LA FRANCE PITTORESQUE
Napoléon III, l’autre Bonaparte, enfin
au coeur d’une exposition insulaire
(Source : France 3 Corse ViaStella)
Publié le samedi 28 septembre 2019, par Redaction
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Difficile d’exister dans l’ombre de ses aînés. Surtout lorsque vous avez pour oncle Napoléon Ier. Durant 18 ans Louis-Napoléon a été à la tête du Second Empire, mais en Corse, il était délaissé par les historiens. Jusqu’au 21 décembre le Musée de Bastia lui consacre une exposition.
 

Sylvain Gregori, le directeur du Musée de Bastia, est catégorique : « Le second Empire, c’est une période d’essor économique pour la Corse. C’est également un moment où le régime impérial va donner à l’île un statut particulier dans l’imaginaire politique bonapartiste, notamment à travers les voyages impériaux. C’est par exemple l’impératrice Eugénie qui, munie d’un marteau et d’une truelle, va poser la première pierre de l’hôpital de Bastia ».

Des exemples tels que celui-là, certains bien plus significatifs encore, foisonnent au fil des salles qui sont consacrées à l’exposition Corsica Impériale, au musée de Bastia. La relation entre Napoléon III et l’île a été étroite, soutenue, et porteuse de bien des changements. Urbanisme, exploitation forestière ou encore tracé des routes, le règne de l’Empereur façonne le paysage insulaire. C’est aussi à cette époque que l’île construit son image touristique.

Naissance d’un mouvement de résistance culturel
Le catalogue de l’exposition va plus loin encore : « De nouvelles lois sont promulguées pour assurer la mise en valeur du territoire : création des pénitenciers agricoles, d’une société d’agriculture, d’une école d’agriculture, de concours agricoles, encourager les industries et les expositions, favoriser le commerce. Création de banques, d’un comptoir de la Corse, amélioration des capacités portuaires et enfin, permettre des améliorations sociales par le biais notamment du recul du banditisme et de la prohibition des armes. »

L’empereur s’entoure de notables insulaires, comme Antoine Conti. Ils importent sur l’île la langue française et la culture bonapartiste. Et c’est là que l’idylle entre Napoléon III et la Corse connaît quelques contrariétés. La culture italienne est encore très présente sur l’île, les actes sont toujours rédigés en italien, et les liens économiques avec l’Italienne restent forts, ainsi que le rappelle Sylvain Gregori : « Le processus d’intégration à la France que va impulser le Second Empire va engendrer un mouvement de résistance culturel, notamment sous la houlette du poète bastiais Salvatore Viale, et plus largement, ce qui deviendra plus tard la question identitaire corse ». Autant d’aspects largement abordés, et documentés, au musée de Bastia, jusqu’au 21 décembre prochain.

Une longue marche vers le trône
Après les morts de Napoléon-Louis en 1831, et de Napoléon II, roi de Rome, en 1832, le futur Napoléon III était devenu l’héritier du trône. En 1836 à Strasbourg, et en 1840 à Boulogne-sur-Mer, deux premières tentatives de coups d’État, échouent lamentablement. Il effectue son retour sur la scène politique grâce à la révolution de 1848, qui met fin à la monarchie de Juillet. Il se fait élire représentant du peuple. Tout va s’accélérer subitement.

En septembre, il est élu député. Et en novembre, à la suite de la promulgation de la Constitution de la IIe République, il se déclare candidat à l’élection présidentielle, la première qui se déroule au suffrage universel masculin. Le 20 décembre, il est élu président, avec 74,2 % des voix, et l’influence manifeste, bien que paradoxale, de sa parenté avec l’Empereur. Il est âgé de 40 ans.

Louis-Napoléon Bonaparte, élu président de la République le 10 décembre 1848. Illustration parue dans L'Illustration du 23 décembre 1848

Louis-Napoléon Bonaparte, élu président de la République le 10 décembre 1848.
Illustration parue dans L’Illustration du 23 décembre 1848

Au terme de mois d’affrontements, qui tournent à l’épreuve de force, avec l’Assemblée, Louis-Napoléon lance son coup d’État, le 2 décembre 1851, jour anniversaire du sacre de Napoléon Ier, et de la victoire d’Austerlitz. Un an après, le 2 décembre 1852, Louis-Napoléon Bonaparte est sacré empereur.

Il régnera sur la France jusqu’en 1870. Sa défaite à la bataille de Sedan, durant la guerre de Prusse, marquera la fin du Second Empire. Il est fait prisonnier, et interné en Prusse. Après que Bismarck aura mis fin à sa captivité, en mars 1871, il rejoindra son fils et son épouse, Eugénie, en Angleterre, où ils s’étaient réfugiés. Le 9 janvier 1873, Louis-Napoléon meurt, à l’âge de 65 ans, des suites de violentes crises urinaires. 60 000 personnes viendront se recueillir devant sa dépouille.

Renseignements pratiques
Exposition Corsica Imperiale - Napoléon III et la Corse (1851 - 1870)
Musée de Bastia — Palais des Gouverneurs — Place du Donjon — La Citadelle — 20200 BASTIA
Jusqu’au 21 décembre 2019
Site Internet : http://musee.bastia.corsica/fr/expositions-temporaires/exposition-temporaire-en-cours-2073.html
Tél. : 04 95 31 09 12

Sébastien Bonifay
France 3 Corse ViaStella

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