LA FRANCE PITTORESQUE
Clément Ier
(né en ? – mort vers 99)
Élu pape en 91 (ou 88)
(« Histoire des souverains pontifes romains » (Tome 1)
par A. de Montor paru en 1846,
« Résumé de l’histoire des papes » par A. Bouvet de Cressé, paru en 1826
et « Le Vatican ou Portraits historiques des papes » paru en 1825)
Publié le mardi 9 août 2016, par Redaction
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Clément Ier, Romain et disciple de saint Pierre, dont il reçut l’ordination, suivant le témoignage de Tertullien, succéda, l’an 91, à saint Anaclet. Saint Paul parle de lui avec un vif intérêt dans son Épître aux Philippiens : « Je vous prie, vous qui avez été le fidèle compagnon de mes travaux, de les assister (Évodie et Syntiche), elles qui ont travaillé avec moi dans l’établissement de l’Évangile, avec Clément et les autres par qui je me suis vu aidé dans mon ministère, et dont les noms sont écrits dans le livre de vie. »

Clément institua à Rome sept notaires chargés de recueillir les actes des martyrs et de les enregistrer dans les fastes de l’Église. C’est de là qu’est venue l’institution des protonotaires apostoliques participants, qui furent portés au nombre de douze par Sixte-Quint. On a attribué à Clément plusieurs décrétales reconnues aujourd’hui comme fausses. Toutefois, les seules œuvres qui soient de lui sont deux lettres aux Corinthiens.

Pape Clément Ier (91 - 99)

Pape Clément Ier (91 - 99)

La première, que les érudits crurent longtemps perdue, fut publiée presque tout entière, à Oxford, en 1633, par Patricius Junius, Écossais, sur un ancien manuscrit de la bibliothèque du roi d’Angleterre. On doit ce manuscrit, venu d’Alexandrie, à Thècle, noble dame égyptienne qui vivait dans le temps du premier concile de Nicée (325). C’est un des plus beaux monuments de l’antiquité, et la plupart des auteurs l’ont citée, avec une sorte de complaisance. « Il y a, dit Tillemont, beaucoup d’onction et de force ; le style en est clair ; elle offre un grand rapport avec l’Épître aux Hébreux. On y trouve le même sens et les mêmes paroles ; ce qui fait croire à quelques critiques que saint Clément était le traducteur de cette Épître de saint Paul. »

L’épître de saint Clément aux Corinthiens, dont nous venons de parler, est purement exhortative, et écrite, par des motifs privés, en réponse à une autre qu’il avait reçue de cette église. Il pourrait aussi se faire que Clément Ier ne fut pas même pape, au moment où elle fut écrite. Fleury fait remonter la date de cette épître jusqu’à l’année 80, peu après l’élévation de Vespasien à l’empire (22 décembre 69 - 23 juin 79). Si cela, d’ailleurs, était avéré, il s’en suivrait que l’évêque et l’église de Corinthe ne se soumettaient pas au pape, même en matière de consultation, puisqu’ils n’avaient jamais correspondu avec saint Anaclet.

Plusieurs auteurs attribuent aussi à Clément une autre Lettre aux Corinthiens, dont il ne nous reste qu’un grand fragment publié en latin par Godefroy Wendelin, et du grec par Patricius Junius. Saint Denis, de Corinthe, parle de cet écrit dans sa lettre à Soter, et il atteste que, de temps immémorial, on la lisait dans son église. Saint Irénée la qualifie de très puissante et très persuasive. Clément d’Alexandrie la rapporte dans ses Stromates, section 5, et elle est conforme au fragment évoqué plus haut. Origène la cite dans ses Commentaires sur saint Jean.

Il existe à Rome une église appelée Saint-Clément. On prétend qu’elle avait été fondée sur le sol de la maison paternelle du pontife dont nous parlons, et que cette construction eut lieu sous Constantin, en mémoire du disciple de saint Pierre. C’est dans cette église, objet de la vénération particulière des Romains, qu’en 417 Célestius, disciple de l’hérésiarque Pélage, fut jugé par le pape Zosime. On trouve que, sous le pape Léon le Grand (440-461) on avait accordé un titre à cette église.

En deux ordinations, Clément créa quinze évêques, ordonna dix prêtres et onze diacres. Quoi qu’en disent plusieurs savants modernes, il y a bien de l’apparence que c’est à saint Clément, et non à saint Fabien, qu’on doit rapporter la mission des premiers évêques dans les Gaules.

Clément mourut saintement, ou, selon d’autres, il souffrit le martyre, vers 99, lors de la troisième persécution des chrétiens, menée par l’empereur romain Trajan (28 janvier 98 - 9 août 117). Il aurait été exilé à Cherson, ville du Pont, et là noyé dans la mer. Rufin, le pape saint Zosime, et le concile de Bâle tenu en 456, donnent expressément à saint Clément le titre de martyr pour la foi de Jésus-Christ.

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Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

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