LA FRANCE PITTORESQUE
Sic vos non vobis
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Publié le lundi 11 juillet 2016, par Redaction
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Ainsi vous — travaillez — et ce n’est pas pour vous
 

Voici l’origine de cette locution :

Auguste faisait célébrer à Rome des fêtes publiques qui furent interrompues par un orage ; mais, dès le lendemain, les jeux recommencèrent, et Virgile traça le distique suivant sur la porte du palais : Nocte pluit tota, redeunt spectacula mane : divisum imperium cum Jove Caesar habet.
« Il a plu toute la nuit, le matin recommencent les spectacles publics : Auguste partage avec Jupiter l’empire du monde. »

Auguste ayant voulu connaître celui à qui il devait ces vers flatteurs, Virgile ne se présenta pas, et un poète obscur, du nom de Bathylle, finit par s’en déclarer l’auteur. Il fut comblé d’éloges et largement récompensé. Piqué de voir un autre recevoir des honneurs qui lui étaient dus, bien qu’il ne les eût pas désirés, Virgile écrivit de nouveau les deux vers sur les murs du palais, et traça, au-dessous celui-ci :

Hos ego versiculos feci, tulit alter honores

(De ces deux petits vers, Romains, je suis l’auteur, et cependant un autre en reçoit tout l’honneur).

Il y ajouta le commencement de quatre autres vers, dont les premiers mots étaient Sic vos non vobis. Auguste exprima le désir de les voir achevés ; Bathylle essaya vainement, et Virgile les compléta de la manière suivante :

Sic vos non vobis nidificatis, aves ;
Sic vos non vobis fertis, oves ;
Sic vos non vobis mellificatis, apes ;
Sic vos non vobis fertis aratra, boves.

Ainsi, mais non pour lui, l’agneau porte la laine ;
Ainsi, mais non pour lui, le boeuf creuse la plaine ;
L’oiseau bâtit son nid pour d’autres que pour lui,
Et le miel de l’abeille est formé pour autrui.

« Constamment dépouillé, Sauvage put commencer cette fois l’exploitation de son réducteur, la seule de ses créations où lui avait été épargné le fatal sic vos non vobis, et qui est employé aujourd’hui par son fils à la reproduction des antiquités du Louvre. » (Louis COMBES)

« C’est un mauvais calcul que de dérober, même en littérature. On sait ce qu’il en advint à Bathylle. Gare au sic vos non vobis ! On s’expose ainsi à des risques proportionnés à la valeur de l’objet dérobé, à une honte proportionnée à la gloire qu’on a usurpée. » (ARNAULT)

« Machinalement j’ouvris le papier resté dans ma main ; une boucle de cheveux s’offrit à ma vue, une jolie boucle dorée, soyeuse, récemment coupée, et, selon toute apparence, destinée à l’auteur légitime du sonnet, qui l’attendait depuis près d’un mois. — Sic vos non vobis, dis-je, en me laissant tomber sur la banc, avec une hilarité d’écolier. » (Ch. DE BERNARD)

« Lorsque Mesmer, à Londres, apprit le succès de M. Deslon, son élève, il crut ne pas devoir se borner à dire : Sic vos non vobis... il repassa bientôt le détroit de Calais, accourut à Paris, et son premier souhait fut d’accuser d’infidélité et surtout d’ignorance un élève qui osait magnétiser pour son seul et privé compte. » (GRIMM, Correspondance littéraire)

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Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

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