LA FRANCE PITTORESQUE
Sistimus hic tandem nobis
ubi defuit orbis
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Publié le lundi 11 juillet 2016, par Redaction
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Nous nous sommes arrêtés quand la terre nous a manqué
 

Regnard, notre poète comique, eut dans sa jeunesse la passion des voyages. Après avoir parcouru l’Italie, il fut pris par des corsaires, retenu comme esclave à Alger et racheté seulement au bout de trois ans. Il visita successivement la Flandre, la Hollande, le Danemark et la Suède. De là il se rendit en Laponie avec deux Français, Fercourt et Corberon. Tous trois s’avancèrent dans le Nord, gravirent la montagne de Métawara, et, ne pouvant aller au delà, ils laissèrent sur un rocher, d’autres dans une église, cette inscription composée par Regnard :

Gallia nos genuit ; vidit nos Africa ; Gangem
Hausimus, Europemque ocultis listravimus omnem ;
Casibus et variis acti terraque marique,
Sistimus hic tandem nobis ubi defuit orbis.

« La France nous a donné naissance ; nous avons vu l’Afrique et bu les eaux du Gange ; nous avons parcouru l’Europe entière : après bien des aventures, nous nous sommes arrêtés ici, où la terre nous a manqué. »

« Comme Claude Frollo avait parcouru dès sa jeunesse le cercle presque entier des connaissances humaines, positives, extérieures et licites, force lui fut, à moins de s’arrêter ubi defuit orbis, force lui fut d’aller plus loin et de chercher d’autres aliments à l’activité insatiable du génie humain. » (Victor HUGO, Notre-Dame de Paris)

« Regnard était né voyageur. Il ne pensa à écrire des comédies qu’après avoir assisté, du Nord au Midi, à la comédie humaine, qui est partout la même comédie, sur la neige comme sur le sable brûlé, Le premier vers qu’il signa fut ce vers latin, qu’il grava sur un rocher en Laponie : Sistimus hic tandem nobis ubi defuit orbis. » (Arsène HOUSSAYE, 41e fauteuil)

« Chaque être ne met de bornes à son ambition que parce qu’il en existe à ses facultés. Tous, l’homme compris, vont jusqu’où ils peuvent ; tous, parvenus au terme qui les arrête, écrivent, comme le poète, en accusant leur impuissance avec orgueil : Sistimus hic tandem nobis ubi defuit orbis. » (LACORDAIRE)

« Il existe dans l’église treize inscriptions dictées par ceux qui venaient se reposer dans ce temple lointain ; d’abord l’inscription si connue de Regnard, qui se termine par cette gasconnade : Sistimus hic tandem nobis ubi defuit orbis. Le bon Regnard aurait pu parcourir encore une assez jolie étendue de pays avant que la terre lui manquât. » (Xavier MARMIER, Voyage en Laponie)

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Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

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