LA FRANCE PITTORESQUE
Navires bâtis en moins de 24 heures
à la demande de Colbert en 1679
(D’après « Revue maritime et coloniale » paru en 1872,
« Le Magasin pittoresque » paru en 1873 et « La Correspondance
littéraire : critique, beaux-arts, érudition » du 25 novembre 1864)
Publié le lundi 15 juillet 2019, par Redaction
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Fin 1670, la question à l’ordre du jour dans tous les ports était d’arriver à la plus grande vitesse de fabrication pour les navires, et Colbert voulait à tout prix donner à Louis XIV le spectacle de la construction et de la mise à l’eau d’un vaisseau pendant le séjour du roi dans un des ports de France. À la fin de la décennie, une galère fut construite en une journée, puis une frégate en sept heures...
 

On sait quels services Colbert rendit à la marine et avec quelle ardeur, dès son entrée au ministère, il contribua à la création d’une force maritime imposante. Peu d’années lui avaient suffi pour reconstituer, à côté de l’armée de terre, une flotte qui, en 1666, permit à la France, alliée à la Hollande, d’affronter la puissance de l’Angleterre.

Mais son ambition était de rendre le roi témoin des travaux de toute nature exécutés dans les ports. Louis XIV, qui avait les regards tournés vers la Hollande que Louvois lui désignait comme une proie facile, avait promis cependant de visiter ses arsenaux. Colbert, préoccupé de ce voyage, dont le roi pouvait prendre la résolution si précipitamment qu’on n’aurait pas le temps de faire des préparatifs, désirait offrir au monarque un spectacle tout nouveau pour lui.

Les Vénitiens avaient fait bâtir une galère en vingt-quatre heures en présence de Henri III lorsqu’il passa en juillet 1574 par Venise à son retour de Pologne, et les habitants d’Amsterdam, pendant la guerre de 1666 contre l’Angleterre, avaient offert, si on leur donnait trois mois d’avance, de fournir, après ce temps expiré, tous les jours un vaisseau prêt à mettre en mer.

Galère vénitienne de la bataille de Lépante (octobre 1571)

Galère vénitienne de la bataille de Lépante (octobre 1571)

Voici ce que Colbert, qui a lui-même rappelé ces détails dans un mémoire sur la marine, écrivait le 17 octobre 1670 à Nicolas Arnoul, intendant des galères à Marseille depuis 1665 : « Il serait bien nécessaire que vous eussiez toujours le bois d’une galère en botte pour la pouvoir construire en vingt-quatre heures de temps, en cas que le roi résolût d’aller à Marseille dans l’année prochaine.

« Et comme Sa Majesté en parle toujours, et qu’elle en prendra peut-être la résolution un jour si précipitamment que nous n’aurons pas assez de temps pour faire les préparatifs nécessaires pour cela, je vous prie de tenir toujours toutes choses en état de le pouvoir faire ; il serait même bien à propos que vous fissiez faire ce travail en votre présence, un jour que vous aurez moins d’affaires et que tous vos travaux seront en état, que vous pourrez faire cette tentative sans rien préjudicier au service, Je serais bien aise même que cette expédition se fît en la présence de mon fils, afin qu’elle pût servir à son instruction. »

Colbert voulait plus encore faire construire à Rochefort un vaisseau en une semaine. L’intendant de la marine, Charles Colbert du Terron, son cousin, lui ayant adressé quelques observations à cet égard, le ministre lui écrivait le 30 novembre 1670 : « Quoique vous trouviez de la difficulté à bâtir un vaisseau en une semaine, en présence du roi, il faut néanmoins faire votre possible pour y parvenir, ou au plus en quelques jours davantage (...). C’est une entreprise digne de vous, il faut vous échauffer pour y réussir si cela se peut, en douze jours, ou quinze jours. »

L’intendant de la marine à Toulon, Monsieur de Matharel, reçut les mêmes instructions dans une lettre du 2 janvier 1671 : « Il faut, dès à présent, travailler à préparer toutes les pièces de bois qui entrent dans la construction d’un vaisseau, afin que lorsque le roi ira à Toulon, qui sera assurément ou dans l’année où nous sommes, ou dans le commencement de la suivante, vous puissiez faire commencer et achever un vaisseau en sa présence, pendant les dix ou douze jours qu’il y sera... »

