LA FRANCE PITTORESQUE
Défense des plantes
contre les insectes qui les nuisent
(D’après un article paru en 1878)
Publié le vendredi 15 janvier 2010, par LA RÉDACTION
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Plusieurs naturalistes se sont beaucoup occupés dans ces dernières années, en Allemagne, en Angleterre et en Italie, des nombreuses et intéressantes relations qui existent entre les insectes et les plantes. Plus récemment, à côté de celles qui ont pour but de faciliter la fécondation des fleurs par l’intervention des insectes, on s’est occupé aussi des moyens de défense que semblent parfois employer les végétaux contre leurs ennemis.

On a bien souvent exagéré la portée des observations faites dans cette voie, et il est certain que de sincères expériences devraient être faites avant qu’on puisse affirmer avec certitude la justesse des conclusions de Darwin, de sir John Lubbock et de Delpino. Citons cependant quelques observations curieuses et les hypothèses plus ou moins ingénieuses auxquelles elles ont donné lieu.

Non seulement les poils et les piquants peuvent souvent préserver les plantes du contact des insectes, mais certaines dispositions spéciales de leurs organes semblent avoir le même effet.

C’est ainsi que les Dipsacus, plantes voisines des scabieuses, présentent sur leur tige des feuilles opposées deux à deux qui se rejoignent par les bords en se creusant au milieu, de façon à former une sorte de petite cuvette où l’eau déposée par la pluie ou la rosée peut être longtemps conservée. Le genre Dipsacus (de dipsa, soif) doit son nom à cette disposition, sur la supposition que l’eau retenue ainsi dans les feuilles pourrait servir à apaiser la soif des voyageurs. M. Francis Darwin, le fils du célèbre naturaliste anglais, attribue un rôle de défense à cette succession de petites cuvettes d’eau, qui, placées de distance en distance sur le trajet de la tige, opposent un obstacle, comme les fossés d’un château, à l’ascension des insectes nuisibles. Il va même jusqu’à prétendre que des filaments émis par l’épiderme de la plante plongent dans cette eau et sucent les petits insectes qui se sont noyés dedans ; de façon que non seulement la plante écarterait ses ennemis, mais s’en nourrirait.

Dans d’autres cas, le végétal attirerait certaines espèces d’insectes pour lui servir de gardiens contre d’autres espèces qui pourraient l’attaquer. c’est ainsi qu’on prétend expliquer l’existence des glandes odorantes ou mellifères qu’on trouve sur les feuilles d’un certain nombre de plantes. Les fourmis ou les guêpes, qui viennent à l’appât que forme le liquide sécrété par ces glandes, protégeraient par leur présence le végétal contre les chenilles.

C’est aussi au moyen d’hypothèses analogues que l’on attribue un rôle important à un grand nombre de pièces accessoires des corolles ou des étamines des fleurs. Les écailles, anneaux de poils, piquants, etc., qu’elles portent, serviraient à écarter certains insectes pour ne laisser parvenir dans la fleur que ceux qui lui sont utiles en transportant le pollen sur le stigmate.

Nous signalons ces études curieuses seulement à titre de conjectures : les expériences faites jusqu’à ce jour ne permettent encore de rien conclure : il en est presque de même de la question des plantes carnivores. Que les personnes de bonne volonté viennent en aide à la science en observant avec attention et sincérité !

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Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

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