LA FRANCE PITTORESQUE
Étienne Ier
(né en ? – mort le 2 août 257)
Élu pape 12 mai 254
(« Histoire des souverains pontifes romains » (Tome 1)
par A. de Montor paru en 1846,
« Résumé de l’histoire des papes » par A. Bouvet de Cressé, paru en 1826
et « Le Vatican ou Portraits historiques des papes » paru en 1825)
Publié le lundi 15 août 2016, par Redaction
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Étienne, Romain qui sous saint Corneille et saint Lucius était archidiacre de l’Église de Rome, obtint après eux la puissance des clefs. L’époque à laquelle régna saint Étienne rappelle la terrible et funeste dispute sur la question de savoir s’il fallait renouveler le baptême donné par les hérétiques, dans le cas où ils reviendraient à la foi. La dispute avait lieu entre les deux personnages les plus éminents du christianisme, dont l’un était la pierre fondamentale, saint Étienne, et l’autre la colonne principale, saint Cyprien, évêque de Carthage.

Il était d’usage, dans les traditions de l’Église, que le baptême, conféré même par les hérétiques, conservât ses caractères de sacrement, pourvu qu’en le conférant on eût employé les formules évangéliques ; ainsi, quand un hérétique, des temples de l’erreur, passait au véritable sanctuaire de la vérité, la cérémonie baptismale ne devait pas se renouveler. Cependant, depuis peu de temps, dans quelques provinces d’Afrique et d’Asie, l’usage contraire avait prévalu auprès de plusieurs évêques saints et savants ; et il recevait on poids et même une valeur extraordinaire de l’exemple et de l’autorité de saint Cyprien, qui avait réussi à le faire reconnaître par plusieurs conciles de ces contrées.

Pape Étienne Ier (254-257)

Pape Étienne Ier (254-257)

Saint Cyprien appuyait son opinion sur des arguments si spécieux que, de l’aveu de saint Augustin, ils auraient pu le séduire lui-même, si la décision de l’Église ne lui eût pas servi de direction et de règle. Étienne, qui, comme il convient à un pontife, soutenait l’antique et plus saine doctrine, traitait cet usage de nouveauté scandaleuse ; et il opposait aux coups de saint Cyprien le bouclier inexpugnable de la tradition, évitant de les détourner par des raisons plus fortes, pour ne pas fomenter, dans des questions appartenant à la foi, les prétentions de la raison, toujours téméraires. Étienne se montra sévère, et plus que Cyprien ne s’y attendait.

L’évêque, pour se convaincre, attendait, disait-il, la sentence de l’Église œcuménique. Le pontife la présageait et la sentait en lui-même. Ce qui importe le plus, observe saint Augustin, c’est que la conduite de tous deux ne servit qu’à faire ressortir deux vertus supérieures, la charité et la concorde. Étienne, constant dans sa désapprobation d’une telle maxime, ne s’arma pas contre celui qui la propageait, et il se garda bien de frapper un des plus vigoureux bras de l’Église ; Cyprien, en se détachant de son chef, eût donné à tout le corps une secousse violente, et il ne cessa de se montrer fidèlement uni.

Ainsi, on vit Saint Cyprien assembler un concile pour s’opposer à cette décision, contraire à la pratique de son église. Étienne, irrité, refusa de recevoir la députation qu’on lui envoya de Carthage, et écrivit à saint Cyprien de la manière la plus dure, le menaçant de l’excommunier avec tous ceux qui adhéreraient à son avis, du moment qu’il apprendrait qu’ils y persistaient. Choqué de cette conduite, saint Cyprien assembla de nouveau les évêques des trois provinces d’Afrique, et se plaignit à eux de la hauteur d’Étienne.

« Aucun de nous, leur dit-il, ne s’établit évêque des évêques, et ne réduit ses collègues à lui obéir par une terreur tyrannique. » On députa de nouveau à Rome ; mais Étienne, cette fois, refusa non seulement de voir les évêques africains, mais défendit encore d’exercer l’hospitalité à leur égard. On écrivit des deux côtés pour soutenir les deux opinions, mais avec tant de chaleur, tant d’animosité, que nous sommes encore aujourd’hui dans une surprise extrême en voyant les injures que l’on s’envoyait réciproquement.

Saint Cyprien souffrit en paix les reproches ; il prêcha la douceur, la docilité, l’intégrité ; et s’il ne renonça pas aux doctrines dont il était préoccupé, il se comporta avec tant de modestie, qu’on put croire qu’il les avait répudiées. L’affaire ne fut décidée qu’au concile de Nicée (325), où le sentiment d’Étienne triompha.

Étienne Ier mourut martyr le 2 août de l’an 257, durant la persécution de Valérien, empereur qui régna de 253 à 260.

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Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

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