LA FRANCE PITTORESQUE
Tahiti (L’île de) en Polynésie,
reine de l’océan Pacifique
(D’après « Le Magasin pittoresque », paru en 1843)
Publié le jeudi 7 mai 2015, par LA RÉDACTION
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À partir du moment qu’on peut véritablement appeler la découverte de Tahiti par Cook et Bougainville, cette île heureuse devint le lieu de relâche de tous les vaisseaux naviguant dans la mer du Sud, et c’est en 1842 que sa reine d’alors, gouvernant sous le nom de Pomare IV, mit sous la protection de la France la plus grande île de l’archipel de l’océan Pacifique connu sous le nom d’îles de la Société.
 

De formation volcanique, aussi bien que les îles qui l’environnent, ce qu’indique suffisamment le basalte qu’on y rencontre à chaque pas, Tahiti se compose de deux montagnes coniques réunies par un isthme. La grande presqu’île, de forme circulaire, a 35 km de diamètre environ ; la petite, située au sud-ouest, est un ovale, de 24 km de long sur 16 km de large. L’isthme, qui a 4 km de largeur, n’est qu’une terre plate submergée dans les hautes marées. La circonférence de toute l’île est de près de 175 km ; on y trouve plusieurs bons mouillages, dont les meilleurs sont Papava et Papeete.

Baie de Matavai. Peinture de William Hodges, membre d'une expédition de Cook

Baie de Matavai. Peinture de William Hodges, membre d’une expédition de Cook

Les autres îles du groupe, au nombre de dix, sont la gracieuse Maïtia, surnommée le Boudoir par l’élégant Bougainville ; Eimeo ; Tatoua-Roa, formée de quelques îlots boisés ; Tabou-Eimanou ; Wahine, riche, fertile, et d’une étendue de 25 milles environ ; Raïatea, Tahaa, Bora-Bora, et Toubaï, île élevée et richement boisée.

A l’ouest des îles Tahiti se trouvent encore Scilly, Mohipa, et Bellinghausen, qui peuvent être considérées comme appartenant au même groupe, quoique d’ordinaire on les en distingue.

Découverte pour la première fois en 1608 par Fernand Quiros, Tahiti reçut de cet habile marin le nom de Sagittaria ; puis elle fut peu à peu oubliée des Européens jusqu’au moment où Bougainville, ramené à la mythologie par les images riantes qu’elle lui présentait, la nomma Nouvelle-Cythère ; plus tard, Cook donna au groupe entier le nom d’Iles de la Société, en l’honneur de la Société royale de Londres.

Quand cet illustre navigateur avait demandé aux habitants de l’île principale le nom de leur pays, ceux-ci avaient répondu : O Taïti (c’est Tahiti), et il avait appelé Otaïti cette terre qui devint bientôt fameuse par toute l’Europe. Dans tous les récits des illustres voyageurs que nous venons de citer, Tahiti semble la véritable Atlantide, l’Eldorado. Elle fut proclamée la Reine de l’océan Pacifique.

Effectivement, la nature semblait avoir tout fait pour cette île heureuse : éloignée de toute grande terre au milieu d’un vaste océan, sa température, qui ne tombe jamais au-dessous de 15 degrés, s’élève rarement au-dessus de 27, et permet à tous les végétaux propres à la Polynésie d’y croître en liberté. De jolies montagnes boisées la dominent, et une large bande de terre d’une admirable fertilité, qui l’entoure comme une ceinture, est couverte d’arbres à pain, de goyaviers, de manguiers, de cocotiers, d’orangers, de citronniers, magnifiques végétaux qui, en même temps qu’ils fournissaient à une population nombreuse une nourriture saine et abondante, semblaient plantés pour le plaisir des yeux, pour l’ornement de l’île. De jolis ruisseaux descendant du flanc des collines jusqu’à la mer contribuent à entretenir cette fertilité, et un grand lac profond et poissonneux creusé par la nature au flanc des montagnes de la plus grande presqu’île, semble un inépuisable réservoir de fraîcheur.

