LA FRANCE PITTORESQUE
De quoi sont morts
nos rois de France ?
(Source : Paris Match)
Publié le dimanche 8 novembre 2015, par Redaction
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De Saint Louis à Napoléon III, les meilleurs historiens actuels décryptent la fin de nos souverains les plus célèbres. Qu’elles soient criminelles ou accidentelles, longues ou spectaculaires, leurs morts sont à la fois tragiques et éminemment politiques. Elles constituent paradoxalement le moment clé de leur existence, qui conditionne leur inscription dans la postérité.
 

Henri IV assassiné par Ravaillac. La fin tragique du Vert Galant en 1610 est l’un des épisodes les plus connus de l’histoire de France. Mais ce n’est pas, comme raconte la petite histoire, parce qu’il n’aimait pas la poule au pot que le meurtrier a poignardé le Roi. Si cela est sûr, en revanche les motivations de son acte demeurent aujourd’hui encore une énigme pour les historiens, entre complot et acte isolé guidé par des convictions religieuses.

À croire qu’il ne fallait pas se nommer Henri quand on était roi de France. Henri III, le prédécesseur d’Henri IV, est mort lui aussi assassiné. Et de la même façon, poignardé. « Dans la matinée du 1er août 1589, à Saint-Cloud, un jeune moine d’apparence anodine plante son couteau dans le bas-ventre du roi Henri III (1574-1589), qui ne survit que quelques heures à sa blessure », raconte l’historien Jean-François Solnon dans le chapitre qu’il lui consacre dans Les derniers jours des rois. Quant à Henri II, le père d’Henri III, il est blessé lors d’un tournoi à Paris en 1559. Ayant reçu un éclat de lance dans l’œil le 30 juin, il n’en réchappe pas, et décède quelques jours plus tard, le 10 juillet.

Les derniers jours des rois, aux éditions Perrin

Les derniers jours des rois, aux éditions Perrin

Morts de maladie dans leur lit
Si Louis XVI est décapité le 21 janvier 1793, en pleine Révolution française et quelques mois avant son épouse Marie-Antoinette, ainsi que tout le monde le sait, ses prédécesseurs Louis XV et Louis XIV meurent dans leur lit à Versailles, de maladie. Le roi Soleil s’éteint à quelques jours de ses 77 ans le 1er septembre 1715, l’une de ses jambes ayant été gagnée par la gangrène. Son arrière-petit-fils Louis XV décède quant à lui le 10 mai 1774 de petite vérole (la variole). « Rien ne le laissait prévoir. Pas d’affection chronique touchant à son terme, pas de lente décrépitude due au grand âge. Il n’avait pas soixante-quatre ans, lorsqu’il fut emporté, à l’improviste, en l’espace de deux semaines. Comme l’incertitude pesa longtemps sur l’issue de sa maladie, ni lui ni son entourage n’eurent le loisir de s’y préparer », rappelle Simone Bertière dans l’ouvrage précédemment cité.

L’agonie est longue pour François Ier qui, miné par la syphilis, rend son dernier soupir à l’âge de 52 ans, le 31 mars 1547 au château de Rambouillet. Il est alors dit aux Français que le Roi est « mort d’une longue maladie qui se serait achevée par un flux de ventre », indique Didier Le Fur. Lequel précise : « Lors de l’autopsie, les médecins avaient constaté la présence d’une tumeur suppurante dans l’estomac. Les reins furent jugés gâtés et les intestins qualifiés de totalement pourris. Plus haut, une partie de la gorge était fortement altérée par de multiples ulcérations et le poumon commençait à être atteint lui aussi. Cette misère du corps royal, les Français ne l’apprirent que trois siècles plus tard. »

Charles X et Louis IX moururent aussi de maladie mais à l’étranger
À l’instar de Charles X — qui décède du choléra en exil en Autriche le 6 novembre 1836 à l’âge de 79 ans —, Louis IX ne meurt pas en France. Ce dernier se trouve en effet de l’autre côté de la Méditerranée pour cause de 8e croisade lorsqu’il succombe le 25 août 1270 à une épidémie de typhus devant Tunis. Que faire du corps ? Alors que le fils de Saint-Louis, le nouveau roi Philippe III, souhaite le ramener dans la nécropole des rois de France à Saint-Denis, le frère cadet de Louis IX, Charles d’Anjou, roi de Naples et de Sicile, propose de l’inhumer dans sa basilique royale de Monreale, près de Palerme.

Décès du roi Saint-Louis

Décès du roi Saint-Louis

Pour satisfaire les deux parties, il est décidé de dépecer le corps. « Philippe III reçut pour l’apporter à Saint-Denis la partie du cadavre constitué par les ossements, car seuls ils étaient susceptibles de devenir des reliques et beaucoup, comme Philippe III lui même, pensaient que Louis IX serait canonisé par l’Église. Charles d’Anjou dut se contenter de la partie molle du corps : les chairs et les entrailles », explique Jacques Le Goff, ajoutant : « Pour le cœur, il y a un doute. Selon certains témoins, Philippe III aurait accepté que son oncle l’emporte avec les entrailles à Monreale. Pour d’autres, plus crédibles, le nouveau roi les emporta avec les os à Saint-Denis ».

Ramenés à Saint-Denis, les ossements de Saint-Louis n’y reposent pas vraiment en paix. Très vite, il est d’usage de donner aux uns ou aux autres, en reliques, des petits morceaux du squelette royal. Et même hors de nos frontières comme le souligne le médiéviste : « Philippe le Bel et ses successeurs donnèrent des phalanges de doigt au roi de Norvège Haakon Magnusson pour l’église dédiée au saint roi qu’il fit construire dans l’île de Tysoën, près de Bergen (...) La reine Blanche de Suède pendant un voyage à Paris entre 1330 et 1340 reçut un reliquaire contenant quelques fragments du squelette destinés au monastère de Sainte-Brigitte à Vadstena. L’empereur Charles IV lors de son séjour parisien en 1378, en reçut d’autres qu’il envoya à la cathédrale de Prague ».

« Les derniers jours des rois » en version illustrée
La fin de Saint-Louis, Louis XI, François Ier, Henri III, Henri IV, Louis XIV, Louis XV, Louis XVI, Napoléon, Charles X, Louis-Philippe et Napoléon III est racontée dans l’ouvrage collectif de 288 pages Les derniers jours des rois, publié sous la direction de Patrice Gueniffey aux éditons Perrin en octobre 2015 (en vente en librairie au tarif de 29,90 euros). Il s’agit d’une version illustrée de nombreuses reproductions de tableaux et gravures du livre du même titre édité en janvier 2014. Certains rois présents dans l’ouvrage initial, tels Hugues Capet, Philippe-Auguste ou Charles V, n’y figurent pas, en raison de la difficulté liée à leur illustration.

Informations pratiques :
Les derniers jours des rois, sous la direction de Patrice Gueniffey, Éditions Perrin. 288 pages. 29,90 € > LE COMMANDER SUR AMAZON

Dominique Bonnet
Paris Match

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