LA FRANCE PITTORESQUE
Château de Saumur (Maine-et-Loire) :
une histoire mouvementée
(D’après « Le château de Saumur : étude historique
et archéologique » (par le colonel Savette), édition de 1951)
Publié le mercredi 29 septembre 2021, par Redaction
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Occupant un site charmant sur les bords de la Loire et au pied d’un coteau abrupt, Saumur, dont l’élégance des monuments et la beauté du fleuve qui l’arrose l’ont fait dénommer « la gentille, bien assise et bien aérée », possède un donjon lui conférant un aspect original et pittoresque, trois forteresses ayant occupé cet emplacement âprement disputé et constituant un temps une prison d’État
 

D’après Ménage et dom Huynes, le premier castrum truncum, le vetus truncus, d’origine romaine, était une petite forteresse, déjà antique par conséquent à I’époque où Pépin le Bref, père de Charlemagne, vint à Saumur (747). Cette opinion confirmerait l’origine très ancienne du castrum. D’autre part, le jurisconsulte Jean Bodin (XVIe siècle), sans preuves, attribue le truncus à Pépin le Bref ; enfin Gustave d’Espinay (1829-1908), le savant archéologue d’Angers natif de Saumur, tout en reconnaissant que ce château était. antique, ne peut et ne veut pas affirmer l’origine romaine de sa construction.

Par ailleurs, dès le VIIIe siècle, il existait une petite abbaye dédiée à sainte Marie et à saint Jean qui formait le noyau de la villa Joannis et, selon toute vraisemblance, d’après les travaux et conclusions de Beauregard, Mérimée et d’Espinay, était située sur l’emplacement actuel de l’église de Nantilly et non pas, comme on l’a dit, dans le voisinage de la chapelle Saint-Jean. Cette dernière est de construction beaucoup plus récente (XIIe siècle) et ne peut être considérée comme le centre primitif de l’agglomération saumuroise.

Château de Saumur (Maine-et-Loire)
Château de Saumur (Maine-et-Loire)

Au milieu du IXe siècle (848) les Bretons, avec Noménoë, ayant brûlé Saint-Florent-le-Vieil, vinrent attaquer Saumur et son château. Charles le Chauve donna à cette époque aux moines de Saint-Florent le domaine de la villa Joannis en compensation de leur monastère détruit. Puis les Normands, conduits par Hastings, à leur tour attaquèrent Saumur en 853. C’est à ce moment que les habitants, pour se protéger, élevèrent des défenses, les premières fortifications, sur le coteau autour du vieux château de bois.

Les vicissitudes n’avaient point manqué aux Saumurois en ce qui concernait les maîtres dont ils relevaient. En effet, après avoir été sous la domination des Romains jusqu’en 419, ils étaient passés sous celle des Wisigoths jusqu’en 507. De cette date jusqu’en 638 ils avaient relevé du roi Clovis et de ses successeurs. En 638 Dagobert Ier, créant le duché d’Aquitaine, avait placé Saumur sous la coupe des ducs (jusqu’en 768, date à laquelle Pépin le Bref avait soumis le dernier duc, Waifre, qui refusait de reconnaître son autorité).

Puis à partir de 778, Charlemagne ayant rétabli le royaume d’Aquitaine, la ville s’était trouvée successivement sous l’autorité de Louis le Débonnaire, de Charles le Chauve et de Louis !e Bègue. C’est ce dernier qui en 877 l’avait réunie à la Couronne. Enfin au Xe siècle, Hugues le Grand — père de Hugues Capet —, duc de France et comte de Paris depuis 936, avait donné à son cousin, Thibaud le Tricheur, le comté de Blois avec Tours, Saumur et Doué.

Quand Absalon, en 948, arriva aux abords du castrum, au bois doré, revenant de l’abbaye de Tournus, avec les reliques de saint Florent qu’il avait soustraites à cette abbaye, il demanda donc au seigneur de l’époque, Thibaud le Tricheur, comte de Blois, à ce moment résidant à Doué, un lieu de sûreté pour abriter les dites reliques. Thibaud ordonna qu’elles seraient transportées au castrum (vieux château, vetus truncus). À cette occasion il fit construire un monastère à proximité du château (Saint-Florent-du-Boële). Peu après il fit élever le fort salmurus ou truncus sur l’emplacement de vetus truncus.

