Alors que les avancées concernant la torture sont majeures en histoire moderne, il restait un vide historiographique relatif concernant la période médiévale, et par ailleurs les archives du parlement de Paris, sur lesquelles l’auteur a travaillé, se présentent comme un vivier incomparable de récits judiciaires
La torture médiévale nourrit de nombreux fantasmes. Examinée au prisme de la justice royale incarnée par le parlement de Paris aux XIVe et XVe siècles, elle s’impose dans le cadre de la procédure inquisitoire comme un instrument légal afin de contraindre le criminel à se dévoiler. Il s’agit de « savoir la vérité par sa bouche », l’aveu étant la clé de voûte du procès. Héritage du droit romain, ce que l’on nomme alors « question » ou « voie extraordinaire » est une démarche facultative, bien encadrée en théorie, mais dont la pratique nécessite des ajustements : sa régulation contribue à renforcer le pouvoir de l’État justicier.
Cette étude questionne les différents aspects de la torture judiciaire dans ses dimensions à la fois pénales et techniques, culturelles et sociales, enfin politiques, afin de réévaluer sa place dans les tribunaux. Elle met en évidence la relative modération des pratiques judiciaires légales dans le nord du royaume de France aux XIVe et XVe siècles, sous le contrôle d’un parlement de Paris voulant se poser en modèle.
| La torture au Moyen Âge, par Faustine Harang. Éditions Presses Universitaires de France |
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Concourant à cette démonstration, une analyse de sources nombreuses, tant savantes qu’issues de la pratique, une étude du vocabulaire de la question, très souvent ambigu, la présentation de la torture judiciaire comme un outil fréquemment instrumentalisé pour des raisons politiques ou individuelles, ou encore de la place ambivalente qu’elle tient dans la recherche d’une vérité, entre autres, soulignent la complexité d’une procédure dont les juges avaient parfaitement conscience.
L’ouvrage se décompose en 10 chapitres : Les mots de la torture ; Le corps comme champ d’investigation ; La question, une étape ultime de la procédure pénale ; La torture judiciaire, marque d’intégration ou d’exclusion ; Le cadre de la procédure ; De la sentence de question à l’aveu : les formes variées de la contrainte ; Une efficacité relative ; La torture en appel au parlement de Paris ; Le rôle régulateur du parlement de Paris ; Torture judiciaire et affermissement de la justice d’État.
Agrégée d’histoire et docteur de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Faustine Harang est professeur d’histoire-géographie en lycée.
INFORMATIONS PRATIQUES :
La torture au Moyen Âge, par Faustine Harang. Éditions Presses Universitaires de France.
300 pages. Format 15 x 21,8 cm. 28 euros.
ISBN : 978-2-130729518. Paru en septembre 2017 |
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