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Marcel Proust : la BnF révèle
les secrets de son agenda 1906
(Source : France Télévisions)
Publié le jeudi 26 novembre 2015, par Redaction
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« Une église qui a une coupole peut-elle avoir un clocher », « Peut-on dire bourgeois au temps de Saint-Simon » se demande Proust dans un petit agenda de 1906. Pourquoi ces questions ? La Bibliothèque nationale a enquêté et donne les réponses dans la version numérique de ce document unique, accessible gratuitement sur internet.
 

C’est un véritable décryptage qu’a effectué la Bibliothèque nationale de France (BnF) pour percer le mystère des 17 feuillets de notes griffonnées, parfois rageusement biffées, par Proust, raconte Guillaume Fau, chef du service des manuscrits modernes et contemporains à la BnF. Pour en savoir plus sur les personnes mentionnées par le romancier dans cet agenda de cuir grenat, couvrant les trois premiers mois de 1906, la Bnf a consulté notamment les archives de la préfecture de police. Rien n’a été laissé dans l’ombre.

Résultat : un document exceptionnel accessible gratuitement sur internet. L’agenda 1906, propriété de la BnF depuis 2013, se révèle un incroyable carnet de travail de l’écrivain en train de rédiger Du côté de chez Swann. C’est le seul agenda connu de Proust. Les recherches nous apprennent que l’écrivain s’en est servi en 1909 puis en 1913. Seules 17 de la cinquantaine de pages que compte cet agenda ont été utilisées. Les autres sont vierges.

L’intégralité du document est mise en ligne par la BnF via la plateforme OpenEdition Books. On peut lire les notes, parfois difficilement déchiffrables, de la main de Proust ou choisir leur transcription moderne. De multiples liens renvoient au riche fonds Proust de la BnF (carnets, cahiers, épreuves, etc.). On peut partir d’une note dans l’agenda et se rendre directement dans l’œuvre de Proust où elle a été utilisée. Ainsi, même un lecteur peu familier de l’écrivain peut se plonger sans se noyer dans la genèse d’A la recherche du temps perdu.

Agenda 1906 de Marcel Proust

Agenda 1906 de Marcel Proust. © Bibliothèque nationale de France

Carnet laboratoire de Proust
Etrangement, cet agenda n’est mentionné ni dans la correspondance, ni dans les manuscrits de Proust, relève M. Fau. Même si on y trouve quelques adresses et un numéro de téléphone, l’agenda n’a pas servi à noter des rendez-vous. Quasiment toutes les annotations concernent le roman en cours d’élaboration. Il s’agit de vérifications à opérer, de corrections ou de reformulations à apporter. Sur la page du 9 janvier, Proust écrit « estragon », « pommes de terre à la vapeur », « brioche bénie », trois éléments qu’on retrouvera dans Du côté de chez Swann.

Le « chêne d’Amérique », les « marronniers et lilas de Trianon », évoqués à la page du 15 janvier, figurent dans la description du bois de Boulogne. L’obscure « coagulation d’un œuf propulsé », à la date du 18 janvier, est utilisée pour décrire le soleil dans Sodome et Gomorrhe.

Filature à Paris
L’agenda contient des listes de termes d’architecture, de cuisine ou de botanique... Sur certains feuillets, il est question d’une filature à travers Paris. La personne suivie est simplement notée sous la lettre A. Sans doute le chauffeur et secrétaire de Proust, Alfred Agostinelli, un des modèles du personnage d’Albertine.

Dans La prisonnière avec Albertine justement, on retrouvera un épisode de filature. Ici et là, des notes indiquent des recherches sur le milieu homosexuel, avec des noms de domestiques et de leurs maîtres. Il est question de l’hôtel de Madrid, rue de la Bourse à Paris, réputé pour abriter les couples homosexuels.

Pour consulter l’agenda 1906 de Proust : CLIQUEZ ICI

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