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Avoir la gueule de bois
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Publié le vendredi 30 juillet 2021, par Redaction
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Être malade parce qu’on a trop bu
 

Au lendemain d’une soirée trop arrosée, certains festoyeurs ont à leur réveil ce que l’on appelle « la gueule de bois ». Mais d’où vient cette curieuse formule ?

Ils vivent ce soir comme si c’était le dernier. Lâchent prise, festoient, dansent sans se soucier du qu’en-dira-t-on. Balayant d’un revers de main, leur tête du lendemain. Ce soir, tous les poisons et plaisirs alcoolisés sont permis. Quitte à se saouler et se réveiller quelques heures plus tard avec la tête comme dans un entonnoir. Ou plutôt, avec « la gueule de bois ».

Quelle est l’histoire d’une expression qui, si tant est qu’elle ne soit pas sortie de l’imagination d’un écrivain, trouve ses racines dans la poésie. La gueule (du latin gula signifiant gosier, gorge), de bois, (probablement issu de l’ancien bas francique bosk signifiant buisson), remonterait au XVIIIe siècle, note Georges Planelles dans son livre Les 1001 expressions préférées des Français. Elle serait née d’une comparaison ou du moins, d’une métaphore décrivant la sensation de bouche sèche après avoir consommé de l’alcool pareille à celle de la texture du bois, rêche et âpre. Un parallèle étonnant ? Pas vraiment.

La gueule de bois ou la xylostomiase
Les illustres buveurs de la nuit peuvent en témoigner. Le réveil au lendemain d’une soirée trop alcoolisée commence toujours de la même façon : par une odieuse impression de sécheresse dans la gorge du fait d’une déshydratation. Un sentiment étrange que le jeune Rimbaud décrivait très bien dans sa Lettre du voyant : « L’ivresse, c’est le dérèglement de tous les sens. »

Sartre, Mauriac, Marcel Aymé... Les hommes poétiques amoureux de la boisson ont en effet été nombreux à faire part de leurs méditations dans un verre ou dans un encrier. Alfred de Musset réfléchissait par exemple dans des chopes de punch et de bière, Baudelaire, dans le haschich ou le vin, drogues qu’il désignait sous le nom de « paradis artificiels » et Edgar Allan Poe, dans l’alcool qui réveillait le « diable » sommeillant en lui. Mais ne nous noyons pas en réflexions et revenons à notre gueuleton !

L’expression « gueule de bois », d’abord employée pour qualifier les sensations d’une grande consommation d’alcool, s’est peu à peu déplacée dans le langage courant pour caractériser les symptômes d’une « mauvaise cuite ». Une gueule de bois que l’on peut autrement croiser sous le nom de xylostomiase. Appellation aussi savante qu’étonnante, qui ne manquera pas de ravir les honteux buveurs et les langues de bois pour cacher leur état d’ivresse du matin...

Alice Develey
Le Figaro

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