LA FRANCE PITTORESQUE
28 juillet 1655 : mort de l’écrivain
Savinien de Cyrano de Bergerac
(D’après « Dictionnaire historique, critique et bibliographique,
contenant la vie des hommes illustres, etc. » (Tome 3) paru en 1821
et « Dictionnaire critique de biographie
et d’histoire » (par Augustin Jal) édition de 1872)
Publié le lundi 25 juillet 2016, par Redaction
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Né à Paris, Savinien de Cyrano, dit de Bergerac fut baptisé le 6 mars 1619, son acte de baptême portant que : « Le sixième mars mil six cens dix neuf, Savinien, fils d’Abel de Cyrano, escuier, sieur de Mauvières, et de damoiselle Esperance Bellenger (sic), le parrain noble homme Antoine Fanny, conseiller du Roy et auditeur en sa chambre des comptes, de cette paroisse [Saint-Sauveur], la marraine damoiselle Marie Fédeau, femme de noble homme Me Louis Perrot, conseiller et secrétaire du Roy, maison et couronne de France, de la paroisse de Saint-Germain l’Auxerrois. »

Représentation de Savinien de Cyrano de Bergerac

Représentation de Savinien de Cyrano de Bergerac

Il avait reçu, non le nom d’Antoine qui était celui de son parrain et déjà donné à l’un de ses frères en 1616, mais celui de Savinien, en mémoire de son grand-père, mort en 1590. C’est ce même grand-père qui quelque quarante années plus tôt avait acquis les fiefs de Mauvières et de Bergerac, situés tous deux sur les bords de l’Yvette, dans la vallée de Chevreuse en région parisienne, et où le père de notre Savinien de Cyrano s’installa en 1622.

Son ami d’enfance Henry Le Bret, juriste et homme de lettres, écrira plus tard au sujet de la jeunesse de Cyrano : « L’éducation que nous avions eue ensemble chez un bon prêtre de la campagne qui tenait de petits pensionnaires nous avait faits amis dès notre plus tendre jeunesse, et je me souviens de l’aversion qu’il avait dès ce temps-là pour ce qui lui paraissait l’ombre d’un Sidias [nom d’un personnage de pédant dans Première journée, fragment d’histoire comique de Théophile de Viau], parce que, dans la pensée que cet homme en tenait un peu [était un tant soit peu pédant], il le croyait incapable de lui enseigner quelque chose ; de sorte qu’il faisait si peu d’état de ses leçons et de ses corrections, que son père, qui était un bon vieux gentilhomme assez indifférent pour l’éducation de ses enfants et trop crédule aux plaintes de celui-ci, l’en retira un peu trop brusquement, et, sans s’informer si son fils serait mieux autre part, il l’envoya en cette ville [Paris], où il le laissa jusqu’à dix-neuf ans sur sa bonne foi. »

D’un caractère bouillant et singulier, le jeune Savinien entra en qualité de cadet au régiment des gardes, et fut bientôt connu comme la terreur des braves de son temps. Il n’y avait presque point de jours qu’il ne se battît en duel, non seulement pour lui, mais pour ses amis. Cent hommes s’étant attroupés un jour sur le fossé de la porte de Nesle, pour insulter un homme de sa connaissance, il dispersa lui seul toute cette troupe, après en avoir tué deux et blessé sept. On lui donna, d’une commune voix, le nom d’Intrépide.

Cyrano avait le nez de travers et défiguré. Quiconque en riait en le regardant était sûr d’être appelé en duel. Deux blessures qu’il reçut à la tête, l’une au siège de Mouzon — un coup de mousquet —, l’autre au siège d’Arras en 1640 — un coup d’épée dans la gorge —, et son amour pour les lettres, lui firent abandonner le métier de la guerre. Il étudia sous le célèbre philosophe Gassendi, avec Chapelle, Molière et Bernier.

Son imagination pleine de feu et inépuisable pour la plaisanterie, lui procura quelques amis puissants, entre autres le maréchal de Gassion, qui aimait les gens d’esprit et de cœur ; mais son humeur libre et indépendante l’empêcha de profiter de leur protection. Il mourut en 1655, à 36 ans.

Portrait de Savinien de Cyrano de Bergerac

Portrait de Savinien de Cyrano de Bergerac

Ce poète, qui avait eu une jeunesse fort orageuse et des passions violentes, auxquelles il se livrait sans retenue, menait depuis quelque temps une vie plus exemplaire et plus retirée. Un jour qu’on jouait son Agrippine, de bonnes gens prévenus qu’il y avait des passages dangereux qui l’avaient fait accuser d’athéisme, les laissèrent tous passer sans s’en apercevoir ; mais lorsqu’on fut à l’endroit où Séjan, résolu de faire mourir Tibère, dit : « Frappons, voilà l’hostie », ils s’écrièrent aussitôt : « Ah le méchant ! Ah l’impie ! comme il parle du Saint-Sacrement ! » Cette tragédie fut très bien reçue du public, de même que la comédie en prose du Pédant joué.

On a encore de lui : 1° Histoire comique des états et empires de la Lune ; 2° Histoire comique des états et empires du soleil. Il paraît, par le style burlesque, sautillant et singulier de ces deux ouvrages, que l’esprit de l’auteur faisait de fréquents voyages dans les pays qu’il décrit. On voit pourtant, à travers ces polissonneries, qu’il savait fort bien les principes de Descartes, et que si l’âge avait pu le mûrir, il aurait été capable de quelque chose de mieux ; 3° Des Lettres ; 4° Un petit recueil d’Entretiens pointus, semés, comme toutes ses autres productions, de pointes et d’équivoques ; 5°Un Fragment de physique.

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