De Matharel promit d’y satisfaire, et Colbert lui répondait à son tour dans une lettre du 6 février suivant : « Je suis bien aise que vous espériez venir à vout de bâtir un vaisseau devant le roi. Travaillez avec soin à vous y préparer (...), et ensuite faites faire une expérience en votre présence, afin d’être plus assuré d’y réussir. Il serait à souhaiter que ce pût être au moins une frégate de 45 à 50 pièces de canon ; mais si vous ne le pouvez faire que d’une de 26 à 30, il suffira. »

Malgré ces espérances données, l’entreprise paraissait rude. L’intendant de Rochefort y renonça. Colbert, qui avait de l’amitié pour lui, en prit son parti et lui demanda seulement de tout préparer pour gréer et équiper un vaisseau. « Il faut disposer toutes choses dans le magasin particulier de l’un des grands vaisseaux, le faire voir au roi un matin tout nu et le mettre, en une journée de temps, en état d’être mis à la voile (...). Je crois que, au défaut du bâtiment, ce sera une chose assez belle à lui faire voir. »

Tout cela fut peine perdue. Le roi n’alla ni à Marseille, ni à Toulon, ni à Rochefort ; mais la surprise que voulait lui ménager son ministre n’avait rien de commun avec ces exhibitions que les courtisans de Catherine II préparèrent plus tard, par une mise en scène si habile, dans son voyage de Crimée ; et lorsque, peu de mois après, Louis XIV partit pour la conquête de la Hollande, la flotte française, avant que le roi eût passé le Rhin, avait déjà livré aux Hollandais commandés par Ruyter la bataille meurtrière de Solebay (7 juin 1672).

Colbert, qui sentait grandir l’influence de Louvois, n’avait pas cependant renoncé à ses projets, et en donnant avis à Pierre Arnoul — fils de Nicolas Arnoul mort en 1674 et intendant de la marine de Toulon —, le 3 août 1678, d’un voyage du roi sur les côtes de son royaume, après la conclusion imminente de la paix — la paix de Nimègue fut conclue le 10 août 1678 —, il lui rappela son désir de faire bâtir en présence de Louis XIV, en trois ou quatre jours de temps, un vaisseau de 30 pièces de canon. L’intendant de Marseille, Brodart, reçut, le 26 du même mois, l’ordre de tout préparer pour monter une galère en vingt-quatre heures. « Prenez bien garde de ne vous pas laisser persuader que c’est une chose impossible », écrit-il à l’un. « Vous cherchez toujours des raison de ne rien faire », dit-il à l’autre, « et vous commencez à vous préparer de mauvaises excuses lorsque vous n’avez pas exécuté les ordres que je vous donne. »

Jean-Baptiste Colbert. Illustration publiée dans The Gallery of Portraits : with memoirs (Tome 4) paru en 1835

Jean-Baptiste Colbert. Illustration publiée dans The Gallery of Portraits :
with memoirs
(Tome 4) paru en 1835

Brest n’est pas non plus oublié : là il ne s’agit, il est vrai, que d’armer un vaisseau de 50 canons ; mais Colbert surveille l’opération avec une coquetterie toute particulière : depuis le goudronnage à la manière anglaise, « plus propre que celle dont on se sert ordinairement », jusqu’aux détails les plus minimes de l’habillement des matelots, des officiers inférieurs et des soldats, tout est prévu. Quant à ces derniers, dit-il, « il sera même bon que vous leur ordonniez de laisser venir une grosse barbe, cela servant beaucoup à parer un soldat.

