LA FRANCE PITTORESQUE
Félicette : le chat spationaute
aura sa statue à Strasbourg
(Source : France 3 Grand Est)
Publié le samedi 21 septembre 2019, par Redaction
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Félicette est le premier chat à être allé dans l’espace, et à en être revenu vivant. Près de 60 ans plus tard, l’ISU, International Space University à Strasbourg, lui rend hommage. Sa statue va être installée dans le hall des pionniers, juste à côté du buste du cosmonaute russe Youri Gagarine.
 

« Non, ce n’est pas un canular » : Géraldine Moser, qui suit méticuleusement l’avancée de ce projet pour le compte de l’ISU, l’université internationale de l’espace à Strasbourg précise : « Nous attendions la statue de Félicette pour ce mois de septembre. Nous aurions voulu faire coïncider son inauguration avec la cérémonie de remise des diplômes des étudiants en MSS, Master of Space Studies ».

Mais rien ne s’est passé comme prévu. Le monument tout en bronze réalisé par l’artiste britannique Gill Parker n’est pas encore prêt. L’idée de lui dédier une statue est de Mathew Guy, qui vit à Londres. Il est tombé par hasard sur l’histoire de Félicette, et il a décidé de réhabiliter sa mémoire.

Dédicace de Félicette, 18 octobre 1963

Dédicace de Félicette, 18 octobre 1963. © Crédit photo : CERMA, 1963

Mais qui est vraiment Félicette ?
Félicette est une chatte née quelque part en France au début des années 50. C’est dans une animalerie parisienne qu’elle est repérée par des salariés du Cerma - Centre d’études et de recherches de médecine aérospatiale. Direction le Sahara algérien, dans un centre ou elle suit un entraînement intensif, avec 13 autres congénères. Il s’agit de tester ses capacités à résister à l’apesanteur, au bruit des réacteurs, à des accélérations brutales. Bref : il s’agit de tester ses capacités de spationaute.

Le 18 octobre 1963 : le jour J
La légende raconte qu’en ce jour d’Octobre 1963, le candidat retenu pour cette grande aventure spatiale devait être un chat dénommé Félix. Las, Félix a pris la fuite et c’est donc une chatte qui a pris la relève. Fort logiquement, on lui a donné le nom de Félicette. Ses atouts : un caractère très calme et un poids idéal de 2,5 kg.

Félicette embarque donc à bord de la fusée Véronique AGI47, et la voici propulsée dans l’espace. 9 min 30 de vol, dont 5 en apesanteur dans une capsule envoyée par la fusée. Les électrodes implantées dans son cerveau permettent aux chercheurs de suivre son état cérébral : somnolence, perte des repères sensoriels. Puis, c’est la chute brutale, le retour sur terre. Félicette est en vie. Seule chatte à avoir fait un aller-retour dans l’espace. Commentaire du médecin-général Robert Grandpierre : « C’est en France que nous avons transmis pour la première fois des courants d’actions cérébraux (...) jusqu’à présent, on ne l’avait jamais fait. C’est pourquoi nos expériences ont été originales à ce point de vue-là. » La France veut être une nation qui compte dans la conquête de l’espace. La mission Félicette est un succès.

Félicette, tragique héroïne
Félicette aurait donc pu être célébrée et choyée comme une héroïne. Mais ce ne fut pas le cas. Félicette ne fut pas une héroïne, mais un cobaye, étudié pendant trois mois encore avant d’être euthanasiée, afin de permettre aux chercheurs de récupérer les électrodes implantées dans son cerveau. Comme elle, d’autres animaux ont été utilisés pour des vols habités dans l’espace. Le chimpanzé Ham dans la capsule américaine Mercury, ou encore la chienne russe Laïka, première chienne cosmonaute placée en orbite autour de la terre. Aujourd’hui encore, certains programmes spatiaux utilisent des animaux pour tester les capacités de résistance d’être vivants pour des voyages au long cours.

Un mémorial, parce qu’elle le vaut bien
Si la chienne Laïka ou le chimpanzé Ham sont restés dans les annales de l’exploration spatiale, Félicette elle, est tombée dans l’oubli. Plus de 50 ans après sa mort, la chatte va finalement obtenir la reconnaissance qu’elle mérite : une statue toute en bronze de 1,75 m de haut.

Une ébauche de la future statue en bronze de Félicette, postée par Matthew Guy pour lancer l'appel à financement

Une ébauche de la future statue en bronze de Félicette, postée par Matthew Guy
pour lancer l’appel à financement. © Crédit photo : Matthew Guy

« Félicette ne s’est pas portée volontaire pour cette expérience, elle a été désignée : le moins que l’on puisse faire serait de lui rendre cet hommage », explique Chris Welch, professeur en charge du Master of Space Studies à l’ISU de Strasbourg. 49 000 euros ont été récoltés au cours d’une campagne de financement participatif sur Kickstarter.

Parmi les généreux donateurs, le professeur Chris Welch. Il ne connaissait pas l’histoire de cette petite chatte. Lorsqu’il l’a découverte, il a eu envie de participer à sa réhabilitation. Après avoir apporté sa contribution financière, il s’est mobilisé pour trouver un site pouvant accueillir la statue de Félicette à Paris, auprès des différents organismes liés à la recherche spatiale. « Félicette ne s’est pas portée volontaire pour cette expérience, elle a été désignée : le moins que l’on puisse faire serait de lui rendre cet hommage » dit-il.

Finalement, c’est à Strasbourg, à l’ISU, qu’il a trouvé un écho favorable. La statue de Félicette figurera en bonne place dans le Hall des pionniers, juste à côté du buste de Youri Gagarine. Installation prévue fin 2019, ou courant 2020.

Sylvie Malal
France 3 Grand Est

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