LA FRANCE PITTORESQUE
Fête de l’Assomption
(D’après « Les Fêtes de l’Église romaine, avec l’explication de l’origine
de chaque solennité » (par Cléon Galoppe d’Onquaire) paru en 1854)
Publié le dimanche 14 août 2022, par Redaction
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C’est le jour dit de l’Assomption qu’après s’être distinguée, pendant toute sa vie, par la pratique des vertus les plus rares et les plus sublimes, la Vierge Marie termina, par la mort la plus sainte et la plus douce, cette longue existence marquée par tant de joies et de douleurs
 

Parmi les différentes fêtes qui ont été établies en l’honneur de Marie, il n’en est aucune que l’Église solennise avec autant de pompe que celle qui rappelle des événements aussi glorieux pour cette auguste Vierge.

C’est le jour de l’Assomption qu’après avoir subi les lois du trépas, elle en brisa les liens et qu’au lieu d’être livrée en proie à la pourriture du tombeau, son corps virginal sortit vivant et glorieux du sépulcre où il avait été enseveli ; c’est en ce jour également que, par un privilège particulier, ce corps, qui avait été le temple de la Divinité sur la terre, fut élevé par les Anges jusqu’au plus haut des Cieux et placé en triomphe à côté du trône de celui à qui il avait servi de tabernacle et de sanctuaire. C’est donc la mort, la résurrection et l‘Assomption de la mère de Dieu, que l’Église célèbre en ce jour.

L'Assomption de la Vierge. Peinture de Vittore Carpaccio (1460-1526)

L’Assomption de la Vierge. Peinture de Vittore Carpaccio (1460-1526)

Le miracle de cette Assomption, sans être un article de foi, est néanmoins la commune croyance des fidèles, fondée sur une tradition fort ancienne, et, dès les premiers temps du christianisme, ils l’accueillirent comme la conséquence naturelle de la divine maternité de Marie. Le terme naturelle est justifié par l’argument de suivant de saint Augustin : « comme Jésus-Christ est tout-puissant, peut-on nier qu’il n’ait pu préserver sa mère de la corruption du tombeau ? Or, s’il a en le pouvoir de lui accorder ce privilège, pourquoi le lui aurait-il refusé ? La chair de ce divin Sauveur n’est-elle pas, dans un sens, la chair de Marie ? N’est-ce pas d’elle qu’il l’a tirée et pourrait-on croire qu’il ait souffert qu’un corps qu’il avait pour ainsi dire divinisé, en en formant le sien, devint la pâture des vers ? »

Tel fut donc le glorieux privilège accordé à la Vierge ; elle n’avait point eu part au péché, comme on le voit dans le mystère de son immaculée conception, elle ne devait point en éprouver les suites funestes, et elle ne subit point la sentence qui condamnait les hommes à retourner en poussière. Dieu ne souffrit pas que le vase qui avait contenu les parfums du ciel, fût brisé comme les autres.

Le nom de Marie qui, en hébreu, veut dire élevée et exaltée, fut donné à la future mère du Sauveur, comme si Dieu eût permis que cette dénomination anticipée prophétisât le triomphe de sa glorieuse Assomption.

La fête de l’Assomption s’appelle encore la Vierge d’août, parce que c’est le 15 de ce mois qu’elle se célèbre. La procession solennelle qui a lieu dans ce jour se rattache à une ordonnance de Louis XIII, qui en avait fait l’objet d’un vœu, en mettant son royaume sous la protection spéciale de la mère de Dieu : aussi cette fête se nomme-telle encore le vœu de Louis XIII ; tous les successeurs de ce prince continuèrent à remplir sa promesse, et ce n’est que pendant les mauvais jours de la tempête révolutionnaire, que les inventeurs de la Liberté suspendirent la liberté de cette religieuse pratique.

Voici ce qu’écrit Bossuet à propos de l’Assomption :

« Il y a un enchaînement admirable entre les mystères du christianisme, et celui que nous célébrons a une liaison particulière avec l’Incarnation du Verbe éternel. Car si la divine Marie a reçu autrefois le Sauveur Jésus, il est juste que le Sauveur reçoive à son tour l’heureuse Marie, et n’ayant point dédaigné de descendre en elle, il doit ensuite l’élever à soi, pour la faire entrer dans sa gloire. Il ne faut donc pas s’étonner si la bienheureuse Marie ressuscite avec tant d’éclat, ni si elle triomphe avec tant de pompe.

« Jésus, à qui cette Vierge a donné la vie, la lui rend aujourd’hui par reconnaissance, et comme il appartient à un Dieu de se montrer toujours le plus magnifique, quoiqu’il n’ait reçu qu’une vie mortelle, il est digne de sa grandeur de lui en donner en échange une glorieuse. Ainsi ces deux mystères sont liés ensemble ; et afin qu’il y ait un plus grand rapport, les anges interviennent dans l’un et dans l’autre, et se réjouissent aujourd’hui, avec Marie, de voir une si belle suite du mystère qu’ils ont annoncé.

« Pour faire entrer Marie dans sa gloire, il fallait la dépouiller, avant toutes choses , de cette misérable mortalité, comme d’un habit étranger ; ensuite, il a fallu parer son corps et son âme de l’immortalité glorieuse, comme d’un manteau royal et d’une robe triomphante ; enfin, dans ce superbe appareil, il la fallait placer dans son trône, au-dessus des chérubins et des séraphins, et de toutes les créatures.

« C’est tout le mystère de cette journée et je trouve que trois vertus de cette princesse ont accompli tout ce grand ouvrage. S’il faut la tirer de ce corps de mort, l’amour divin fera cet office. La sainte virginité, toute pure et tout éclatante, est capable de répandre jusque sur sa chair la lumière d’immortalité, ainsi qu’une robe céleste ; et après que ces deux vertus auront fait, en cette sorte, les préparatifs de cette entrée magnifique, l’humilité toute-puissante achèvera la cérémonie en la plaçant dans son trône, pour y être révérée éternellement par les hommes et par les anges. »

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Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

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