En septembre 1678, Colbert écrivait une fois encore à Pierre Arnoul : « Le principal soin que vous devez avoir à présent est de choisir les plus belles pièces de bois et les plus longues pour la quille, l’étrave et l’étambot, parce que vous devez faire état de monter ce vaisseau de toutes ses pièces en présence de Sa Majesté, surtout prenez garde que toutes les pièces soient passées au rabot, et qu’elles le soient en effet si vous l’estimez nécessaire ; vous avez suffisamment de temps pour faire le tout sans vous presser, appliquez-vous toujours à choisir les plus belles pièces de bois et à les mettre à part, et faites-en chercher partout pour faire travailler ensuite avec un très grand soin à les gabariter [façonner une pièce de bois conformément aux indications du gabarit], observez autant qu’il vous sera possible de faire tous les membres chacun d’une seule pièce de bois, et s’il est possible faites en sorte de les faire de moins de pièces qu’il se pourra.

« Lorsque toutes les pièces de ce vaisseau seront entièrement achevées, il faudra que vous le fassiez monter deux, trois ou quatre fois en votre présence, et que vous ne vous étonniez pas si dans les premières fois les charpentiers sont longtemps, parce que dans l’usage ils s’apprendront à le monter le temps nécessaire et même plus promptement. »

Mais si une nouvelle déconvenue attendait le ministre, le voyage du roi n’ayant pas lieu, l’exploit consistant à construire promptement un bâtiment n’en fut pas moins réalisé : d’abord une galère à Marseille le 10 novembre 1678 de 7 heures du matin au lendemain matin 9 heures ; ensuite une frégate à Toulon, le 13 juillet 1679 en sept heures de temps. Dans une lettre en date du 14 juillet, adressée à Colbert, Pierre Arnoul s’exprime ainsi au sujet de cette prouesse :

Je m’étais donné l’honneur de vous faire savoir, Monseigneur, par l’ordinaire dernier que tout était prêt pour faire l’épreuve de la frégate, et comme elle fut faite hier, c’est de quoi j’ai à vous rendre compte aujourd’hui. J’espère que vous en serez satisfait, vu que ce vaisseau (qui est de 103 pieds de longueur, de 25 de large et de 13 pieds de creux, avec deux ponts, et un gaillard, et qui pourrait porter jusqu’à 40 pièces de canon si l’on faisait des sabords au milieu, sur le second pont) fut entièrement achevé dans moins de sept heures. Jamais on a vu d’ardeur pareille à celle des ouvriers, et les maîtres qui ont conduit l’ouvrage avaient une telle émulation qu’ils faisaient à l’envi des uns des autres au delà de ce qu’on peut s’imaginer, comme je crois que vous serez bien aise, Monseigneur, de saavoir quel était l’ordre que j’avais établi pour cet effet.

« J’aurai l’honneur de vous dire que la halle a secondé mes espérances, dans les secours que je prétendais en retirer pour faire une extrême diligence ainsi que je m’étais donné l’honneur de vous l’écrire, je m’en suis servi pour y établir tout autour des échafauds sur lesquels toutes les pièces étaient parfaitement bien distinguées, et j’y avais aussi dispersé toutes les choses qui étaient nécessaires pour ce travail, en sorte que les ouvriers, sans sortir de leur place, trouvaient généralement tout ce qu’il leur fallait, et qu’ils ne faisaient qu’appliquer leurs pièces. J’avais de plus fait descendre du haut de cette halle un fort grand nombre de palans qui me soutenaient aussi beaucoup de pièces, et dont les ouvriers se sont servis très utilement pour remuer les membres et les mettre à leur place, et cette seule disposition sans parler de l’avantage qu’elle a produit pour la diligence était une chose très curieuse et fort agréable à la vue.

« Je crus pour diligenter le travail que je ne pouvais mieux faire que de partager tout l’ouvrage entre les quatre principaux maîtres de ce port, tant pour leur donner de l’émulation, que pour cuiter la jalousie qu’ils auraient eue si l’un d’eux les avait commandés, et qu’ils eussent eu à répondre en cette occasion à d’autre qu’à moi, ainsi je n’avais donné à M. Coulomb qui a bâti cette frégate qu’un seul côté du navire, M. Chapelle en avait un autre, M. Coulomb le fils avait le fond de cale, et j’avais donné les ponts à faire à toute la famille des Audiberts, qui est composée de deux frères et de deux fils qu’ils ont.

