Normandie, ami de Michel Chamillart — mort en 1721, il avait été Contrôleur général des Finances et Secrétaire d’État de la Guerre sous Louis XIV —, et dont Saint-Simon parle longuement dans ses Mémoires.

Il était le cinquième fils de François de Matignon (1607-1675) et d’Anne de Malon de Bercy (1612-1675). Il avait épousé par dispense sa propre nièce, Charlotte de Matignon, fille de son frère Henri, et qui mourut le 4 avril 1721, dans sa soixante-quatrième année. Il décéda le 14 janvier 1725, dix ans après avoir négocié le mariage de son fils unique, Jacques-François-Léonor, avec Louise-Hippolyte de Monaco, fille aînée du prince de Monaco, dont il payait les dettes. Le mariage se fit à la condition que le futur époux prendrait le nom et les armes des Grimaldi. Aussi l’hôtel Matignon sera-t-il désigné désormais dans les actes sous le nom d’hôtel de Monaco.

Jacques-François était né à Torigny le 21 novembre 1689. Gouverneur des villes et châteaux de Cherbourg, Granville, Saint-Lô, et de l’île de Chausé (sic), colonel à l’âge de treize ans, il est qualifié, dans un acte du 14 novembre 1731, de « haut et puissant seigneur Jacques-François-Léonor Grimaldi, prince souverain de Monaco, duc de Valentinois et d’Estouteville, pair de France, sire de Matignon, comte de Thorigny... » encore que, d’après Saint-Simon, la revendication du titre d’Estouteville par Jacques III ne paraisse pas avoir été couronnée de succès.

Jacques-François termina l’hôtel qu’il avait hérité de son père et agrandit sa propriété par une acquisition faite du gouverneur et administrateur de l’Hôtel-Dieu de Paris et de l’hôpital des Incurables, suivant acte passé devant Dupré le 1er septembre 1744 et confirmé par lettres patentes données à Versailles au mois de janvier 1745.

« Ce bel hôtel, écrit Jean-Aimar Piganiol de la Force dans sa Description historique de la Ville de Paris et de ses environs (1765), a été élevé sur les dessins du sieur Cortone (sic), habile architecte ; mais ce riche et magnifique seigneur (Matignon) y a beaucoup ajouté lorsqu’il en a été possesseur. On voit à l’extrémité du jardin, un joli petit bâtiment qui forme un appartement complet, quoique ce ne soit qu’un rez-de-chaussée. Ce seigneur l’habitait très souvent. L’on y entre par un salon circulaire meublé, décoré et plafonné d’un goût singulier et des plus élégants. Ce petit Trianon, comme il l’avait nommé, a son jardin particulier, séparé du grand.

Jacques-François-Léonor (fils de Jacques III de Goyon de Matignon), comte de Matignon, et prince de Monaco sous le nom de Jacques Ier
Jacques-François-Léonor (fils de Jacques III de Goyon de Matignon), comte de Matignon,
et prince de Monaco sous le nom de Jacques Ier

« Ce magnifique hôtel et ses appartenances sont si vastes qu’ils contiennent plusieurs appartements qu’il occupait en différents temps. Ce seigneur possédait une belle collection de bronzes, de vases d’argent excellemment ciselés, et surtout des tableaux des plus grands maîtres. Tout y était d’un choix rare et de grand prix. Il s’était banni lui-même de la Cour ; la franchise et la dignité de son caractère opposé à celui de courtisan lui faisait préférer la société d’un particulier estimable par ses talents et par la sûreté de son commerce à la stérilité et au déguisement de la plupart des grands. »

Thiéry, qui répète Piganiol, parle également dans son Guide des amateurs et des étrangers voyageurs à Paris, ou Description raisonnée de cette ville, de sa banlieue, et de tout ce qu’elles contiennent de remarquable (1787) de ce « joli petit bâtiment placé à l’extrémité gauche du grand jardin, décoré avec goût, et que feu M. de Matignon, père de M. le prince de Monaco, appelait son petit Trianon [rappelons que c’est le prince de Monaco, et non son père, qui en avait achevé la construction]. »