Lorsqu’au dix-huitième siècle, des navigateurs, imbus des idées d’innocence primitive et d’âge d’or antérieur à l’établissement régulier de toute société, virent s’élever au milieu des flots de l’océan Pacifique cette île riante qui semblait une riche corbeille de fruits et de fleurs, ils battirent des mains, et quand, abordant, ils se virent entourés d’une innombrable population qui accourait à eux les bras ouverts et le visage riant, leur offrant les beaux fruits du pays, les excellents coquillages recueillis sur les brisants qui entouraient l’île, et recevant avec reconnaissance les verroteries ou les plumes rouges qu’on lui rendait, ils ne doutèrent presque pas d’avoir enfin trouvé le paradis terrestre.

Rien de curieux et d’intéressant comme les récits de Cook et de Bougainville, qui étudièrent avec amour, avec passion les mœurs des Tahitiens. Ce peuple était alors organisé en grandes tribus qui semblaient véritablement des familles, et les chefs, souverains de l’île, ne paraissaient que des patriarches. La propriété existait dans le pays, mais il ne semble pas que l’usurpation ou le vol y fussent connus avant l’arrivée des Européens. Les maisons, qui n’étaient que de vastes hangars couverts de feuilles de palmier, soutenus par des colonnes d’arbres à pain, étaient d’ordinaire ouvertes à tous venants.

Louis-Antoine de Bougainville

Louis-Antoine de Bougainville

Des hommes grands et forts, des femmes petites, mais d’une beauté originale et piquante, entouraient les navigateurs européens, soit montés sur leurs légères pirogues, soit en nageant gracieusement. Les hommes portaient une ceinture de feuillage ou d’étoffe légère qui semblait une parure plutôt qu’un vêtement ; les femmes, ceintes d’une draperie plus ample que celle des hommes, portaient en outre une sorte de tunique percée d’un trou pour y passer la tête, retombant jusqu’aux genoux par devant et par derrière, ouverte des côtés, et assez semblable à la chasuble de nos prêtres.

Une même étoffe formait tous leurs vêtements, et elle leur était fournie par l’écorce du mûrier ; les indigènes n’avaient même pas la peine de tisser cette étoffe, un léger battage suffisait à l’obtenir, et les morceaux réunis entre eux au moyen d’une eau glutineuse formaient facilement des pièces de 20 mètres sur plus d’un mètre de largeur.

Ces étoffes, employées blanches pour la toilette des femmes, étaient teintes de diverses couleurs, rouge, rose, jaune, pour les autres usages. Les hommes en enroulaient des morceaux autour de leur tête en forme de turban ; les femmes allaient tête nue, les cheveux coupés assez court et bouclant naturellement, comme on les voit sur la tête des enfants. Hommes et femmes se paraient de plumes et de coquillages, et les verroteries qu’on leur offrait devenaient un objet de grand luxe. Leurs armes étaient la massue, la fronde, l’arc et les flèches. Leurs pirogues, formées d’un seul tronc d’arbre creusé au moyen du feu, ou faites de planches jointes ensemble, contenaient de six à cinquante hommes. Souvent ils se servaient de pirogues jumelles liées ensemble par un mât qui s’élevait au milieu.

La vie de ces heureux insulaires se passait au milieu des jeux ; la danse, la lutte, la musique, étaient leurs exercices favoris ; leur musique était douce et simple ; c’était presque toujours un chant accompagné par le tambour, la trompette marine, ou la flûte dont ils jouaient avec le souffle des narines. Leur poésie était le plus souvent improvisée ; mais ils avaient un rythme bine marqué et une véritable prosodie.

Ils avaient des opéras où le chant et le récitatif alternaient ; puis deux autres genres de représentations dramatiques, drames sérieux et bouffonneries. Ces dernières semblaient particulièrement leur plaire. Cook, Bougainville, Vancouver, assistèrent à des représentations de ce genre, dont le dernier nous a laissé une assez longue description. Cook eut en outre le spectacle d’une naumachie donnée exprès pour lui par les Tahitiens ; la description qu’il en donne est des plus curieuses, et il ajoute que ces insulaires ne connaissaient aucun autre genre de combats que les combats sur mer.