Galère du temps de Louis XIV. Chromolithographie de la série Art et histoire militaires (par Louis Geisler) publiée vers 1895

Galère du temps de Louis XIV. Chromolithographie de la série
Art et histoire militaires (par Louis Geisler) publiée vers 1895

« J’avais ensuite fait habiller les gens de chacun d’eux d’une manière différente, en sorte que tous les ouvriers étaient partagés en quatre divisions, dont la première était celle de M. Coulomb, avec le caleçon et la chemise bleue, la seconde que M. Chapelle commandait était toute blanche, celle de M. Coulomb le fils avait la chemise blanche et le caleçon bleu, et celle de M. Audibert le caleçon blanc et la chemise bleue. Chacune de ces divisions était ensuite partagée en huit escouades, dont chacune avait un chef particulier, et qui se distinguaient entre elles par le moyen d’un ruban de couleur différente. Ces escouades étaient de vingt hommes chacune, sans compter le chef, à savoir de seize charpentiers et de quatre perceurs, et ceux-ci se distinguaient des autres en ce qu’ils avaient une massebeuf avec une gibecière pour y tenir des clous et leurs verrunes.

« Toutes ces distinctions et ces couleurs différentes et le partage qu’on avait fait entre eux leur donnait une si grande émulation a qui finirait le plus tôt son quartier, et la grande facilité qu’ils trouvèrent à l’ouvrage leur donna tant de courage, qu’après avoir vu ce qu’ils avaient fait pendant les deux premières heures, ceux qui avaient été mis d’abord dans le travail pour commencer l’ouvrage ne voulurent point être relevés, et protestèrent qu’ils ne mangeraient point que tout ne fût fini. En effet, la plus grande partie de ces ouvriers eurent achevé devant que d’avoir ni bu ni mangé.

« Cependant les escouades de chaque division qui se reposaient pressaient incessamment pour qu’on les mît dans le travail, et voyant que les autres ne voulaient point leur céder la place ils s’en allèrent enfin d’impatience se ranger d’eux même sous leurs chefs, et l’on eut toutes les peines du monde d’obliger les plus fatigués à se reposer. Cette ardeur n’a point empêché que cet ouvrage ne se soit achevé avec tout l’ordre et le bonheur possible, en ce qu’il n’y a pas eu seulement une pièce qui ait éclaté et pas un seul homme qui ait eu la moindre égratignure.

« J’avais avec moi quatre commissaires, à savoir les sieurs Hayet, Jonville, Dumait et Talon, qui ont très bien fait leur devoir, s’étant trouvés partout avec les quatre maîtres avec qui je les avais placés afin de pourvoir à tout avec plus de diligence, supposé qu’il eût manqué quelque chose qu’on n’eût pas prévu, et j’avais pareillement choisi huit écrivains dont il y en avait deux qui avaient rapport à chaque maître et dont je me servais pour savoir l’état du travail à tous moments, et pour envoyer dire aux maîtres ce que je trouvais nécessaire.

« Je ne puis, Monseigneur, assez vous louer les quatre maîtres qui ont conduit cet ouvrage. Je savais bien que M. Coulomb était très habile en son métier et qu’il était plus sûr qu’aucun autre pour la bonté et la délicatesse de ses vaisseaux qui se sont toujours trouvés parfaitement bons, mais je ne le croyais pas si actif et si vigilant que je l’ai trouvé. Pour M. Chapelle c’est là son caractère et c’est assurément un homme d’un très grand secours dans un port comme celui-ci. Le fils de M. Coulomb a fait au delà de ce qu’on pouvait s’imaginer dans cette occasion, vu qu’il avait achevé tout son fond de cale devant huit heures du matin. Ce jeune homme en saura encore plus que son père en ce qu’il est extrêmement agissant et qu’outre la pratique il s’attache aux desseins, et c’est ce que je fais apprendre aussi au fils de M. Chapelle, de sorte que ces jeunes gens ayant cette qualité par dessus leurs pères en sauront beaucoup plus qu’eux, quand ils auront autant de pratique et ne feront rien que par mesure.