Ce petit Trianon avait été particulièrement soigné. « Les Saisons, dit Vacquier, qui sont les quatre décors du Temps, ornent le centre de la corniche. La grâce enveloppante des contours donne une forme exquise aux lignes savantes de l’architecture. Le mascaron central avec son visage souriant, la variété des impostes, les justes proportions de la menuiserie, en accord parfait avec la maçonnerie, achèvent extérieurement de rendre plaisant ce petit palais. »

Le mariage de Jacques-François-Léonor avait eu lieu le 20 octobre 1715 et le roi avait signé au contrat. Mathieu Marais constate, à cette occasion, que le nouveau et petit roi « signe très bien son nom ». C’était le premier contrat présenté à Louis XV. Louise-Hippolyte Grimaldi, née le 10 novembre 1697, fut déclarée princesse souveraine de Monaco le 20 février 1731, à la mort de son père, mais elle ne profita guère de sa souveraineté, étant décédée de la petite vérole, à Monaco, le 29 décembre de cette même année.

Son fils, Honoré-Camille-Léonor Grimaldi, né à Paris le 10 septembre 1720, fut reconnu prince souverain de Monaco le 7 novembre 1734. Son père reprit alors le titre de duc de Valentinois, tout en se réservant celui de prince administrateur de Monaco pendant la minorité du bénéficiaire. Il mourut le 23 avril 1751. Un acte de liquidation devant Dupré, en 1753, déclara Honoré-Camille seul héritier de Jacques-François.

Honoré-Camille épousa, dit un de ses biographes, « une très belle personne de la famille italienne de Brignoles, » Marie-Catherine, qui, après sa séparation de corps et de biens, acheta en 1773 l’hôtel de la rue Saint-Dominique, futur hôtel Davoust et de Sagan, plus tard ambassade de Pologne. Elle se rapprochait ainsi du Palais-Bourbon où logeait le prince de Condé qui l’épousera en Angleterre pendant l’émigration.

On voit que le désaccord était survenu entre les époux, et le ménage dispersé n’occupant guère l’hôtel, celui-ci avait été loué en 1770 au duc de la Vauguyon, avant d’être séquestré en 1793. Honoré décéda le 22 floréal an III (11 mai 1795). L’hôtel ayant été restitué à ses enfants, c’est à leur requête et à celle de leurs ayants-droit, que l’hôtel fut mis en adjudication le 21 floréal an XII (11 mai 1804).

Anna-Éléonora Franchi
Anna-Éléonora Franchi

L’adjudicataire était, après surenchère, « la demoiselle Anna-Éléonora Franchi, fille majeure » qui devint propriétaire de l’hôtel et n’était autre que la célèbre Madame Sullivan, courtisane dont on retrouve le nom bien souvent à l’époque de la Révolution. Née en 1750, Anna-Éléonora Franchi était la fille d’un modeste tailleur de Lucques et participa financièrement à l’évasion de Louis XVI en juin 1791 lors de laquelle il fut arrêté à Varennes.

Ballerine à Venise, elle y avait épousé en 1768 son camarade Martini, et se fit enlever par le duc de Wurtemberg, qui l’emmena à Stuttgart. Elle en eut deux enfants, dont une fille qui fut la mère du comte d’Orsay, le fameux dandy. Elle eut une intrigue à Vienne avec Joseph II. Recueillie par le chevalier d’Aigremont, elle vint avec lui à Paris où Sullivan, le frère du sous-ministre d’Angleterre près de l’électeur de Trèves, s’éprit d’elle et l’épousa en 1776 avant de la conduire aux Indes.

