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Soucoupe volante : invention d’un
Vendéen précurseur de l’aviation
(Source : Ouest France)
Publié le samedi 10 mars 2018, par Redaction
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Si Léonard de Vinci a imaginé l’hélicoptère et le parachute, René Couzinet a inventé la soucoupe volante. Histoire extraordinaire d’un précurseur vendéen de l’aviation trop méconnu.
 

Il paraît qu’au premier étage de la maison Renaissance à La Roche-sur-Yon, il y a parfois des visiteurs particuliers. Des ingénieurs en aéronautique. Ils viennent ici pour saluer René Couzinet, l’un des pères de l’aviation. On dit aussi que ces ingénieurs viennent là pour lui piquer quelques idées.

Archives à la maison Renaissance
Oh ! Il les offre bien volontiers ses idées. René Couzinet a quitté la terre depuis un soir de décembre 1956. Il s’est donné la mort avec son épouse, Pierrette, elle-même veuve de Jean Mermoz. Ses archives de famille sont conservées à La Roche-sur-Yon. Une partie d’entre elles sont exposées dans une salle au premier étage de la Maison Renaissance, place de la Vieille-Horloge.

Génie oublié
Une histoire singulière pour un personnage singulier. Dans l’entre-deux-guerres, René Couzinet, Vendéen né à Saint-Martin-des-Noyers en 1904, passe pour un génie. Un génie totalement oublié aujourd’hui, qui mérite au moins d’être réhabilité aux yeux des Vendéens.

René Couzinet

René Couzinet

René Couzinet est un inventeur. Un de ceux qui s’inspirent de la nature pour transposer leurs rêves. À 18 ans, alors qu’il étudie à l’École nationale des arts et métiers d’Angers, il dépose plusieurs brevets relatifs à l’aviation. Il raconte lui même que cette passion est née en observant le vol des hirondelles. D’un caractère entier, René Couzinet ne se fera pas que des amis durant sa carrière. Confiant dans ses capacités, il sait pourtant convaincre.

L’ami de Jean Mermoz
Il était l’ami de Jean Mermoz. On ne résiste pas au plaisir de citer l’écrivain Joseph Kessel, qui évoque l’amitié de Couzinet et de Mermoz. « Ces deux hommes avaient le même idéal, le même désintéressement, la même pureté, la même passion sacrée. Ils se complétaient pour une grande tâche. Contre la paresse des bureaux, les combinaisons d’antichambre, contre la cupidité, l’envie et la peur, ils formèrent attelage. Ce n’était pas trop de leurs deux génies conjugués. Sans Couzinet, Mermoz eut erré longtemps dans les défilés du désespoir. Sans Mermoz, Couzinet n’eût pas vu l’Arc-en-Ciel triompher. »

Drôle de vie, celle d’un inventeur de génie. Un précurseur qui propose des solutions techniques originales. René Couzinet, même quand l’adversité le poursuit (l’usine où il construit ses trimoteurs à Meudon est détruite par un incendie en 1930), parvient à rebondir. Le premier vrai succès de cet ingénieur de 28 ans, c’est le Biarritz, ainsi nommé par ce que ce projet a été soutenu par la ville de Biarritz. L’avion réussit la première liaison aérienne entre la France et la Nouvelle-Calédonie.

« L’Arc-en-Ciel » au firmament de l’aviation
Cependant, la gloire vient avec l’Arc-en-Ciel, troisième du nom. Une envergure de 30 mètres, un rayon d’action de 11 000 km. L’avion est choisi pour faire décoller l’Aéropostale. Le voyage de démonstration est prévu entre Paris et Buenos Aires. C’est Jean Mermoz qui pilote. Six personnes à ses côtés, dont le constructeur de l’avion, René Couzinet.

René Couzinet sortant du Biarritz en 1933

René Couzinet sortant du Biarritz en 1933

L’exploit est retentissant. Lors du retour de l’Arc-en-Ciel le 21 mai 1933, une foule de 15 000 personnes accueillent les vainqueurs de l’Atlantique sud. Une ère nouvelle s’ouvre pour l’aviation.

Les temps difficiles
Pour René Couzinet, la disparition de Jean Mermoz sur un Latécoère, en 1936, marque l’entrée dans les années difficiles. Pourtant le constructeur a des idées, comme ces hydroglisseurs à réaction. Mais elles ne trouveront jamais, ni leurs financeurs ni leur public.

Lorsque René Couzinet décide d’en finir, il laisse à la postérité un projet ahurissant « d’avion hélicoptère » imaginé alors qu’il n’avait que 23 ans. Cet « aérodyne à ailes multiples » ne volera jamais. Il ressemble comme deux gouttes d’eau aux soucoupes volantes imaginées par les auteurs de science fiction des années 50. René Couzinet avait toujours un coup d’avance.

Thierry Dubillot
Ouest France

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