Ce château fut bâti après l’an 950 et en tous cas avant 978, date de la mort de Thibaud. Son fils et successeur, Eudes Ier, compléta le travail en faisant établir autour du château, entre 978 et 990, une forte muraille dépourvue de tours dont la nécessité, en raison de la faiblesse des projectiles de l’époque, ne se faisait pas encore sentir.

Denier frappé sous le règne de Thibaud le Tricheur, comte de Blois
Denier frappé sous le règne de Thibaud le Tricheur, comte de Blois

Cette muraille remplaça les fortifications de fortune, élevées à l’époque des invasions normandes. C’est elle que l’on désigne sous le nom de première enceinte ou enceinte de Thibaud le Tricheur. Elle constitua dès lors la limite de la ville. À partir du début du XIe siècle et du nom de Salvus murus (mur de salut, mur de protection) qui fut appliqué, dérivèrent les termes de Salmurus puis Saumur. Ce mot salmurus exprimait donc bien l’idée de l’enceinte close, du castrum que constituait l’agglomération du castel, du monastère et des habitations élevées dans leur ombre. Et ceci est d’ailleurs l’opinion émise par Adrien de Valois, le seul historien ancien ayant compris que le castrum salmuriense était l’œuvre du comte de Blois et non une ville gallo-romaine.

La muraille de la ville fut définitivement achevée par Eudes II, fils de Eudes Ier et petit-fils de Thibaud, en l’an 1004. À ce moment Eudes II confia le gouvernement de Saumur à Gelduyn le Jeune. En 1022 un premier incendie dévora le monastère Saint-Florent et une partie du truncus.

La première enceinte se déroulait sur le parcours suivant : se détachant du château, au nord, à hauteur du début du faubourg de Fenet, elle courait le long de la ligne des maisons qui bordent le côté sud de la rue des Cordeliers (rue Haute-Saint-Pierre ou rue Fourrier actuelle), gagnait l’entrée de la montée du Fort, point où il existait une porte dite porte de l’ouest, se fermant par une herse, puis continuait parallèlement à la ligne des maisons formant le côté gauche de la Grande-Rue, pour, à l’extrémité de cette dernière, remonter et rejoindre le château par le coteau dit la montagne de Tarare. Une deuxième porte avec pont-levis, à l’est du château, faisait communiquer directement ce dernier avec la campagne dans la direction de Varrains (porte de l’est ou des champs).

Au début du XIe siècle, l’enceinte renfermait donc l’église, le petit monastère, les habitations des Saumurois, enfin la maison-forte du gouverneur Gelduyn, c’est-à-dire le truncus construit par Thibaud (fort Salmurus) comme nous l’avons dit. Les chroniques de Saint-Florent des XIe et XIIe siècles parlent fort distinctement du vetus truncus et de la maison-forte de Gelduyn et ne les confondent pas, ce qui prouve bien que la seconde avait remplacé le premier.

En 1024 selon la chronique de Maillezais, en 1025 selon l’historien de Saint-Florent, en 1026 selon la chronique de Saint-Aubin et selon Ménage dans l’Histoire de Sablé, Foulques Nerra, comte d’Anjou, attaqua le comte de Blois, Eudes II, et s’empara de Saumur qu’il réunit à l’Anjou. Il fit incendier le château (deuxième incendie) et le couvent de Saint-Florent avec l’intention de reconstruire le premier sur le même emplacement et de donner aux moines un terrain à Angers sur lequel il leur ferait élever un monastère (on sait que finalement les moines revinrent à Saint-Hilaire-des-Grottes où ils bâtirent leur abbaye).

Le château de Saumur (Maine-et-Loire). Estampe d'Octave de Rochebrune publiée en 1875
Le château de Saumur (Maine-et-Loire). Estampe d’Octave de Rochebrune publiée en 1875

Saumur à partir de cette époque dut subir plusieurs sièges. D’abord, quelques mois après la prise que nous venons d’évoquer, Gelduyn, dépossédé, attaqua et assiégea la ville ; elle ne fut épargnée que grâce à l’intervention des moines de Saint-Florent (1026).

