LA FRANCE PITTORESQUE
La police des Lumières
(par Nicolas Vidoni)
Publié le lundi 4 juin 2018, par Redaction
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Vers la fin du XVIIe siècle et tout au long du XVIIIe, le très large éventail des tâches incombant à la police rappelle combien elle n’était pas entendue uniquement dans un sens de contrôle et de répression des populations, à l’instar de ce qui fut pratiqué à partir du XIXe, quand le sens du mot commença à se « rétrécir »
 

Les forces de police entretiennent une histoire d’amour et de haine avec les populations qu’elles doivent servir et encadrer. Portées aux nues lorsqu’elles protègent, elles sont en partie rejetées lorsqu’elles contraignent. Cette dualité ne date pas d’hier ; pour mieux la comprendre, Nicolas Vidoni propose un essai sur la naissance et le développement des « politiques policières » pratiquées par les agents de la lieutenance de police de Paris entre 1667 et 1789 : la première synthèse sur la police d’Ancien Régime, acteur essentiel de la construction de l’État.

Dès le Moyen Age, La police avait été pensée comme l’un des piliers de la souveraineté du roi. Elle s’imbriquait de la sorte étroitement dans les actions que l’État pouvait menser en vue d’assurer ce qui était appelé le « bien commun », alors qu’elle était en réalité principalement aux mains des dirigeants des villes qui devaient maintenir le bon ordre et la salubrité.

La police des lumières, par Nicolas Vidoni. Éditions Perrin

La police des lumières, par Nicolas Vidoni. Éditions Perrin

Pour ces raisons, et plus généralement, l’idée de « police » renvoyait à l’état idéal dans lequel une société était naturellement régulée et fonctionnait selon le principe de l’inégalité des individus et des groupes sociaux. Elle était ainsi à la fois l’état social hiérarchisé en ordres et en classes qui restait l’horizon à atteindre, et le moyen pour y parvenir. C’est dans ce cadre que la notion se complexifia, puisque la police devint un enjeu de compétition entre différents pouvoirs. La monarchie prétendit petit à petit prendre part à son exercice, et développa à la fois des argumentaires théoriques et de nouvelles pratiques de terrain pour se l’approprier et concurrencer les autorités urbaines sur une portion de l’exercice du gouvernement des villes.

Forte de sa « capacité à agir » dans et sur l’espace urbain, la lieutenance a en effet réussi à s’imposer comme un des acteurs majeurs dans la ville d’Ancien Régime. Comprendre la police exercée par cette dernière revient donc à envisager une expérience forgée au contact de la ville capitale et sa population et qui remodèle finalement l’Etat royal. Cette histoire est enfin d’une grande modernité, puisque si les termes ont changé, la question du rapport entre police et population dans la cité reste d’une brûlante actualité. Mais au-delà de cette dimension politique — entendue au sens large — de la lieutenance, c’est bien son action pratique, donc le cœur de son activité, qui est le sujet de ce livre.

Nicolas Vidoni est maître de conférences en histoire moderne à l’université Paul Valéry-Montpellier 3. Il est membre du Centre de recherches interdisciplinaires en sciences humaines et sociales (EA 4424). Ses travaux portent sur l’histoire des polices et l’histoire politique urbaine.

INFORMATIONS PRATIQUES :
La police des lumières, par Nicolas Vidoni. Éditions Perrin.
368 pages. Format 14 x 21 cm. 24 euros.
ISBN : 978-2-262041458. Paru en avril 2018

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Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

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