Pour ces guerres, ils avaient des ressources vraiment extraordinaires, et la population de l’île, qui n’était pas alors de moins de cent mille habitants, fournissait dans certaines occasions jusqu’à trente mille hommes de guerre, douze cents pirogues de combat, et six cents pirogues de transport.

Bougainville débarquant à Tahiti en avril 1768

Bougainville débarquant à Tahiti en avril 1768

La religion parut aux navigateurs que nous venons de citer une sorte de polythéisme ; cependant les Tahitiens reconnaissaient un dieu supérieur à toutes les autres divinités, et lorsque Cook leur parla du Dieu des chrétiens, ils crurent y retrouver celui qu’ils nommaient Oro ; ce qui peut donner à penser que les Tahitiens étaient monothéistes, mais imaginaient entre Dieu et l’homme des êtres intermédiaires, des sortes de génies ou d’anges, peut-être même des demi-dieux.

Les distinctions sociales étaient connues chez eux, et ils étaient en quelque sorte organisés en caste ; ce qui pourrait annoncer une ou plusieurs conquêtes successives dont ils n’ont en aucune façon gardé la mémoire, la tradition historique ne remontant pas chez eux au-delà de quelques générations. L’esclavage était inconnu à Tahiti, et par suite jamais ces insulaires ne faisaient de prisonniers dans leurs guerres, qui étaient sans quartier ; mais la domesticité était en usage parmi eux, et probablement héréditaire.

De quelques cérémonies bizarres qu’il vit pratiquer dans un sacrifice humain auquel il assista, Cook inféra que jadis les Tahitiens avaient été anthropophages ; mais lui-même et tous les voyageurs depuis lui, affirmèrent que si jamais cette coutume barbare avait été en usage à Tahiti, elle avait complètement disparu depuis longtemps.

Après le passage de Cook, il n’était plus au pouvoir de personne d’empêcher la civilisation européenne de pénétrer à Tahiti. Par la richesse de ses productions, cette île allait devenir le lieu de relâche obligé de tous les vaisseaux naviguant dans la mer du Sud ; parmi les indigènes plusieurs voulurent partir avec les navigateurs, et durent rapporter dans leur pays des germes de cette civilisation que Cook regardait comme un poison.

Outourou, homme d’un rang éminent, s’embarque avec Bougainville ; Hidi-Hidi et Maï partent avec Cook. La belle reine Oberéa a l’imprudence d’épouser le navigateur Wallis, et la Didon tahitienne se voit abandonnée par ce nouvel Enée, moins pieux que le premier. Enfin Vancouver pleure en s’arrachant au rivage, où il laisse à regret la belle Rahina, qui, de son côté, regrette amèrement celui qu’elle voit s’éloigner pour toujours.

Telle était l’île Tahiti dans la dernière moitié du XVIIIe siècle.

A partir du moment qu’on peut véritablement appeler la découverte de Tahiti par Cook et Bougainville, cette île heureuse devint le lieu de relâche de tous les vaisseaux naviguant dans la mer du Sud. Cook lui-même y revint plusieurs fois, apportant aux insulaires les animaux et les végétaux des quatre anciennes parties du monde ; car l’Amérique, connue depuis trois cents ans à peine, devenait vieille auprès de cette jeune sœur l’Océanie, qui semblait sortir des flots.

Mais en apportant des bienfaits aux Tahitiens, la civilisation leur apporta aussi plus d’un fléau : les maladies les décimèrent ; la cupidité, ce vice affreux des peuples en décadence, s’introduisit chez eux ; elle y fit de rapides progrès, et au lieu des légers vols qu’on leur avait vu commettre presque innocemment, et toujours comme des enfants, pour s’approprier quelques babioles, plumes rouges, verroteries, etc., on les vit ruser comme de vieux marchands européens pour obtenir quelques pièces d’or presque inutiles dans un pays où la nature offre à profusion tout ce qui peut être nécessaire à l’homme, où deux ou trois de leurs arbres fourniraient amplement aux besoins d’une famille d’insulaires, alors même que toutes les autres richesses naturelles disparaîtraient tout à coup.