Puis en 1058, le comte du Poitou, Guillaume IV d’Aquitaine, attaqua et bloqua dans la ville Geoffroy II Martel, fils de Foulques Nerra, Geoffroy mourut d’ailleurs en 1060. En 1067, Foulques Réchin attaqua son frère Geoffroy le Barbu, réfugié à Saumur, Foulques Réchin et Geoffroy étant neveux et héritiers de Geoffroy Martel. Le château fut pris et Geoffroy le Barbu fait prisonnier pour de longues années.

Enfin, en mai 1068, le comte du Poitou, Guy d’Aquitaine, voulant venger l’échec subi par son prédécesseur, Guillaume IV, attaqua encore Saumur, s’empara du château qu’il incendia (troisième incendie) en même temps que !es églises et les habitations, aussi bien celles construites en dehors que celles élevées en dedans des fortifications. La chronique de Maillezais place ce troisième incendie à la date du 27 juin 1068. Consécutivement les moines durent donc reconstruire leur monastère incendié. C’est également à ce moment que les fortifications de la ville furent restaurées entièrement (nous parlons bien entendu de l’enceinte de Thibaud).

Arrive la période des Plantagenet commençant avec Geofffroy IV le Bel en 1129. On sait que le dernier Plantagenet, Jean sans Terre, s’était emparé de Saumur au détriment de son neveu Arthur qu’il fit lâchement assassiner. Le roi Philippe Auguste, ayant pris parti contre Jean sans Terre, enleva à ce dernier la ville de Saumur (1203) et la fit passer définitivement sous la domination des rois de France. La cité restera sans histoire féodale jusqu’au XVe siècle.

Durant cette période, la ville s’était étendue, les artisans étaient allés se loger au pied et en dehors des murailles. Aussi, longtemps avant le XVe siècle, une nouvelle enceinte, englobant la nouvelle ville, avait été construite. On en retrouve encore les vestiges et on peut la reconstituer grâce à des points de repère que l’on découvre en suivant le parcours de cette enceinte. Cette muraille était, cette fois, flanquée de 24 tours dont 5 grosses : tour Cailleteau, tour du Papegault, tour du Puits-TribouilIet, tour Grenetière et tour du Bourg. Un large fossé extérieur aux murailles protégeait celles-ci. L’enceinte avait dû être construite au milieu du XIIIe siècle (1240-1260), sûrement en tous cas au cours du XIVee siècle ; sans aucun doute elle existait au début du XVe siècle.

Comme on le voit, l’enceinte de Saumur est de création postérieure au temps de Foulques Nerra, de Geoffroy II Martel et même de saint Louis, mais elle existait au temps de René d’Anjou puisqu’elle est mentionnée dans les documents de l’époque de ce dernier. Fort épaisse, couronnée dans toute son étendue par des mâchicoulis et non plus par des hours (ou galeries de bois) comme la première enceinte, des saillants très marqués flanquaient les courtines et complétaient ainsi le système de défense obtenu avec les tours.

Foulques III d'Anjou dit Foulques Nerra, comte d'Anjou de 987 à 1040
Foulques III d’Anjou dit Foulques Nerra, comte d’Anjou de 987 à 1040

Partant du château au niveau du Petit-Genève, elle rejoignait le bord de la Loire qu’elle longeait jusqu’à la Bilange, puis obliquant à l’ouest, coupait la rue Saint-Jean actuelle, touchait au Puits-Tribouillet, filait jusqu’à l’Arche-Dorée et allait rejoindre le mur du château au sud. Il faut donc bien remarquer que par conséquent, dans sa partie orientale regardant Varrains, le dit château était protégé uniquement par le ravin puisque les fortifications n’englobaient pas le bâtiment sur cette face-là.

Quant au château, le troisième, le Donjon actuel, les opinions sont partagées en ce qui concerne la date de sa construction. On sait que Foulques Nerra avait brûlé le truncus en 1025 et avait:juré de le rebâtir. Cependant, on connaît à peu près la liste de tous les ouvrages construits par ce prince, mais on constate que le château de Saumur ne figure pas sur cette liste. Seulement on se souvient que Foulques Nerra, après avoir pris possession de Saumur, l’avait donné à son fils Geoffroy II Martel. C’est, sans aucun doute, ce dernier qui fit commencer les travaux en 1040, aussitôt après la mort de son père.

