LA FRANCE PITTORESQUE
La DS 19, star du Salon de l’Automobile
le 6 octobre 1955
(Source : Le Figaro Histoire)
Publié le mardi 6 octobre 2015, par Redaction
Imprimer cet article
La nouvelle Citroën présentée au Salon de l’Automobile le 6 octobre 1955 rencontre un vrai succès. C’est la bousculade. Sur le stand les commandes explosent.
 

Le 42ème Salon de l’Automobile qui se tient au Grand Palais à Paris à l’automne 1955, est marqué par la présentation de la nouvelle Citroën, la DS 19. La foule s’y précipite.

C’est l’attraction n°1. Ce modèle est révolutionnaire. Avec des techniques nouvelles. La direction de cette traction est assistée par servo-moteur hydraulique. C’est la première de ce genre en France. La D.S 19 offre une ligne hardie, une vision panoramique, une maniabilité, un confort de conduite sans comparaison avec les anciens modèles.

Les visiteurs sont conquis. Y compris le Président de la République René Coty — qui n’a pas son permis de conduire. Lors de sa venue le 7 octobre 1955 il s’écrie devant la reine du salon : « J’avais demandé à ce qu’elle me fût gardée pour la bonne bouche ! » Et Le Figaro de relater qu’« il fit deux fois le tour du stand en se mordillant le doigt, comme pour se garder du péché d’envie ».

Ruée au stand Citroën
La « DS mania » touche tout le monde. Ainsi Le Figaro lance dans son édition du 8-9 octobre 1955 une grande enquête sur « l’automobile dans votre vie ». A l’issue de laquelle, un jeu est proposé. Le gagnant sera récompensé par la nouvelle Citroën. Les Français ont un beau jouet. Mais un jouet qui a un goût de défendu en raison de son prix. 930 000 francs (le salaire net annuel moyen s’élève en 1955 à 4.247 francs). Ce qui n’empêche pas les commandes de s’envoler. Augmentant ainsi les délais de livraison. À chaque heure s’ajoute un mois. C’est le délire sur le stand Citroën.

Stand Citroën au Salon de l'Automobile 1955

Stand Citroën au Salon de l’Automobile 1955

Le Figaro du 7 octobre 1955 décrit l’ambiance et cette folie, sous la plume de Jacques Nosari :

« À 9 heures précises, le 6 octobre 1955, ce fut le premier assaut ! Après avoir battu impatiemment la semelle devant le Grand Palais, plusieurs milliers de vrais « mordus », soudain libérés par l’ouverture des portes, se ruèrent sous la verrière. Courant à perdre haleine, des messieurs apparemment très équilibrés fonçaient droit devant eux, mus par la force attractive... des chevaux-vapeur.

« L’attraction, c’était la traction, la bombe explosée la veille, la surprise du salon, la DS 19, la nouvelle Citroën... Vingt secondes plus tard, les plus rapides lévriers de la meute étaient résolument accrochés à la barrière protectrice, insensibles à la bousculade et fermement résolus à ne pas céder le moindre pouce de terrain avant d’avoir examiné le véhicule « révolutionnaire » sous tous ses angles.

« Les uns sont venus pour la carrosserie, d’autres pour le moteur ; ceux-là en sont pour leurs frais. Certes, le moteur existe mais on ne le voit pas. Une partie du mystère va-t-il subsister ? Non, les vendeurs se lancent dans l’éloquence. Mais où la fièvre atteint le paroxysme c’est devant le guichet des commandes. Les postulants agitent en chœur des carnets de chèques et des liasses de billets de banque comme on agite des drapeaux.

« J’attends la nouvelle traction depuis 1937, me confie tout ému un commerçant du Nord. Pendant deux heures j’ai vu près de mille personnes donner les 80.000 francs d’acompte nécessaires pour la commande ferme. Nous devons à la vérité de préciser qu’une très forte majorité des acheteurs sont des gens ayant dépassés la quarantaine. Souvent largement. Telle cette dame se précipitant vers son mari en criant : Trois mois, chéri, trois mois seulement ! Et cette autre dame implorant le vendeur : Je n’ai que quarante mille francs sur moi, voulez-vous quand même accepter ma commande ? L’homme eut une moue : les affaires restent les affaires... »

Véronique Laroche-Signorile
Le Figaro Histoire

Accédez à l’article source

Copyright © LA FRANCE PITTORESQUE
Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

Imprimer cet article

LA FRANCE PITTORESQUE