La dépopulation de Tahiti et la dégradation physique de ses habitants étaient donc déjà arrivées à une degré véritablement affligeant, lorsqu’en 1808 les Sociétés bibliques et méthodistes d’Angleterre se décidèrent à y envoyer des missionnaires. La France n’y avait envoyé que quelques prêtres catholiques isolés, dont l’action avait été à peu près nulle ; et on ne doit pas s’en étonner en songeant que la France, qui, par ses missionnaires, avait jadis fait de véritables prodiges dans le Chili et au Paraguay, se trouvait en 1767, époque du voyage de Bougainville, en pleine ferveur philosophique et encyclopédique, et que déjà elle préludait à la Révolution.

La Société des missions d’Angleterre avait, à la vérité, en 1797, envoyé des missionnaires à Tahiti ; mais ces premiers apôtres, fort bien accueillis comme mécaniciens, comme ouvriers habiles, n’avaient presque rien fait encore pour la foi chrétienne, quand, en 1803, mourut Pomare I, qui les avait pris sous sa protection, sans toutefois se convertir au christianisme. La guerre civile éclata à la mort de ce chef, son fils Olou (Pomare II), chassé par un parti puissant, se réfugia à Eiméo, où pendant plusieurs années il vécut dans une sorte d’exil, attendant le moment favorable pour ressaisir la puissance. Effrayés par une guerre sanglante que tous les efforts des ministres de paix semblaient animer davantage, les missionnaires anglicans, à l’exception de deux, quittèrent alors l’île de Tahiti pour se réfugier à Port-Jackson.

Vue du village de Matavaï réalisée lors de l'expédition de Louis Isodore Duperrey à bord de la Coquille (1823)

Vue du village de Matavaï réalisée lors de l’expédition de
Louis Isodore Duperrey à bord de la Coquille (1823)

Des deux pasteurs qui restèrent dans les Iles de la Société pendant le temps où la guerre civile désolait ce beau pays, l’un, Nott, résidait à Liméo lorsque Pomare vint y chercher refuge. Malheureux, vaincu, le monarque fugitif se rapprocha du missionnaire. Il douta de son dieu qui lui sembla se déclarer pour ses ennemis, et pensant que la divinité des chrétiens pourrait lui être plus favorable, il abjura le culte d’Oro pour celui du Christ. Baptisé par Nott, et puisant une grande force dans la conviction que le nouveau dieu auquel il venait de se vouer combattrait pour lui, il ne tarda guère à vaincre ses ennemis ; puis, revenant triomphant à Tahiti, il demeura souverain absolu de tout l’archipel, et son abjuration de l’antique idolâtrie ne tarda pas à amener celle de presque tous ses sujets.

Les missionnaires furent alors rappelés dans l’île ; ils y revinrent volontiers, et, les nouveaux renforts qui, comme nous l’avons dit, leur avaient été envoyés de Londres étant arrivés presque en même temps, les îles de la Société se trouvèrent, en réalité, sous l’influence absolue des pasteurs méthodistes. Quant au roi Pomare II, il passait tout son temps à traduire la Bible en langue Tahitienne.

Tout ceci se passait de 1815 à 1821, époque à laquelle, par la mort de Pomare II (7 décembre 1821), monta sur le trône son fils Pomare III, dont les missionnaires s’étaient emparés dès son enfance, et qui ne fut plus qu’un instrument entre leurs mains (il n’a qu’un an lorsque meurt son père). Ils gouvernèrent véritablement l’île avec une rigueur impolitique. Non contents de proscrire ce qui dans les mœurs des insulaires était véritablement blâmable, ils voulurent les assujettir trop rapidement aux plus minutieuses pratiques de leur culte. Ils leur défendirent, dit-on, non seulement de danser, de chanter, de lutter le dimanche, mais encore de marcher autrement que pour se rendre à l’église, et même de faire cuire leurs aliments et de balayer leurs cases le jour du sabbat.

Les antiques coutumes de la vie de liberté furent ainsi toutes proscrites à la fois. Le tatouage, autrefois marque d’honneur, fut défendu comme appartenant aux temps d’idolâtrie ; le gouvernement patriarcal et paternel fut remplacé par une espèce de gouvernement représentatif ; Tahiti eut des assemblées délibérantes et un conseil des ministres.

