LA FRANCE PITTORESQUE
Macte animo !
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Publié le lundi 20 juin 2016, par Redaction
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Courage !
 

Paroles d’encouragment, qui se retrouvent légèrement modifiées dans ce vers de Virgile (Enéide, livre IX, v. 641) : Macte, nova virtute, puer, sic itur ad astra ! (Courage, enfant, c’est ainsi que l’on arrive aux cieux !). C’est Apollon qui adresse ces mots au jeune Ascagne.

Louis XVIII avait un faible pour la langue latine. Il s’en servait même dans les circonstances les plus graves et les plus critiques, témoin cette question qu’il adresse à Dupuytren sur l’état du duc de Berry, quelques heures après l’attentat de Louvel, et à laquelle le grand opérateur, qui était meilleur chirurgien que latiniste, ne sut pas répondre. Cette manie royale donna lieu un jour à un quiproquo comique.

On sait que les petits levers furent rétablis sous la Restauration ; Louis XVIII s’y montrait très aimable, très spirituel surtout. Un jour, il congédia ses courtisans par ces deux mots d’encouragement : « Macte animo ! - Tiens ! dit un marquis à l’un de ses voisins, qu’a donc Sa Majesté ce matin ? Elle nous dit marchez, animaux. »

Cette phrase exclamative était la locution favorite de Voltaire ; elle se trouve souvent dans sa correspondance.

« J’ai reçu, monsieur, votre lettre du 10 décembre, et, depuis ce temps, une heureuse occasion a fait parvenir jusqu’à moi votre livre de philosophie. Mes louanges vous seront fort inutiles ; je suis un juge bien corrompu. Je pense absolument comme vous presque sur tout. Si l’intérêt de mon opinion ne me rendait pas un peu suspect, je vous dirais : Macte animo, generose puer, sic itur ad astra. Mais je ne veux pas vous louer, je ne veux que vous remercier. » (VOLTAIRE, Lettre à M. le marquis d’Argenson)

« Cultivez votre génie, mon cher enfant. Je vous y exhorte hardiment, parce que je sais que jamais vos goûts ne vous feront oublier vos devoirs, et que chez vous l’homme, le poète et le philosophe seront également estimables. Je vous aime trop pour vous tromper : Macte animo, generose puer, sic itur ad astra. En allant ad astra, n’oubliez pas Cirey. » (VOLTAIRE, Lettre à Helvétius)

« On dit que vous avez un fils digne d’un autre siècle, mais non d’un autre père. Il fait de jolis vers : Macte animo, generose puer. Je croyais qu’on ne faisait plus de vers français qu’en Prusse et en Silésie. » (VOLTAIRE, Lettre à M. le marquis d’Argenson)

« Il ne faut que cinq ou six philosophes qui s’entendent pour renverser le colosse. Cette grande mission a déjà d’heureux succès. La vérité gagne au point que j’ai vu, dans ma retraite, des Espagnols et des Portugais détester l’inquisition comme des Français. Macte animo, generose puer, sic itur ad astra. Autrefois, on aurait dit : Sic itur ad ignem (au feu). » (VOLTAIRE)

« Bonjour mon très cher enfant, je vous serre sur mon cœur. Si je vous voyais, je vous dirais peut-être quelques mots de plus. Macte animo. Et quel temps fut jamais plus fertile en miracles ? Adieu, adieu ! » (Joseph DE MAISTRE)

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