LA FRANCE PITTORESQUE
Pro domo sua
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Publié le lundi 4 juillet 2016, par Redaction
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Pour sa maison
 

C’est le titre d’une des harangues de Cicéron. Un patricien nommé Clodius, ayant vu Cicéron déposer contre lui dans une affaire criminelle, jura de se venger. Il se fit élire tribun du peuple, et proposa aussitôt une loi contre ceux qui avaient fait mettre à mort des citoyens romains sans jugement préalable.

C’était un coup porté à Cicéronp qui venait de mériter le nom de Père de la Patrie en frappant Catilina. Soutenu par le sénat et par l’ordre équestre, Cicéron aurait pu lutter ; il préféra céder à l’orage et se retira de Rome. Non content de l’avoir fait exiler, Clodius s’était jeté sur sa maison du mont Palatin, y avait fait mettre le feu, s’était approprié la plus grande partie du terrain, et avait fait bâtir sur le reste un temple et une statue de la Liberté. Rappelé par les suffrages publics, Cicéron rentra à Rome après une absence de dix-sept mois ; son retour fut un vrai triomphe. Jaloux de recouvrer au moins l’emplacement de sa maison, il plaida devant le tribunal des pontifes, et défendit sa propre cause avec autant de succès qu’il avait si souvent détendu celle des autres.

« Mirabeau tenait de son oncle et de son père, qui, comme saint Simon, écrivait à la diable des pages immortelles. Cette observation de Chateaubriand s’applique on ne peut mieux aux prosateurs les plus célèbres de France. L’auteur des Mémoires d’outre-tombe, le grand-maître en cacophonies acerbes, ne semble-t-il pas avoir parlé pour son propre compte et plaidé pro domo sua ? » (CASTIL-BLAZE)

« Froidevaux, repartit le juge de paix d’un ton sec, est-ce que vous comptez plaider ? — Comment si je compte plaider ? Oui, pardieu, je plaiderai, et de mon mieux ; c’est le cas ou jamais d’avoir de l’éloquence, puisque je suis moi-même mon client ; aussi j’espère bien que ma défense fera un digne pendant à l’oraison de Cicéron pro doma sua. » (Ch. DE BERNARD, Le Gentilhomme campagnard)

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