LA FRANCE PITTORESQUE
Ananas (Les) d’Honoré de Balzac
(Source : Le Figaro)
Publié le samedi 13 janvier 2018, par Redaction
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Responsable de la bibliothèque de la Société nationale d’horticulture de France, Daniel Lejeune nous raconte comment le célèbre écrivain, habitué des montages financiers hasardeux, a failli se ruiner en se lançant dans la culture de cette plante tropicale, ce projet fou restant, fort heureusement pour lui et ses nombreux lecteurs, lettre morte
 

Qui penserait qu’Honoré de Balzac s’intéressait à l’horticulture ? Qui penserait qu’en plus il s’intéressait à l’ananas ? Balzac était un piètre gestionnaire et avait le génie de s’engager dans des combinaisons financières qui généralement étaient des catastrophes.

Honoré de Balzac. Peinture réalisée d'après une photographie de Nadar

Honoré de Balzac. Peinture réalisée d’après une photographie de Nadar

L’une d’elles a failli aboutir, c’est-à-dire mal tourner. On le sait parce qu’un de ses amis nous a décrits ce qui s’était passé. Lorsque Balzac a acheté la propriété des Jardies à Ville-d’Avray, il s’est extasié devant l’orientation du terrain, un terrain vaste et bien exposé au soleil. Il s’est dit qu’il allait faire des affaires et planter des ananas.

À l’époque, l’ananas était une plante extrêmement à la mode, qui n’arrivait ni par avion, ni par bateau, et qu’il fallait cultiver en France. C’était d’ailleurs tout un art, car la culture de l’ananas avait été mise au point sous l’Ancien Régime, et depuis lors peu de jardiniers savaient encore le cultiver. On cultivait soit sous serre, ce qui était fort coûteux, soit sous châssis, ce qui était difficile techniquement : il fallait monter des couches avec des feuilles et du fumier, et surveiller cela comme le lait sur le feu.

Les Jardies, à Ville-d'Avray. Illustration paru dans Le Monde illustré en 1883

Les Jardies, à Ville-d’Avray. Illustration paru dans Le Monde illustré en 1883

Balzac pense en planter 100 000 pieds et les vendre dans un magasin qu’il a déjà imaginé, situé rue de Montmartre et qui s’appellera Aux Ananas des Jardies. Pour avoir des clients, il songe à les vendre 5 francs au lieu de 20, une vente à perte naturellement. Cela ne s’est pas fait, et heureusement car il aurait fait une faillite retentissante de plus.

Marc Mennessier
Le Figaro

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