« Ce jeune Coulomb, Monseigneur, est dès à présent très habile, capable de bâtir des vaisseaux, et il n’a pas moins fait que son père pour la conduite de cette frégate, ce qui fait que je lui ai promis sur l’instance qu’il m’en a faite de vous supplier très humblement de vouloir bien le mettre sur l’état comme les autres maîtres. Les Audiberts n’en ont pas moins bien fait leur devoir que les trois autres en cette occasion et ils ont deux fils qui sont déjà aussi habiles qu’eux. Je crois, Monseigneur, que vous ne trouverez pas mauvais que je m’étende un peu sur leurs louages, ve que je crois leur devoir cette justice après ce qu’ils viennent de faire, et si vous aviez la bonté de leur accorder à tous une gratification cela augmenterait leur ardeur quand il faudra monter ce vaisseau devant le roi.

L'Hercule, frégate de 1705 comportant 58 canons, en ordre de bataille. Dessin (colorisé ultérieurement) de Pierre Ozanne (1737-1813)

L’Hercule, frégate de 1705 comportant 58 canons, en ordre de bataille.
Dessin (colorisé ultérieurement) de Pierre Ozanne (1737-1813)

« Je leur ai dit, Monseigneur, que votre intention était qu’on le démontât présentement et que vous m’aviez donné ordre d’en mettre toutes les pièces dans l’eau, mais je crois vous devoir dire avant de l’exécuter que ce n’est pas leur sentiment, parce que le bois s’enflera et que les pièces prendraient un autre tour que celui qu’elles doivent avoir. Ils croient que ce vaisseau se conservera beaucoup mieux sous la halle en y mettant des tentes et des voiles de chaque côté, et de cette manière il se trouvera beaucoup plus paré pour être démonté et remonté devant le roi, dans le bassin où la frégate doit être mise à la perfection duquel je vais m’attacher doublement. Je suis avec tout le respect et la fidélité possible, Monseigneur, votre très humble, très obéissant et très obligé serviteur. Signé ARNOUL. »

On put lire dans la Gazette de France du 29 juillet 1679 le récit suivant se rapportant à l’assemblage de cette frégate : « Il y a quelques jours, le sieur Arnoul fils fit bâtir à Toulon un vaisseau. Toutes choses avaient été si bien disposées, et les sept cents ouvriers qui furent employés à cet ouvrage y travaillèrent avec tant d’ordre et de diligence, que le vaisseau fut achevé en sept heures, quoiqu’il ait cent pieds de long, qu’il soit percé pour quarante pièces de canon, et qu’il ait plus de deux mille cordages. »

C’est probablement à cette même expérience qu’il faut rapporter le passage suivant d’une lettre de Seignelay, secrétaire d’État, au chevalier de Valbelle, lieutenant de l’amirauté qui commandait la marine de Toulon : « J’ai été bien aise d’apprendre, par la lettre que vous m’avez écrite le 14 [juillet] de ce mois, que la frégate qui doit être bâtie en présence du roi a été assemblée en sept heures de temps, et que vous avez été présent au travail. J’en ferai faire une seconde épreuve lorsque j’irai en Provence. »

Enfin, si Pierre était parvenu à contenter le ministre, il en fut de même de Brodart ; car la Gazette de France s’exprime ainsi dans son numéro du 11 novembre 1679 : « Le sieur Brodart, intendant des galères à Marseille, y a fait bâtir une galère dans l’espace de dix heures et demie. Le marquis de Seignelay, secrétaire d’État, étant arrivé à l’arsenal à six heures du matin, à peine y fut-il entré que le sieur Brodart fit paraître d’un coup de sifflet huit cents ouvriers qui commencèrent à bâtir une galère.

« Ils étaient de plusieurs métiers, tous distingués par des habits différents, afin qu’ils se pussent reconnaître en travaillant et qu’il n’y eût point de confusion. Ils commencèrent à travailler à six heures et demie du matin, et à cinq heures du soir, la galère étant achevée et équipée, le maréchal duc de Vivonne, le marquis de Seignelay et le chevalier de Noailles, lieutenant général des galères, montèrent dessus et allèrent jusqu’au château d’If. »

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