Mais l’arc trop tendu devait se rompre ; et de même que, trop pauvres ou trop accoutumés à avoir la liberté de leurs membres, les Tahitiens, pour obéir aux missionnaires, prenaient du costume européen, l’un le frac étriqué, l’autre le chapeau militaire, celui-ci les bottes, celui-là les gants, sans aucune autre pièce de l’ajustement ; de même, dans l’ordre moral, ils prirent seulement quelques règles chrétiennes qu’ils arrangèrent tant bien que mal avec leurs mœurs accoutumées. Toutefois, les missionnaires se montraient de plus en plus sévères ; ils imposaient aux pécheurs des pénitences, des amendes et surtout des corvées. La grande route qui entoure l’île a été faite par corvées imposées à raison des péchés des Tahitiens. Mais les riches délinquants avaient obtenu, ajoute-t-on, le droit de faire faire leurs corvées par leurs domestiques, et les pauvres par des amis complaisants, lorsqu’ils en trouvaient.

Lorsqu’en 1827 le jeune Pomare III meurt subitement, c’est sa demi-soeur, Aimata, âgée de 13 ans, qui devient reine sous le nom de Pomare IV. Mais son autorité est contestée par les chefs dont la puissance est établie depuis la mort de Pomare II. Les choses en étaient là, lorsqu’en 1836 la Société des missions catholiques envoya à Tahiti deux missionnaires français. L’Église protestante Tahitienne, divisée par le schisme, se réunit contre eux. Les deux prêtres eussent été peut-être victimes d’un soulèvement populaire, si le chargé d’affaires des Etats-Unis, Morenhoët, ne fût intervenu. Il s’ensuivit une longue et sourde guerre entre les missionnaires protestants et les autorités Tahitiennes, la reine à leur tête, d’une part ; les sujets français résidant à Tahiti et l’agent consulaire américain, d’autre part.

La reine Pomare IV, par Charles Giraud

La reine Pomare IV, par Charles Giraud

Destitué bientôt par son gouvernement, Morenhoët fut accrédité comme représentant de la France à Tahiti ; puis notre gouvernement demanda réparation des outrages subis par ses sujets. Une amende fut exigée et payée ; mais aussitôt après le départ des navires français, les exactions ayant recommencé de plus belle, une nouvelle expédition fut jugée nécessaire, et cette fois on exigea, outre le libre accès de Tahiti pour tous les Français prêtres ou laïques, et le salut de vingt et un coups de canon pour notre pavillon, que les Français seraient traités dans l’île à l’égal de la nation la plus favorisée, qu’un emplacement pour la construction d’une église catholique serait désigné, et que les prêtres français seraient autorisés à exercer leur ministère dans l’île.

Ces conditions furent encore acceptées et bientôt violées, de telle sorte que, le 21 novembre 1842, l’amiral Du Petit-Thouars reparut dans la baie de Papeete, demandant au nom de la France, et pour la troisième fois, une réparation des griefs dont se plaignaient nos nationaux. Parmi les conditions imposées par lui, se trouvait une indemnité de 10 000 piastres fortes, qui eussent été immédiatement payées, le pays étant fort riche en numéraire, si un parti français ne se fût élevé au sein même du gouvernement.

Il ne paraît pas que la reine Pomare fût d’abord de ce parti ; loin de là, elle était, dit-on, complètement dominée par les missionnaires anglais, et elle se réfugia à Eiméo en apprenant l’arrivée de la frégate française la Reine Blanche, qui portait l’amiral ; mais le parti français l’ayant emporté, la reine vint elle-même demander à Du Petit-Thouars de consentir à recevoir l’état de Tahiti sous la protection de la France. L’amiral accepta le protectorat qu’on lui offrait, et bientôt le pavillon français et le pavillon tahitien flottèrent réunis sue toutes les Iles de la Société. A son départ, Du Petit-Thouars installa provisoirement, en attendant la ratification de la France, un gouvernement composé de l’agent consulaire français Morenhoët, de Reine, lieutenant de vaisseau, faisant les fonctions de commandant militaire, et de Carpagna, enseigne de vaisseau, comme capitaine de port.

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