LA FRANCE PITTORESQUE
Musée Rodin de Meudon :
lieu magique où le sculpteur
a vécu et travaillé
(Source : France Télévisions)
Publié le samedi 9 juin 2018, par Redaction
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C’est dans l’intimité de Rodin qu’on pénètre en visitant le Musée Rodin de Meudon, où le grand sculpteur a vécu et créé les 23 dernières années de sa vie. À quelques pas de Paris, le lieu est noyé dans la verdure, surplombant la capitale. On y retourne toujours avec plaisir, et cette année quelques petites nouveautés vous y attendent. D’autres sont à venir.
 

Si vous ne connaissez pas le Musée Rodin de Meudon, une visite s’impose dans ce lieu magique entouré de verdure, tout près de Paris. Quand Auguste Rodin (1840-1917) s’est installé à Meudon en 1893 (il a loué la propriété deux ans avant de l’acquérir en 1895), le cadre était plus champêtre, comme nous montrent des photos où on voit l’artiste avec ses chiens dans de hautes herbes, avec des cygnes ou même à côté d’une vache. Il y avait aussi des chevaux et des poules dans les trois hectares de terrain de la propriété.

Un lieu hors du temps
Les hautes herbes de ce qu’on appelle toujours le « pré » sont maintenant une grande pelouse. Mais la situation sur le haut d’une colline, qui plus est inconstructible en raison des galeries d’où on extrayait la craie (le fameux blanc de Meudon), en font un endroit hors du temps.

La villa des Brillants, la maison d'Auguste Rodin à Meudon (Hauts-de-Seine)

La villa des Brillants, la maison d’Auguste Rodin à Meudon (Hauts-de-Seine)

D’autres photos nous montrent Rodin en train de manipuler de petits plâtres. Car à Meudon, on est au cœur de la création de celui qui fut un des plus grands artistes de son temps : c’est là qu’il a travaillé aux chefs-d’œuvre de la fin de sa vie, la Porte de l’enfer, les Bourgeois de Calais, le Balzac. Même s’il se rendait régulièrement à Paris, il a aménagé à Meudon des ateliers dans des bâtiments annexes où travaillaient mouleurs, ouvriers et secrétaires. Sur l’herbe qui longe l’allée d’entrée, de nouveaux bronzes ont été installés. À côté du Monument à Victor Hugo, à l’ombre d’un arbre aux longues branches horizontales qui dialoguent avec le bras tendu du poète, on peut admirer un Baiser et une Muse Whistler.

Les travaux sur colonne dans l’ancien atelier de la villa des Brillants
On passe d’abord par la villa des Brillants, où Rodin habitait avec Rose Beuret : au rez-de-chaussée de cette bâtisse rose et carrée, on peut voir le petit salon et la salle à manger où il recevait ses amis. La chambre à coucher, au premier étage, où l’artiste dormait sous les yeux d’un grand Christ en croix récupéré dans une église, n’est ouverte au public que lors des Journées du patrimoine, en raison de l’étroitesse de l’accès.

Une véranda attenante à la villa a servi d’atelier au début mais elle a été rapidement trop petite. Quelques plâtres y sont présentés, dont certains qui illustrent son travail sur colonne, notamment une tête penchée de Madame Fenaille. « Ce ne sont pas simplement des présentoirs, ça fait partie de l’œuvre. Rodin est le premier qui intègre la colonne dans l’œuvre d’art, le support et l’œuvre ne font qu’un », explique Clémence Golberger, la responsable de la communication du Musée Rodin.

Quelques antiques sont exposés dans deux vitrines et un lit monumental trône au fond de la pièce. Pour la petite histoire, il n’a jamais servi comme lit : « Il servait à ranger les sculptures humides, enveloppées dans un linge mouillé, car le chien de Rodin savait qu’il n’avait pas le droit d’y monter », raconte Clémence Goldberger.

Le pavillon de l’Alma, transporté puis reconstruit
Juste à côté de la villa des Brillants se dressait le pavillon de l’Alma : en 1900, Rodin a une grande exposition personnelle en marge de l’Exposition universelle, dans un pavillon construit spécialement, place de l’Alma. L’année suivante, il fait démonter le bâtiment et le réinstalle à Meudon. Il le colle littéralement à la maison pour pouvoir passer d’un bâtiment à l’autre. Le pavillon devient un atelier et le lieu où il montre ses œuvres à ses invités. En effet, à Meudon Rodin recevait des musiciens, des écrivains, des hommes politiques, des artistes, notamment des jeunes.

Car il imaginait déjà à Meudon un musée didactique à l’intention de ces derniers. Mais quand il s’est agi d’en créer un après sa mort, le pavillon était en très mauvais état. Il a été complètement reconstruit et, comme il bouchait la vue, c’est un peu plus loin qu’il se dresse aujourd’hui, grâce à un don de 700.000 francs d’un collectionneur américain, Julius Mastbaum.

