LA FRANCE PITTORESQUE
Castigat ridendo mores
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Publié le samedi 16 avril 2016, par Redaction
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La comédie châtie les mœurs en riant
 

Voici l’origine de cette devise de la comédie :

Il y avait longtemps que Dominique, arlequin des Italiens, désirait avoir du poète Santeuil une épigraphe pour mettre sur la toile de son théâtre ; mais, comme le héron de la fable, le poète a ses heures, et Dominique ne pouvait rien obtenir. Il s’affuble un jour de son habit de théâtre, prend un sabre de bois, s’enveloppe de son manteau, se met à courir autour de la chambre en faisant mille lazzis et différentes postures de caractère.

Santeuil, surpris, arrête brusquement le comédien, et le serrant de près : « Je veux que tu me dises qui tu es ? — Je suis le Santeuil de la comédie italienne. — Et moi, reprit le poète, qui reconnut Dominique à l’expression originale de ses attitudes, l’arlequin de Saint-Victor. »

Le poète répond aux singeries de l’acteur par des grimaces et des contorsions. Ils finissent leur farce par s’embrasser. Ce fut ce moment de verve et de bonne humeur que le comédien saisit pour obtenir du poète l’épigraphe si connue, qu’on lit encore sur la toile de quelques théâtres : Castigat ridendo mores.

« Ce qu’on dit de la comédie, castigat ridendo mores, est plus vrai encore de la fable. Sous des formes variées, attrayantes, elle a toujours servi de guide aux hommes. » (Anatole de LA FORGE)

« On vient nous répéter que la comédie corrige en amusant : Castigat ridendo ; il me semble bien plus évident qu’elle amuse sans corriger, quand toutefois elle amuse. » (Revue de Paris)

« Cela fâchait le grand évêque de Meaux qu’on appelât le théâtre l’École des mœurs, et il avait boudé Santeuil pour sa fameuse inscription : Castigat ridendo mores. » (J. JANIN)

« Je n’ignorais pas que la comédie châtie les mœurs en riant : Castigat ridendo mores. J’ai donc ri avec tout le monde, mais en trouvant pourtant qu’il serait plus vrai de dire de la comédie qu’elle corrompt les mœurs en riant. » (TOPFFER)

« Le grand nombre de gens qui vont à la Bourse prouve que les livres, les réquisitoires et les romans de mœurs ne sont pas aussi efficaces qu’on aurait pu le croire pour corriger les travers d’une nation ; le résultat tend même à faire douter de la vérité de cette vieille devise de la comédie : Castigat ridendo mores. Il est vrai que toutes les comédies ne font pas rire, fussent-elles en cinq actes et en vers. » (Le Siècle)

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