LA FRANCE PITTORESQUE
Fabien (né en 200 – mort le 20 janvier 250) Élu pape le 10 janvier 236
(« Histoire des souverains pontifes romains » (Tome 1)
par A. de Montor paru en 1846,
« Résumé de l’histoire des papes » par A. Bouvet de Cressé, paru en 1826
et « Le Vatican ou Portraits historiques des papes » paru en 1825)
Publié le vendredi 12 août 2016, par Redaction
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On dit que les électeurs se décidèrent en la faveur de saint Fabien, fils de Fabius, compté parmi les chanoines réguliers, parce qu’une colombe, après avoir plané sur les têtes de tous les assistants pendant l’élection, alla s’abattre sur sa tête cependant que le clergé et le peuple romain ne pouvaient s’accorder sur le choix du personnage qu’on devait élever sur la chaire de saint Pierre. Ce fait est rapporté par Eusèbe. Fabien fut ainsi élu d’une commune voix.

Aux sept notaires-diacres, institués par saint Clément pour rassembler les actes des martyrs, Fabien ajouta sept sous-diacres, pour qu’ils assistassent les premiers dans un soin si pieux et si important ; ensuite il élut sept autres diacres d’un ordre supérieur dans cet emploi, chargés de diriger ceux dont nous venons de parler. Ceux-là avaient l’ordre de veiller à ce que les actes fussent rédigés avec des détails, et non en peu de paroles, comme on avait fait à peu près jusqu’alors.

Pape Fabien (236 - 250)

Pape Fabien (236 - 250)

Fabien divisa Rome en sept Rioni ou quartiers. Auguste l’avait divisée en quatorze. Cette ancienne division civile ne plaisait pas à Fabien, tandis que, dans la nouvelle qu’il avait adoptée, les sept diacres chargés de surveiller les sept autres diacres et les autres sept sous-diacres, devaient prendre le soin des pauvres dans sept églises. Cette division ecclésiastique donna l’origine aux titres des cardinaux-diacres, qui ensuite s’accrurent, et qui, dans le commencement de ces institutions, étaient appelés régionnaires.

On a prétendu que Fabien ordonna de brûler, chaque jeudi, l’ancienne huile du saint chrême. Cependant il est prouvé aujourd’hui que cet usage ne commençait à se pratiquer que vers le commencement du VIIe siècle. On veut encore que Fabien ait décrété que personne ne fût ordonné prêtre avant l’âge de trente ans ; qu’aucun prêtre ne pût, dans un jugement civil, être accusateur, juge ou témoin ; que les fidèles communiassent trois fois l’an ; que les prêtres idiots à la suite de maladies, ne pussent pins célébrer le saint sacrifice, et qu’aucun fidèle ne pût contracter mariage au quatrième degré.

En rapportant toutes ces dispositions, Novaes, qui a fait tant de recherches dans les écrits de tous les auteurs ecclésiastiques, italiens, français, allemands, espagnols, anglais, ajoute : « Néanmoins je crois que, bien que les souverains pontifes des premiers siècles aient dû établir des institutions pour le bon règlement de l’Église, je crois et je ne cesserai de répéter que les décrétales attribuées aux pontifes avant saint Siricius [Sirice], c’est-à-dire avant l’année 385, sont apocryphes, tout en en exceptant cependant quatre des trois premiers siècles. Ces quatre sont : une de saint Clément et trois de saint Corneille, en y joignant quelques fragments d’autres documents véritables, c’est-à-dire des fragments de deux décrétales de saint Étienne (253), d’une de saint Denis (259), et d’une autre de saint Félix Ier (269), dans le quatrième siècle, deux de saint Jules (337), les douze de saint Libère (352), et huit de saint Damase (366) toutes indiquées par Mgr Bartoli. »

Ce même prélat mentionne encore les quatre-vingt-dix-sept décrétales apocryphes inventées par Isidore Mercator, et attribuées aux pontifes qui précédèrent saint Grégoire le Grand , 65e pape.

