LA FRANCE PITTORESQUE
Felix culpa !
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Publié le mercredi 4 mai 2016, par Redaction
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Heureuse faute !
 

Paroles transportées d’une homélie de saint Augustin dans l’hymne Exullet jam angelica turba caelorum, qui se chante le samedi saint, pendant la bénédiction des cierges : O felix culpa, quae talem ac tantum meruit habere redemptorem ! (Heureuse faute, qui a mérité un si grand rédempteur !).
Saint Augustin appelle une heureuse faute le péché originel, qui a mérité aux hommes la gloire d’être rachetés par le Fils de Dieu.

« Il s’est trouvé de nos jours des paysans du Danube pour faire un crime à Voltaire des caresses charmantes et pleines d’ironie qu’il prodiguait aux grands d’une main libérale et insouciante, soit ; ces hommes reprocheraient à la rose ses parfums ; mais n’est-ce pas le cas de s’écrier : O felix culpa ! » (LANFREY)

« L’Autriche, qui ne peut dégarnir les autres parties de l’empire, a amené sur le champ de bataille toutes ses troupes disponibles, l’élite de ses généraux. L’empereur François-Joseph doit commencer à comprendre qu’en déclarant la guerre à la France, il a commis une irréparable faute : Felix culpa ! L’Italie lui doit sa délivrance. » (Louis JOURDAN)

« Je ne saurais, monsieur, me dispenser de vous féliciter sur l’édification que vous venez de répandre parmi les personnes attachées à la religion : on sent que le cœur parle encore plus que l’esprit dans votre paraphrase du De profundis ; vous y regrettez, avec énergie, un égarement de votre jeunesse ; on pourrait dire felix culpa ! » (TANNEVOT, Lettre à Piron)

« Nous chantons bien à l’église felix culpa ! pour le plus grand de tous les crimes, puisqu’il a perdu le genre humain. Pourquoi ne nous permettrions-nous pas la même exclamation en voyant dans l’avenir tout ce que doit produire cette grande mort toute vitale et vivifiante (Assassinat du duc de Berry) ? N’en doutez pas, monsieur le vicomte, nous venons de voir la fin des expiations. Le régent même et Louis XV ne doivent plus rien, et la maison de Bourbon a reçu l’absolution. » (Joseph DE MAISTRE)

« Un soir, au réfectoire, au lieu d’une lecture insipide que les quatre cents élèves s’apprêtaient à ne pas écouter, on entend lire un bulletin de victoire daté de Lutzen, où les grands noms de l’histoire moderne se croisent et s’entrechoquent comme dans un conflit d’armées ; le champ de bataille est décrit, les mouvements militaires esquissés à grands traits, et le tout est accompagné d’une proclamation où l’auditoire croit reconnaître le grand style de l’Empereur. Le lendemain tout se découvrit, l’auteur de récit, du bulletin, de la Proclamation et de la bataille, c’était l’élève Salvandy. Il y avait là une de ces fautes, felix culpa ! qu’il n’est pas donné à tous de commettre, et qu’on punit en les admirant. » (DE PONTMARTIN, Causeries littéraires)

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