LA FRANCE PITTORESQUE
10 janvier 1645 : décapitation de Guillaume Laud, archevêque de Cantorbéry
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Publié le mercredi 18 novembre 2009, par LA RÉDACTION
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Sous Charles Ier, roi d’Angleterre, Guillaume Laud parvint successivement aux dignités de chapelain du roi, de doyen de Glocester, d’évêque de Saint-David, de Bath et de Londres. La mort d’Abbot, son antagoniste, lui ouvrit l’archevêché de Cantorbéry ; celle du duc de Buckingham l’appela au poste de premier ministre.

Laud était accusé de penchant au papisme : les mesures qu’on le vit prendre fortifièrent cette imputation. Il persécuta les puritains, qu’Abbot avait protégés ; les puritains lui vouèrent une haine implacable. Les réformes qu’il essaya d’introduire à la cour accrurent, dans une proportion effrayante, le nombre de ses ennemis.

Au fond, son ambition véritable était de réunir les trois royaumes sous une même religion, dont il serait devenu le chef en qualité de primat. Pour atteindre ce but il lui fallait ramener toutes les églises britanniques à la confession anglicane. Beaucoup de maladresses, quelques violences produisirent un soulèvement général : il s’aliéna tous les partis, celui des catholiques plus encore que les autres.

Dans le cours des séances du fameux parlement de 1640, l’arrestation de Laud fut demandée et obtenue sans peine. Conduit à la Tour, il ne fut jugé qu’au bout de trois années. On l’accusait de haute trahison ; mais ce prétendu crime ne put être prouvé. Laud confondit ses juges par sa fermeté et par son éloquence.

Cependant l’ascendant des puritains fit passer le bill de condamnation à la Chambre des communes. La chambre haute le refusa d’abord ;la violence du comte de Pembroke et les menaces du peuple forcèrent plusieurs lords à la retraite, et le bill passa à une très faible majorité.

Laud mourut avec le courage dont il avait fait preuve durant sa détention. Son échafaud servit de piédestal à celui du roi, sou maître.

Le seul crime bien constaté qu’on lui reprocha, était de s’être servi de quelques cérémonies de l’église romaine en consacrant une église de Londres. La sentence porta qu’il serait » pendu, et qu’on lui arracherait le cœur pour lui en battre les « joues, supplice ordinaire des traîtres : on lui fit grâce en lui coupant la tête. » (Voltaire, Essai sur les Mœurs.)

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