Elle se fait de nouveau enlever par un certain Quintin Craufurd — qui lui aussi participa à l’évasion de Louis XVI —, qui la ramène en Europe puis à Paris, où la police l’observe. Une note du 14 brumaire an XII dira d’elle : « La dame Sullivan déjà signalée par les réunions qui ont eu lieu chez elle, continue de recevoir plusieurs individus, ennemis prononcés du gouvernement. Hier, il y avait chez elle une société nombreuse et où se trouvaient plusieurs Anglais, notamment M. Fidgerald, Craufort (sic) et un baronnet que l’on appelait Francis. Il n’est sorte de propos qu’on ne se soit permis. M. Craufort surtout n’a parlé de la France et du gouvernement qu’avec mépris. »

Le 8 mars 1808, Anna-Éléonora Franchi vendait l’hôtel de la rue de Varenne au célèbre Talleyrand — Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord (1754-1838), prince de Bénévent et surnommé le « diable boiteux » —, à titre d’échange avec son hôtel de la rue d’Anjou, qui fait aussitôt ajouter une grande pièce à chacune des extrémités du principal corps de bâtiment, l’une formant salle de banquet, l’autre salon de musique.

Il y donne, quatre fois par semaine, sur l’ordre de l ’Empereur, des dîners de trente-six couverts où il réunit législateurs, conseillers d’État et ministres. Il peut ainsi les connaître et « cultiver leurs dispositions », explique Georges Lacour-Gayet dans son Talleyrand (1928). Il s’y fait une opinion sur le corps législatif qu’il trouve « beaucoup trop nombreux et plus mal organisé que mal composé ».

Un soir que Chevet lui avait fait hommage de deux turbots gigantesques, Talleyrand fit ouvrir à deux battants, pendant le dîner, les portes de la salle. Deux laquais entrèrent, soutenant un plat d’argent où était dressée l’une des superbes bêtes. Soudain l’un des porteurs glissa sur le parquet ciré et le poisson se répandit sur le sol. Ce n’était qu’une mise en scène. Impassible, Talleyrand, fit un signe : deux autres laquais apportèrent le second turbot. Il avait voulu tout simplement étonner ses invités et montrer qu’un bon diplomate n’était jamais pris au dépourvu.

Le 12 décembre 1811, Talleyrand cédait l’hôtel Matignon au Domaine extraordinaire. On prétendit que l’Empereur aidait ainsi le prince à acquérir l’hôtel de la rue Saint-Florentin qui sera désormais sa résidence. La vente comprenait principalement « le palais occupé par Mesd. seigneur et dame prince et princesse de Bénévent susdite rue de Varenne, cy-devant connu sous le nom d’hôtel de Monaco, composé d’un grand et petit hôtel avec jardin, cour, écuries et autres dépendances ».

Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord. Dessin réalisée d'après une gravure de Parmentier parue dans Histoire de la Révolution française par Louis Blanc
Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord. Dessin réalisée d’après une gravure
de Parmentier parue dans Histoire de la Révolution française par Louis Blanc

La princesse de Bénévent renonçait à l’usufruit et jouissance du palais Monaco, auxquels elle avait droit à compter du jour du décès du prince de Bénévent, dans le cas où elle aurait survécu, par compensation de l’usufruit dont elle avait droit dans les mêmes termes d’un hôtel situé à Paris, rue d’Anjou Saint-Honoré, que le prince et la princesse avait cédé en contre échange à la demoiselle Franchi par le contrat du 8 mars 1808.

Par décret rendu le 6 mars 1815, l’hôtel Matignon était de nouveau échangé, cette fois par Louis XVIII contre le palais de l’Élysée à la duchesse de Bourbon rentrée en possession de ses biens non aliénés le 3 juin 1814. Juste revanche : la duchesse de Bourbon prenait possession de l’hôtel qu’avait dû quitter Madame de Matignon, la maîtresse de son propre beau-père.

« C’est rue de Varenne, a dit Leroux-Cesbron, que la duchesse passera les dernières années de sa vie, fréquentant peu la cour où on lui faisait grise mine, revoyant de temps en temps son mari, devenu avec elle respectueux, déférent même, mais moins désireux que jamais d’un rapprochement conjugal. » Elle mourut, frappée de congestion pendant une procession à l’église Sainte-Geneviève, le 10 janvier 1822, ayant reporté toute son affection sur la famille d’Orléans.