La construction ne fut achevée que dans les siècles suivants. Bodin situe la fin du travail en 1250 et rappelle qu’en 1220 on s’occupait. des travaux du château qui avaient été suspendus. Louis-François La Bessière, historien et auteur de nombreux ouvrages publiés au XIXe sur le Maine-et-Loire, précise que le donjon fut commencé en 1040. Victor Godard-Faultrier (1810-1896), historien, archéologue, fondateur du musée des antiquités d’Angers et inspecteur des monuments historiques est du même avis que !es deux auteurs précédents. Mérimée fait remonter le travail au temps saint Louis (1215-1250). L’archiviste paléographe du Maine-et-Loire Célestin Port (1828-1901) rapporte que l’on ignore l’époque exacte de la construction et ajoute que le château semble dater de la fin du XVe siècle. Bernard de Hautmont, écrivant ses Mémoires sur Saumur en 1680, dit que l’édification était commencée bien avant le XVe siècle, c’est-à-dire avant la naissance du roi René (1409) et ajoute que ce dernier aurait simplement achevé cette construction.

En revanche, Gustave d’Espinay attribue la paternité du château au roi René et apporte d’abord comme preuve que, suivant Bernard de Hautmont, plusieurs portes et clefs de voûtes montraient les armes du roi René, c’est-à-dire celles d’Anjou, de Lorraine, de Bar, de Provence, etc., entourées du collier du Croissant, ordre fondé par ce prince en 1448. D’Espinay s’appuie ensuite sur la tradition populaire attribuant au roi de Sicile la construction du Donjon. Puis il donne une grande importance à l’ornementation en style flamboyant du XVe siècle qui caractérise le monument.

Château de Saumur (Maine-et-Loire)
Château de Saumur (Maine-et-Loire)

Pour finir, cet auteur fait état de documents recueillis par Beautemps-Beaupré et qu’il a publiés en 1879 et 1887 dans la Revue de l’Anjou, notamment. une lettre de René à la Chambre des Comptes, en date du 8 avril 1464, dans laquelle le roi ordonne de bailler une certaine somme à un ouvrier pour la réparation du château et pour la Tour neuve. D’Espinay déclare que l’expression Tour neuve s’applique à un nouveau château, oppose ce château neuf au truncus, finalement situe la construction exactement entre 1464 et 1474.

En 1589, Duplessis-Mornay fut envoyé à Saumur par Henri IV pour prendre possession de la ville. En 1593, il décida que la Place deviendrait. une forteresse importante, capable de soutenir un siège et, dans ce but, sur les plans de l’ingénieur Bartholoméo, fit entourer le donjon sur tout son pourtour et y compris une vaste cour adjacente, d’une enceinte formée de redents et de bastions.

En même temps Duplessis-Mornay faisait élever, à l’extérieur de la partie ouest de la ville, une autre enceinte de terre, commençant à 200 mètres en deçà de la tour Grenetière, enveloppant tout le faubourg Saint-Nicolas des Bilanges. Cette enceinte supplémentaire comportait cinq bastions et était dotée de deux portes. Cette enceinte disparut dès la première visite que fit Louis XIII à Saumur (5 au 9 avril 1622) après celle du 17 mai 1621, au cours de laquelle il avait enlevé à Duplessis le commandement de la Place.

Quelques semaines après le départ de Dulplessis-Mornay un incendie détruisait le logis de la garnison du château avec les magasins et les munitions (5 juin 1621). Heureusement le donjon fut épargné. Durant la Fronde le château tomba aux mains des rebelles et fut gouverné par Dumont qui, d’ailleurs, se trouva bientôt dans l’obligation de capituler et rendit la place au comte de Comminges.

