LA FRANCE PITTORESQUE
Selle de cheval
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Publié le lundi 21 mai 2018, par Redaction
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Vraisemblablement inventée en Perse au IVe siècle, cependant que dans l’antiquité on montait à cheval sans sommier avant de se servir plus tard de couvertures, la selle, dont l’existence est attestée par une ordonnance de 385 de l’empereur romain Théodose Ier, est explicitement mentionnée par l’évêque d’Auvergne du Ve siècle Sidoine Apollinaire
 

Pline rapporte que la bride et la selle furent inventées par Péléthronius. On ne connaît pas autrement ce personnage ; on suppose qu’il a voulu parler d’une peuplade, les Péléthroniens, qui habitaient une presqu’île de la province de Thessalie, aux environs du mont Pélion, dans la Magnésie.

On sait que la Thessalie est un pays de plaines et de prairies, où l’élevage des chevaux était considérable dans l’antiquité ; on connaît aussi la supériorité de la cavalerie thessalienne, et Achille était Thessalien. L’écrivain et dramaturge Plaute, né en 254 av. J.-C. et mort en 184 av. J.-C., parle de la croupière, qu’il nomme postilena ; il est probable qu’Ovide entend par cingula, comme Claudien par zona, la sangle. Toutefois ces deux détails du harnachement pouvaient exister sans l’invention antérieure de la selle.

Jeune homme avec un luth et un cheval. Miniature persane de 1595

Jeune homme avec un luth et un cheval. Miniature persane de 1595

Dans les temps reculés de l’antiquité on montait à cheval sans sommier ; ensuite on se servit de couvertures, d’une sorte de petits matelas ou de housses qu’on appelait ephippium, couverture.

On croit que la Perse est le pays où fut inventée la selle. Dans un passage de l’Équitation, le philosophe et chef militaire grec Xénophon (430 av. J.-C. - 355 av. J.-C.) dit que pour aider le cavalier à se mettre à cheval, le palefrenier doit savoir l’enlever à la manière persique : cela veut dire en lui présentant la main servant d’étrier pour se mettre en selle. L’écrivain romain Végèce, de son côté, dit que d’abord on ne choisissait que des chevaux persiques pour chevaux de selle, par la raison qu’ils sont plus doux et plus sûrs, peut-être aussi parce qu’ils étaient accoutumés de bonne heure à porter la selle.

Il y a une sculpture de la colonne Trajane où est représenté un objet qui ressemble à nos selles, mais là le doute est permis. L’empereur romain Trajan régna de l’année 98 à 117. Lampride — pseudonyme de l’auteur inconnu de L’Histoire Auguste (Historia Augusta), recueil de biographies d’empereurs romains composé en latin à la fin du IVe siècle, dans la Vie d’Alexandre Sévère, qui régna de 222 à 235, dit que cet empereur avait des chevaux de cavalerie bien harnachés, mais il ne parle pas de selle : alors il n’y avait probablement que des housses sur les chevaux des cavaliers.

Le jurisconsulte et antiquaire lombard Guido Panciroli (1523-1599), dit que le théologien et historien byzantin Jean Zonaras (1074 - après 1159), parle d’une selle de l’année 340, en rapportant dans son Épitomé historion, abrégé de l’histoire du monde de la Création à 1118, comment Constance arracha son plus jeune frère Constantin hors de sa selle pour le tuer. Il faut remarquer cependant que le mot traduit par celui de selle n’indique généralement que la place où le cavalier est placé sur le cheval.

Solidus — nom donné à la monnaie romaine d'or au début du IVe siècle — représentant l'empereur romain Théodose Ier

Solidus — nom donné à la monnaie romaine d’or au début du IVe siècle — représentant
l’empereur romain Théodose Ier

Il existe néanmoins des preuves que la selle a dû être inventée vers le milieu du IVe siècle. On voit dans la colonne de l’empereur romain Théodose Ier — qui régna de 379 à 395 — le pommeau et l’arçon d’une selle. Cet empereur ordonna aussi en l’an 385 que quiconque demanderait des chevaux de poste, ne devait charger l’animal que d’une selle ne dépassant point le poids de soixante livres. On s’est servi déjà du mot de sella dans cette ordonnance.

Le préfet de Rome et évêque d’Auvergne Sidoine Apollinaire (430-486) parle dans un de ses ouvrages des sellæ equestris et resupinatorum fulcrorum, paroles qui indiquent clairement la similitude avec nos selles modernes. Il y a lieu de faire observer que les hautes selles des guerriers du Moyen Age sont probablement d’origine arabe et ont été introduites en Europe après les croisades.

En 1380 les dames commencèrent à avoir les selles dont elles se servent aujourd’hui. La reine Anne de Luxembourg, femme de Richard lI, introduisit l’usage des selles de femmes en 1388 en Angleterre, cette manière de monter à cheval étant plus décente pour elles.

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