LA FRANCE PITTORESQUE
Magister dixit
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Publié le lundi 20 juin 2016, par Redaction
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Le maître l’a dit
 

Paroles sacramentelles des scolastiques du Moyen Age, lorsque, à l’instar des disciples de Pythagore, ils appuyaient leur opinion sur l’autorité du maître, Aristote.

On a presque rendu Aristote responsable de l’extravagance de ses enthousiastes. Mais celui qui disait lui-même en parlant de son maître : Je suis un ami de Platon, mais encore plus de la vérité, n’avait pas enseigné aux hommes à préférer l’autorité à l’évidence ; et celui qui leur avait appris le premier à soumettre toutes leurs idées aux formes du raisonnement, n’aurait pas avoué pour disciples des hommes qui croyaient répondre à tout par ce seul mot : Le maître l’a dit.

Cette phrase était en quelque sorte la devise de La Fontaine, dont on connaît le respect pour les Anciens. Veut-il montrer qu’on ne saurait trop égayer une narration : « Il ne s’agit pas ici d’en apporter une raison ; c’est assez que Quintilien l’ait dit. » C’est avec la même docilité qu’il exprime dans la fable le Singe et le Dauphin : « Pline le dit, il faut le croire. »

On rencontre souvent dans les auteurs latins, ipse dixit (il l’a dit), au lieu de magister dixit. On dit encore, dans le même sens, in verba magistri (par la parole du maître) : Jurer in verba magistri.

« Pythagore avait acquis un si grand crédit sur ses disciples, que, sans examiner la vérité et la possibilité de ses opinions, ils les recevaient avec une entière soumission, et lorsqu’on voulait leur en montrer le faux et l’absurde, ils répondaient simplement et ridiculement : Magister dixit. » (Le marquis d’ARGENSON)

« L’homme ne dira plus : Magister dixit. L’homme est émancipé de l’homme. L’homme dira : La vérité dit, la science dit. » (P. LEROUX, Discours aux politiques)

« Aussi, ses élèves ne sont pas réduits, comme les pythagoriciens, à opposer à leurs adversaires, comme la tête de Méduse, le fameux argument : Magister dixit ; ils trouvent, dans leur propre fonds, les raisons de décider les contestations qui leur sont soumises. » (Galerie de littérature)

« Cet hôte qu’on admire, c’est le journal, c’est-à-dire le Siècle, le Constitutionnel ou tel autre, et on ne discute pas contre le journal ! C’est la seule autorité que le temps présent reconnaisse. Il est le juge souverain, le maître incontesté : Magister dixit. » (SALVANDY)

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