Bibliothèque

Il est d’usage d’attribuer la première bibliothèque au fabuleux Ozymandias (Ramsès II), roi d’Égypte de 1279 à 1213 avant notre ère, et qu’il aurait établie dans son superbe monument funéraire de Memphis, avec cette inscription : « Remèdes pour l’âme »

Comme les Chinois ont de tous les peuples les plus anciennes annales, et qu’ils ont eu, plus d’un millénaire avant notre ère, des livres formés de tablettes de bois sur lesquelles étaient gravés des traits d’écriture, il est probable qu’ils eurent des bibliothèques de très bonne heure, ce qui est constaté par ce fait : quand l’empereur Schi-hoang-ti monta sur le trône en l’année 249 avant J.-C., il fit brûler un nombre considérable de livres qui ne traitaient pas d’agriculture, d’architecture et de médecine, parce que les savants du pays comparaient son gouvernement au gouvernement des princes chinois antérieurs et cherchaient ainsi à le faire détester à cause de ses innovations.

La plus ancienne bibliothèque dont on a connaissance chez les Grecs est celle de Polycrates, de l’île de Samos, qui vivait presque deux cents ans avant Aristote (384 - 322 av. J.-C.). Pisistrates, au VI^e siècle avant notre ère, fut le premier qui fonda à Athènes une bibliothèque publique. Les Athéniens mirent tous leurs soins à l’augmenter. Xerxès, après s’être emparé d’Athènes, fit transporter tous les livres en Perse. Longtemps après, les mêmes livres furent rapportés à Athènes par le roi Séleucus Nicanor. Elle y resta jusqu’à ce que Sylla la fît transporter à Rome en 84 av. J.-C. Du temps de Socrate (470 - 399 av. J.C.), Euthydème avait une bibliothèque considérable. Nicocrates de Chypre et Euripide (480 - 406 av. J.-C.) avaient des bibliothèques

Gravure (colorisée ultérieurement) extraite de l’ouvrage allemand Von der Artzney
bayder Glück, des guten und widerwertigen de Francesco Petrarca publié en 1532.
Portant le titre Von menge und vile der bücher (De la quantité et de la diversité des livres),
elle représente une scène se déroulant chez un libraire-imprimeur :
un seigneur admire un exemplaire que lui présente le marchand,
tandis qu’un enfant met le feu à des étagères de livres

Les Ptolémée, rois d’Égypte, fondèrent la grande bibliothèque d’Alexandrie : Ptolémée I^er Sôter — qui régna de 305 à 283 av. J.-C. — ou son fils Ptolémée II Philadelphe — qui régna de 283 à 246 av. J.-C. — la commencèrent (on admet aujourd’hui la date de 288 avant Jésus-Christ). Aulu-Gelle (vers 130 - vers 180), mort sous le règne de Marc Aurèle, dit qu’elle contenait sept cent mille ouvrages.

Durant la guerre d’Égypte de César, en 48 avant J.-C., elle fut incendiée par l’imprudence de quelques soldats. Une seconde bibliothèque, dans le temple de Sérapis, enrichie par la bibliothèque de Pergame par Antoine, exista jusqu’en l’année 389 de notre ère. Elle fut détruite en grande partie sous Théodose dit le Grand — qui régna de 379 à 395 — et à l’instigation du patriarche Théophile (et non par le calife Omar en 641).

Les Romains ne commencèrent que vers la fin de la Seconde guerre punique — qui se déroula de 218 à 202 av. J.-C. — à cultiver quelques sciences. En 169 av. J.-C., quand Paul-Émile eut vaincu Persée, il envoya de Macédoine à Rome une grande quantité de livres. Sylla fit de même de la bibliothèque d’Athènes. La première bibliothèque publique de Rome fut formée par Asinius Pollio, sénateur et orateur, ami d’Auguste.

Au V^e siècle, l’évêque de Rome, Hilaire, y fonda deux bibliothèques ; au VI^e siècle, Grégoire dit le Grand, pape, fit incendier la bibliothèque Palatine fondée par Auguste. L’empereur Frédéric fonda la bibliothèque de Naples ; il régnait de 1197 à 1250. En 1450, le pape Nicolas V jeta les fondements de la bibliothèque du Vatican. La Bibliothèque nationale de Paris fut commencée par le roi Jean, qui laissa à son successeur une dizaine de volumes. Charles V l’enrichit : elle était située dans le Louvre ; en 1373 elle se composait de neuf cent dix volumes.