LA FRANCE PITTORESQUE
Coca-Cola Company déclare
la guerre au vin Coca Mariani
(Source : France 3 Corse Viastella)
Publié le mardi 16 mars 2021, par Redaction
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Au XIXe siècle, un Bastiais met au point un vin à la feuille de coca dont le succès est tel qu’il sera imité jusqu’aux États-Unis. Mais la prohibition s’installe et l’alcool est interdit : de là naîtra Coca-Cola. La bataille d’étiquettes commence.
 

Le vin corse Coca Mariani dans le viseur de la Coca-Cola. 1868 : c’est la date de création du nom Coca Mariani. Aujourd’hui, ce vin corse est au cœur d’une guerre internationale des marques.

Coca-Cola Company, le géant américain, s’oppose à la création de la marque Coca Mariani. Pour le président de la société insulaire, Christophe Mariani, c’est l’incompréhension. « Comment une entreprise, peu importe sa taille, s’oppose à notre nom ? Comment aujourd’hui peut-on nous demander d’enlever notre histoire, le mot le plus important, coca, sur notre bouteille ? », s’interroge-t-il.

Angelo Mariani (vers 1900), inventeur du vin Mariani à la coca du Pérou
Angelo Mariani (vers 1900), inventeur du vin Mariani à la coca du Pérou

L’invention d’un apothicaire bastiais que tout le monde s’arrache
L’histoire Coca Mariani commence il y a plus d’un siècle. En 1863, dans son laboratoire parisien, un apothicaire de Bastia met au point un vin de coca à base d’infusion de feuilles de cocaïer. Le succès est immédiat.

Président de la République, hommes d’État, écrivains de renom comme Émile Zola, Jules Verne ou Colette vantent les mérites de cet élixir miraculeux. Et les imitations se multiplient. Aux États-Unis, un certain docteur Pemberton lance le French Wine Coca.

La prohibition interdit l’alcool. Le vin est remplacé par du soda... C’est la naissance du Coca-Cola. « Il faut remettre les choses dans leurs contextes. Le docteur Pemberton a copié les vins Mariani et il s’en est même vanté de dire : J’ai copié le meilleur », raconte Christophe Mariani.

En 2014, l’actuel président de la société Coca Mariani, un autodidacte qui n’est pas un descendant d’Angelo Mariani, relance le vin de coca. Il concocte une nouvelle recette : à base de vermantinu, un cépage corse, et le précieux alcool de coca, décocaïnisé, qui arrive directement de Bolivie. L’ancien président Bolivien, Evo Morales, rencontre même Christophe Mariani, et salue cette collaboration.

Un risque de confusion ?
Mais en 2019, l’aventure s’emballe. Après avoir déposé la marque en France, la maison Coca Mariani effectue les démarches devant l’Office de l’Union européenne pour la propriété intellectuelle. Coca-Cola s’y oppose. La multinationale considère que le mot Coca de la marque Coca Mariani présente un risque de confusion.

Affiche publicitaire pour le vin Mariani réalisée en 1894 par Jules Chéret
Affiche publicitaire pour le vin Mariani réalisée en 1894 par Jules Chéret

L’avocat du vin tonique corse compte résister au géant américain. « Pour nous, le risque de confusion n’existe pas. L’histoire a montré qu’il n’y avait jamais eu de problème par le passé. Sauf qu’aujourd’hui le projet de Monsieur Mariani réactive des choses qui relèvent de l’histoire, réactive des boissons à base de feuilles de coca et on s’aperçoit que c’est Coca-Cola qui considère que c’est une problématique pour eux », estime Maître Antoine Chéron, avocat de la société Coca Mariani.

Le vin corse, ancêtre du Coca-Cola va-t-il pouvoir garder sa marque en Europe face au soda mondialement connu ? Les protagonistes attendent la décision de l’office européen de la propriété intellectuelle.

France 3 Corse Viastella
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