Puis, pendant une longue période il ne se passe rien d’important au château qui était commandé par un lieutenant du roi assisté d’un major et d’un aide-major. Signalons cependant que le surintendant des Finances Fouquet, arrêté le 5 septembre 1661 sur l’ordre du roi, en sortant du château de Nantes, fut dirigé sur la Bastille pour y être écroué et passa successivement, au cours du transfert, le 6 septembre à Ingrandes ; le 7 au château d’Angers, où il resta trois mois, puis aux châteaux de Saumur, d’Amboise et de Vincennes où il ne fit que de courts arrêts. Fouquet ne resta qu’une nuit au château de Saumur, du 10 au 11 décembre 1661.

À la fin du XVIIe siècle, les huguenots, refusant de signer la formule d’abjuration, furent incarcérés au château de Saumur et mis au cachot. En 1745, après la bataille de Fontenoy, le roi Louis XV ayant décidé que le château deviendrait prison d’État, le lieutenant du roi, commandant, eut alors sous ses ordres, comme garnison du fort, une compagnie de vétérans de l’armée du Hanovre auxquels on laissa, en souvenir de leurs exploits, un parc d’artillerie d’honneur formé de trois grandes couleuvrines de bronze données par Richelieu au comte de Sceaux, le gouverneur qui avait succédé à Duplessis-Mornay.

Saumur : la ville et le château
Saumur : la ville et le château

Entre 1760 et 1789, le nombre des prisonniers d’État enfermés à la forteresse ne dépassa pas le chiffre de huit à dix personnes dont le comte de Sade, le sieur Lenormand d’Etioles, parent de l’époux de Madame de Pompadour, et l’amiral comte Yves de Kerguelen-Trémarec, navigateur enfermé en 1774 à la suite d’une condamnation encourue pour avoir abandonné en mer un canot et les hommes d’équipage montant ce canot.

Cependant pendant la deuxième partie de la guerre de l’indépendance américaine (1778-1783), c’est-à-dire à partir du moment où la France eut pris parti pour les treize États américains, de nombreux prisonniers de guerre furent internés à Saumur.

Durant la Révolution, les députés nantais de Fédération trouvèrent dans le château quelques prisonniers et un vénérable vieillard dont la barbe descendait. jusqu’à la poitrine. Étendu sur une chaise longue, attitude lui ayant été recommandée aux fins de se remettre d’une chute de 60 pieds au cours d’une tentative d’évasion, c’était Louis Kergus de Trosugan, détenu depuis six ans, par lettre de cachet, sous prétexte de folie. Le 9 juin 1793, le château eut pris et occupé par les Vendéens. Pendant le Directoire et le Consulat plusieurs prisonniers anglais y furent incarcérés. Le château fut déclassé après la paix d’Amiens (mars 1802).

La vieille citadelle était à ce moment en bien mauvais état, et on allait l’abattre lorsque Napoléon Ier passa à Saumur le 12 août 1808. Sa visite assura la conservation du château dont il ordonna la restauration. Peu de temps après, Napoléon, par décret impérial du 3 mars 1810, reclassait le château comme prison d’État, l’établissement ouvrant le 7 février 1814.

À la chute de l’Empire (8 avril 1814) les prisonniers furent élargis. L’occupation avait duré huit semaines et avait coûté près de 300 000 francs. L’ordonnance du 7 juillet 1814 supprima les prisons d’État, sauf deux, Saumur et Vincennes. Désaffecté en 1830, le château devint arsenal militaire jusqu’en 1890. En même temps les bâtiments de la cour adjacente étaient occupés par diverses fractions de régiments d’infanterie.

Cependant, dès 1892, le docteur Peton, maire de Saumur, songeait à récupérer le château au profit de la ville et à l’utiliser. À cette époque il associa M. Magne, inspecteur général des Monuments historiques au ministère des Beaux-Arts, à cette œuvre de restauration. Le conseil municipal autorisa le maire à passer acte avec les représentants des trois ministères intéressés (Guerre, Beaux-Arts, Finances) le 10 janvier 1906 pour traiter et acheter à l’État les bâtiments proprement dits du château. Les travaux se poursuivirent de 1906 à 1912, la Ville installant cette année-là dans une partie des locaux son musée municipal et en même temps accordait l’hospitalité, dans une autre partie, à la Société du Musée du cheval.

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