LA FRANCE PITTORESQUE
L’oiseau dinosaure
révèle enfin ses secrets
(Source : Ouest France)
Publié le jeudi 22 mars 2018, par Redaction
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Voilà 150 ans que les fossiles ont été découverts. Une équipe de chercheurs a révélé la semaine dernière les secrets des ailes de l’archéoptéryx, oiseau dinosaure du Jurassique.
 

Est-ce que l’archéoptéryx de Bavière volait ? La question a fasciné les paléontologues du monde entier depuis des décennies. Découverts il y a 150 ans, les fossiles de l’animal ont enfin révélé leurs mystères.

Cet oiseau dinosaure vivait il y a environ 150 millions d’années au niveau de l’actuelle Allemagne du Sud-Est. « L’archéoptéryx est souvent décrit comme le chaînon manquant entre les dinosaures et les oiseaux, rappelle Emmanuel de Margerie, chercheur au CNRS et à l’université Rennes 1. La question de sa capacité à voler s’est souvent posée. La présence de plumes sur les squelettes fossiles retrouvés fait bien sûr penser à un oiseau, mais la morphologie du squelette est assez différente, ainsi la question du vol restait en suspens. »

Fossile d'archéoptéryx

Fossile d’archéoptéryx

Au travers du calcaire
Mais jusqu’alors, l’étude était trop complexe : les squelettes de l’oiseau sont conservés dans des blocs de calcaire qui ne révèlent qu’une partie de leur morphologie. Ces fossiles étant particulièrement précieux (il y a une douzaine de fossiles connus de par le monde), il est donc impossible de les dégager entièrement ou de les couper pour révéler leurs structures cachées.

Jusqu’à ce Dennis Voeten — chercheur à l’ESRF, le synchrotron européen de Grenoble — ait l’idée, en 2014, « de passer des fossiles de l’archéoptéryx aux rayons X, pour voir la structure interne de ses os sans endommager les fossiles », raconte Emmanuel de Margerie. Une fois les images obtenues, il fallait les interpréter. C’est là que le chercheur rennais est entré dans l’étude : « Ils m’ont contacté, il y a deux ans, pour les aider à comparer les mesures faites sur l’archéoptéryx à celles faites sur de nombreux squelettes d’oiseaux actuels. »

Les données ont révélé de manière inattendue que les os des ailes de l’archéoptéryx avaient des caractères similaires à ceux des oiseaux modernes. « Les tubes osseux de l’archéoptéryx ont une paroi beaucoup plus fine que celle d’oiseaux terrestres(kiwi ou autruche) ou de dinosaures terrestres disparus. Ses os sont même aussi fins que ceux des oiseaux volants actuels, ce qui suggère clairement que son squelette était adapté au vol », explique Emmanuel de Margerie.

Vue d'artiste montrant ce à quoi pouvait ressembler le mystérieux oiseau dinosaure. L'archéoptéryx faisait à peu près la taille d'une corneille, mais avec une plus longue queue, et mangeait principalement des insectes

Vue d’artiste montrant ce à quoi pouvait ressembler le mystérieux oiseau dinosaure.
L’archéoptéryx faisait à peu près la taille d’une corneille, mais avec une plus longue queue,
et mangeait principalement des insectes.
© Crédit illustration : Wikimédia Commons / NobuTamura

Mystérieux battements d’ailes
De plus, lorsqu’on mesure la forme de ses os, il ressort que le groupe d’oiseaux actuel auquel l’archéoptéryx ressemble le plus, est celui qui pratique le vol battu pendant d’assez courte durée comme le faisan ou la perdrix. « Ces mesures inédites, indépendantes de la morphologie extérieure de l’archéoptéryx, suggèrent ainsi que non seulement l’oiseau dinosaure volait, mais pouvait le faire activement, c’est-à-dire pas seulement en planant, mais en battant des ailes lorsqu’il en avait besoin, par exemple pour échapper à des prédateurs. »

Des conclusions révolutionnaires que l’équipe internationale de chercheurs publie ce mardi, dans la revue Nature Communications. Ces découvertes expliquent non seulement certains aspects du mode de vie des archéoptéryx, mais donnent aussi des informations précieuses sur l’évolution précoce du vol chez les dinosaures.

« Il faut maintenant réconcilier ces résultats avec la morphologie particulière de l’Archéoptéryx, notamment au niveau du sternum, qui elle diffère des oiseaux actuels, assure le chercheur breton. Le plus probable est que le mouvement de battement d’ailes de l’archéoptéryx était différent du mouvement que l’on peut observer aujourd’hui, qui lui a dû apparaître plus récemment dans l’histoire évolutive des oiseaux. » Les chercheurs continueront donc à étudier ces fossiles pour mieux comprendre comment cet animal exceptionnel battait des ailes.

Coline Paistel
Ouest France

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