Rodin au milieu de sa collection d'antiques vers 1910. Photographie de Albert Harlingue

Rodin au milieu de sa collection d’antiques vers 1910.
Photographie de Albert Harlingue. © Crédit photo : Musée Rodin

Des dizaines de bras et de jambes à assembler
Soumis aux lumières changeantes des heures de la journée, de nombreux plâtres y sont exposées sur un plancher au centre, illustrant les différentes étapes de la création. Ainsi on voit comment Balzac, petit et nu, a été progressivement habillé et a pris de l’ampleur. À un bout, les Bourgeois de Calais font face, à l’autre, à une Porte de l’enfer.

Des vitrines montrent comment Rodin travaillait en assemblant des pièces : bras et jambes identiques sont sagement alignés. « Vous avez ici la plus belle collection de mains », souligne Clémence Goldberger. « Quand il fait faire un moulage, il le fait tirer en de nombreux exemplaires. Il a des meubles avec des tiroirs pleins de dizaines de jambes, de bras, de pieds, de têtes. Et après il peut les assembler les uns avec les autres », explique-t-elle. « Comme la sculpture c’est long, c’est difficile, c’est froid, c’est mouillé, c’est fatigant, il fait des réserves comme un écureuil avec ses noisettes. »

On voit comment il peut réutiliser la même tête en plâtre sur différentes figures. Dans une autre vitrine sont présentées les premières toutes petites études en terre pour le Balzac où on remarque déjà l’attitude, la posture de ce qui deviendra une de ses plus grandes œuvres.

Le père de l’installation moderne
Rodin est le père de l’installation moderne, souligne Clémence Golberger, qui nous montre l’hommage à Puvis de Chavannes, une espèce d’assemblage d’éléments hétéroclites.

« Rodin est l’artiste le plus célèbre de sa génération, alors forcément il a plein de commandes, et il faut bien les honorer pour gagner un peu d’argent. Mais ça l’ennuie terriblement. Comme il veut garder sa liberté d’artiste, il fait des propositions qui ne sont pas du goût du commanditaire. Là, il prend sa table de cuisine, il la moule, il empile des bouts de chapiteaux qui traînent, et il flanque la tête de Puvis de Chavannes là-haut. Comme c’est très monolithique, il crée une tangente : il sort dans le jardin, prend une branche de pommier, la moule avec les pommes et les feuilles. » Il y ajoute un Génie. Le projet n’a pas été accepté mais pourrait avoir inspiré une Table surréaliste de Giacometti.

Un espace dédié à la technique et un espace tactile
Un espace dédiée à la technique de la sculpture occupe maintenant un coin du fond du pavillon : dans des vitrines sont rassemblés tous les outils du modelage, du moulage, de la taille de pierre, de la fonte... De petits films expliquent les différentes techniques.

L'hommage à Puvis de Chavannes d'Auguste Rodin, à Meudon

L’hommage à Puvis de Chavannes d’Auguste Rodin, à Meudon.
© Crédit photo : Valérie Oddos / Culturebox / France Télévisions

Auguste Rodin est enterré dans le jardin devant le pavillon avec Rose Beuret, décédée quelques mois avant lui. Il venait de l’épouser alors qu’elle était sa compagne depuis plus de 50 ans. Leur tombe est surmontée d’un Penseur qui domine la Seine et Paris.

Le Musée Rodin de Paris propose maintenant dans le jardin un « espace tactile », où on peut apprécier du bout des doigts la tension des muscles, la torsion d’une épaule ou la ligne des corps de trois reproductions de sculptures en résine.

Bientôt un « atelier d’antiques »
A partir de l’automne, au moment des Journées du patrimoine, un nouvel espace sera ouvert au public, dédié à la collection d’antiques de Rodin. Il sera installé dans un grand hangar éclairé par des verrières. Un beau volume longé par des mezzanines et un escalier en bois où le sculpteur, déjà, à son époque, exposait sa collection de sculptures égyptiennes, gréco-romaines et médiévales.

Par ailleurs, le Musée Rodin développe son action en direction des enfants, dans une maison proche où un artiste en résidence travaille avec les jeunes. Plusieurs enfants ont créé un chien qui est présenté dans le jardin du musée. L’établissement se veut ainsi un lieu ouvert sur la création d’aujourd’hui.

Le musée Rodin de Meudon est accessible en bus depuis le métro mairie d’Issy ou la station de RER C de Meudon-Val-Fleury. Mais si vous n’êtes pas pressé, vous pouvez prolonger le moment hors du temps en repartant par le chemin de Saint-Cloud (il prolonge le sentier des Pucelles, à gauche au bout de l’allée Gambrinius). Cette voie en terre descend la colline, entre les arbres, vers Issy et la station de tramway des Moulineaux. Si ce n’étaient quelques canettes et quelques tags, on se croirait à la campagne.

Renseignements pratiques :
Musée Rodin — 19 avenue Auguste Rodin — 92190 Meudon
Site Internet : http://www.musee-rodin.fr/fr/meudon

Valérie Oddos
France Télévisions
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