LA FRANCE PITTORESQUE
19 mars 1898 : les îles Sous-le-Vent
deviennent territoire français
(D’après « Recueil des traités de la France publié sous les auspices
du Ministère des Affaires étrangères » (Tome 21. 1897-1900) paru en 1904
et « Bulletin de la Société de géographie de Marseille » paru en 1898)
Publié le samedi 19 mars 2022, par Redaction
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50 ans plus tôt, la France et l’Angleterre s’étaient engagées à respecter l’indépendance de ces îles, mais une importante partie de la population de l’archipel aspira ensuite à l’annexion au domaine colonial français
 

La loi du 19 mars 1898 déclarant les Iles-sous-le-Vent de Tahiti (ou îles Sous-le-Vent) — on désigne ainsi un groupe d’îles qui font partie de l’archipel de la Société, l’un des cinq archipels de la Polynésie française — partie intégrante du domaine colonial de la France et parue au Journal Officiel du 22 mars suivant, contenait un article unique ainsi libellé : « Les Iles-sous-le-Vent de Tahiti font partie intégrante du domaine colonial de la France. Fait à Paris, le 19 mars 1898. »

Voici l’exposé des motifs du projet de loi présenté le 19 novembre 1897, au nom de Félix Faure, président de la République, par André Lebon, ministre des Colonies, et par Gabriel Hanoteaux, ministre des Affaires étrangères :

Carte de l'archipel de la Société
Carte de l’archipel de la Société

« Messieurs, à la suite de l’abrogation, par une convention du 26 octobre 1887, d’une déclaration du 19 juin 1847, par laquelle l’Angleterre et la France s’étaient engagées à respecter l’indépendance des Iles-sous-le-Vent de Tahiti, le gouverneur des établissements d’Océanie, sollicité par une importante partie de la population de l’archipel, proclama, à la date du 16 mars 1888, l’annexion à notre domaine colonial des îles Raïatea, Tahaa, Huahine, Bora-Bora et de leurs dépendances. Il prit effectivement possession de ces îles les 16, 17 et 19 du même mois sans éprouver aucune résistance de la part de la population.

« Cependant le nouvel état de choses n’avait pas été accepté par tous les chefs ; l’un d’eux notamment, Teraupoo, qui n’avait cessé de se montrer opposé à notre influence, demeura irréductible ; il se retira dans l’intérieur de l’île Raïatea, la plus importante de l’archipel, où il réussit à grouper autour de lui un certain nombre de dissidents.

« Le gouvernement, désireux d’éviter autant que possible l’effusion du sang, se borna à maintenir un résident à Uturoa, l’un des points principaux de l’île. Il espérait que les rebelles, reconnaissant les bienveillantes dispositions de la France à leur égard, finiraient par se rallier volontairement à notre pavillon. Malheureusement, les dissidents ne firent qu’accentuer leur attitude hostile, et, après avoir épuisé tous les moyens de conciliation dont il disposait, le gouvernement dut se préoccuper de modifier cet état de choses qui compromettait notre situation en Océanie et devenait, par l’exemple, dangereux pour la sécurité de nos établissements.

« Après une dernière sommation demeurée sans effet, des opérations furent engagées contre les rebelles à la date du 1er janvier 1897 ; Teraupoo fut pris avec ses derniers partisans le 16 février et l’ordre fut définitivement rétabli.

Ile de Tahaa. Village jungle de Tiva, à 230 km de Tahiti
Ile de Tahaa. Village jungle de Tiva, à 230 km de Tahiti

« Le moment nous semble venu de vous proposer de ratifier l’annexion à la France des Iles-sous-le-Vent. Nous vous prions, en conséquence, de vouloir bien adopter le projet de loi que nous avons l’honneur de vous soumettre. »

Peu avant la lecture de ce projet de loi, un décret en date du 28 juillet 1897 avait fixé que les îles Sous-le-Vent formaient une administration distincte des autres établissements de l’Océanie française, tout en restant placées sous l’autorité du gouverneur de Tahiti.

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Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

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