LA FRANCE PITTORESQUE
23 février 1830 : mort du peintre et graveur
Jean-Pierre Norblin de la Gourdaine
(D’après « Nouvelle biographie générale depuis les temps
les plus reculés jusqu’à nos jours » (Tome 38) paru en 1844,
« Le Figaro artistique » paru en 1923
et « L’Intermédiaire des chercheurs et curieux » paru en 1900)
Publié le samedi 18 février 2017, par Redaction
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Obtenant le grand prix de peinture à 26 ans, Norblin accompagna le prince Czartoryski en Pologne, où ses talents lui conquirent une position brillante, s’exerçant à tous les genres artistiques, prenant la direction d’une école et étant anobli par le roi Stanislas
 

Né le 15 juillet 1745 à Misy-sur-Yonne, près de Montereau (Seine-et-Marne), Jean-Pierre Norblin de la Gourdaine travailla à Paris jusqu’en 1771, année où il obtint le grand prix de peinture et où, comme l’a stipulé le comte Georges Mycielski, professeur à l’Université de Cracovie, Norblin avait 26 ans et ses études artistiques étaient achevées lorsqu’il vint à Dresde, passer quelque temps dans l’atelier du peintre de batailles et de moeurs Francesco Casanova (1727-1803).

Jean-Pierre Norblin de la Gourdaine. Autoportrait (1778)

Jean-Pierre Norblin de la Gourdaine. Autoportrait (1778)

Le séjour de Norblin à Dresde fut court, car, à la fin de l’année 1771, le prince Adam Czartoryski l’emmena en Pologne, en qualité de maître de dessein de ses enfants. Protégé par les Czartoryski et les Radziwill, Norblin de la Gourdaine se fixa en Pologne, s’y maria et reçut, en 1785, le titre de peintre du roi, l’indigénat polonais et des lettres de noblesse. Le roi Stanislas-Auguste les lui conféra en effet afin qu’il pût assister aux assemblées de la diète et en reproduire exactement l’aspect, et lui fit peindre la Bataille de Zborow sous Wladislas IV. Il ouvrit un atelier d’où sortirent des élèves renommés : Plonski, Orlowski, Rustan, etc.

Sans être un maître de premier ordre, Norblin était un artiste de grand talent, qui s’exerça avec succès dans des genres très variés. Son oeuvre est multiple : grande décoration, peinture de genre, aquarelle, gravure, dessin, en tout il excella. Il orna les châteaux de Pologne de peintures qui devinrent célèbres — fresques mythologiques au château de la princesse Hélène Radziwill : le plafond représentant le char de l’Aurore, par exemple —, il fut l’architecte et le décorateur de ces bergeries, de ces ermitages que les grandes dames de Pologne élevaient sur le modèle de Trianon.

Le joueur de guitare, par Jean-Pierre Norblin de la Gourdaine

Le joueur de guitare, par Jean-Pierre Norblin de la Gourdaine

Mais Norblin ne fut pas seulement le peintre des fêtes et des divertissements de cour ; il ne transporta pas seulement en Pologne l’art du peintre qu’il considéra toujours comme son maître : Watteau. Passionné dans sa jeunesse pour les oeuvres charmantes et quelque peu conventionnelles de l’école de ce dernier, où la nature semble d’ordinaire un joli paysage sorti de la manufacture des Gobelins, Norblin comprit et sut rendre le vrai paysan polonais et le soldat. Dans ses scènes de paysans, dans ses fêtes, rustiques ou galantes, ses bonshommes sont vivants, ce ne sont pas des figurants de théâtre.

En 1804, il retourna à Paris et ne revint plus en Pologne. Admirateur passionné de Rembrandt, il exécuta, à l’imitation de ce maître, 93 gravures à l’eau-forte, qui ne furent publiées qu’après sa mort.

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Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

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