Saint Cyprien, parlant de saint Fabien, l’appelle un , et dit que la gloire de sa mort répondit à la pureté, à la sainteté, à l’intégrité de sa vie. Il eut la gloire d’éloigner de son Église un nouvel hérétique, Privatus, Africain, déjà condamné dans un concile pour des fautes énormes, et qui cherchait, par une humilité insidieuse, à surprendre la bonne foi du pontife.

Beaucoup de critiques modernes soutiennent que saint Fabien baptisa l’empereur Philippe l’Arabe (2 février 244 - automne 249), et son fils Philippe II. Ainsi, Philippe le père aurait été le premier empereur chrétien. A ceux qui, avec tant d’historiens appuyés sur des documents en possession d’être respectés par toute la chrétienté, soutiennent que cet honneur appartient à Constantin, Novaes répond, avec d’autres auteurs, que ces deux opinions peuvent se concilier. Philippe aurait été le premier empereur chrétien, mais n’aurait pas osé avouer sa conversion ; tandis que Constantin aurait été le premier empereur à professer publiquement le christianisme. En tout, les choses se passent ainsi. Une conduite noble, franche et nette ne vient pas se dessiner vivement dans l’histoire d’un peuple. Toujours il y a eu des précédents plus ou moins réservés, qui ont donné l’exemple, et fortifié le courage d’un successeur aidé par de meilleures circonstances.

Cesarotti n’admet pas les sentiments chrétiens attribués à Philippe. Celui qui a trahi son prince, l’assassin d’un pupille, n’était pas pour les fidèles une acquisition bien désirable ; et si Philippe avait voulu être un vrai chrétien, il devait jeter sous ses pieds et briser sa couronne, acquise avec tant de perfidies, et passer toute sa vie dans la station des pleurants — la station des pleurs était le premier des quatre degrés de la pénitence canonique. Les pénitents ne pouvaient entrer à l’église ; ils devaient attendre dans le vestibule, couverts de cilice, confesser leurs crimes, et demander avec larmes et prières que les fidèles voulussent bien implorer le pardon de Dieu.

Fabien bâtit plusieurs églises dans les cimetières où reposaient les corps des martyrs. Il envoya des évêques dans les Gaules, pour y annoncer l’Évangile. En cinq ordinations, Fabien créa onze ou quatorze évêques, vingt-deux prêtres et sept ou huit diacres. Après avoir souffert le martyre dans la septième persécution, sous Trajan Dèce (automne 249 - juin 251), en l’année 250, ce pape fut enseveli dans le cimetière de Calixte. Le saint-siège fut vacant plus d’un an, parce que la persécution de Dèce devint de plus en plus cruelle. Avant l’élection du successeur, il parut un antipape : ce fut le premier. Il s’appelait Novatien. Alors commença le premier schisme de l’Église : Novatien, mort à Rome sous Sixte II, eut, pendant près de deux siècles, des successeurs attachés à ce schisme qui ne s’éteignit que sous Célestin Ier.

Fabien conservait des relations avec Origène, né à Alexandrie en 185. On sait que Clément d’Alexandrie fut son maître. Les hommes et les femmes accouraient en foule à l’école d’Origène. Peu d’auteurs ont autant travaillé que lui ; peu d’hommes ont été autant admirés qu’il le fut pendant longtemps ; personne n’a été plus vivement attaqué et poursuivi avec plus de chaleur pendant sa vie et après sa mort.

Ses ouvrages sont une Exhortation au martyre ; des Commentaires sur l’Écriture sainte : il est peut-être le premier qui l’ait expliquée tout entière. Il travailla à une édition de l’Écriture à six colonnes, et l’intitula Hexaples. On croit découvrir dans son livre des Principes un système emprunté à la philosophie de Platon, et dont le principe fondamental est que toutes les peines sont médicinales. On doit encore à Origène le Traité contre Celse. Cet ennemi de la religion chrétienne avait publié insolemment son Discours de vérité, qui était rempli d’injures et de calomnies. Origène n’a fait paraître, dans aucun de ses écrits, autant de science chrétienne et profane que dans celui-ci, ni employé tant de preuves fortes et solides. On le regarde comme la défense du christianisme la plus achevée et la mieux écrite que nous ayons dans l’antiquité.

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