J’ai perdu ma journée
Mot célèbre de l’empereur Titus ; quand il avait passé une journée sans trouver l’occasion de faire du bien, d’accorder une grâce, il s’écriait : « Mes amis, j’ai perdu ma journée. »
Voltaire écrivait au célèbre mathématicien Maupertuis : C’est à vous à dire, quand vous avez passé une journée sans instruire quelqu’un : « Diem perdidi. »
Racine a paraphrasé le mot de Titus dans ces vers de Bérénice (acte IV, scène IV) :
D’un temps si précieux quel compte puis-je rendre ? Où sont ces jours heureux que je faisais attendre ? Quels pleurs ai-je séchés ? Dans quels yeux satisfaits Ai-je déjà goûté le fruit de mes bienfaits ? L’univers a-t-il vu changer ses destinées ? Sais-je combien le ciel m’a compté de journées ? Et de ce peu de jours si longtemps attendus, Ah ! malheureux, combien j’en ai déjà perdus ! |
Dans son épître au roi, Boileau a mieux rendu la même pensée :
Tel fut cet empereur sous qui Rome adorée, Vit renaître les jours de Saturne et de Rhée ; Qui rendit de son joug l’univers amoureux ; Qu’on alla jamais voir sans revenir heureux ; Qui soupirait le soir, si sa main fortunée N’avait par ses bienfaits signalé la journée. |
Le sentiment seul a fait éclore ces beaux vers, a dit Le Brun. Louis XIV se fit relire ce passage jusqu’à trois fois.
« Il me faut un potage, c’est une si vieille habitude que, quand je passe une journée sans en prendre, je dis comme Titus : Diem perdidi. » (BRILLAT-SAVARIN)
« Dans l’enseignement, il n’y a pas de gradation d’une année à l’autre ; le plus souvent, il n’y a encore aucune gradation dans l’enseignement d’une seule année ; et combien peu de maîtres songent à disposer même l’enseignement d’un seul jour, pour qu’il forme un tout et que le bon élève ne soit pas forcé de dire le soir : Diem perdidi. » (Gatien ARNOULT)
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