Par testament, elle léguait l’hôtel de la rue de Varenne à sa nièce Eugène-Louise-Adélaïde d’Orléans, sœur de Louis-Philippe, plus connue sous le nom de Madame Adélaïde, à charge d’entretenir et de maintenir à perpétuité dans cet immeuble l’hospice d’Enghien fondé par la testatrice. Madame Adélaïde éluda cette clause en transférant ledit hospice rue de Picpus, « d’après les mêmes bases que celles indiquées et ordonnées par la défunte princesse. »

Madame Adélaïde décéda au palais des Tuileries le 31 décembre 1847, léguant par testament l’hôtel Matignon à son neveu le duc de Montpensier, en nue-propriété, pour y réunir l’usufruit au décès du roi Louis-Philippe, son père. Un riche Américain, le colonel Thorn, habita l’hôtel en location, sous le règne de Louis-Philippe, et y donna des fêtes splendides. Sa fille, la baronne de Pierres, épousa l’écuyer de l’empereur et fut dame du Palais, une des « caillettes d’Eugénie de Montijo. » Elle était très timide, un peu froide, mais aussi la femme qui montait le mieux à cheval. C’est, sans doute, du temps du colonel Thorn que datent les deux petites tombes de chiens, aux noms anglais, se trouvant dans le jardin de l’hôtel Matignon.

En 1848, le général Cavaignac, président du Conseil et chef du pouvoir exécutif en fait sa résidence. L’hôtel commence à entrevoir sa future destinée. Après avoir été en 1851 affecté à Pierre-Jules Baroche, président du Conseil d’État, l’hôtel Matignon fut, l’année suivante 29 juillet 1852, acquis d’Antoine-Marie-Philippe-Louis d’Orléans, duc de Montpensier, par Raphaël, marquis de Ferrari, duc de Galliera à qui sont dues les mosaïques à l’italienne et les peintures de Paul Baudry.

Adélaïde d'Orléans. Peinture de Marie-Amélie Cogniet (1838)
Adélaïde d’Orléans. Peinture de Marie-Amélie Cogniet (1838)

Le duc de Galliera accorda la jouissance de l’hôtel au comte de Paris, qui se trouvait ainsi logé dans les appartements de sa grand’tante et de son oncle Montpensier. À l’occasion du mariage de sa fille, Marie-Amélie, avec le futur roi de Portugal, le comte de Paris donnait à l’hôtel Matignon une grande fête à laquelle avaient été conviés les ambassadeurs étrangers. Encore que la présence du prince héritier de Portugal justifiât celle des ambassadeurs, on estima en haut lieu que le prétendant s’était adjugé les droits d’un souverain régnant. Le gouvernement demanda, en conséquence, que le territoire fût désormais interdit aux membres des anciennes familles régnantes, et le 11 juin 1886 — petite cause, grands effets — était votée par la Chambre la fameuse loi sur l’Expulsion des princes.

Le comte de Paris, par suite de l’application de cette loi, gagna l’Angleterre. Les héritiers du duc de Galliera offrirent l’hôtel Matignon au gouvernement autrichien pour en faire le siège de son ambassade. Le corps diplomatique put alors y fréquenter sans craindre de violer le protocole.

Dans le cabinet de l’ambassadeur, avait été ménagée une glace qui, glissant sous la pression d’une commande électrique permettait à un secrétaire de se dissimuler et de prendre en notes les conversations du diplomate et de ses visiteurs.

Tribunal arbitral mixte en 1920, l’hôtel devient à nouveau en 1935, présidence du Conseil. Les « accords Matignon » défrayèrent en leur temps la rubrique de nos grands quotidiens.

Copyright © LA FRANCE PITTORESQUE
Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

Imprimer cet article

LA FRANCE PITTORESQUE