LA FRANCE PITTORESQUE
Progrès de la science confrontés
à la croyance en l’existence de Dieu
(Extrait de « L’Écho des Alpes-Maritimes »)
Publié le dimanche 9 décembre 2018, par Redaction
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En 1904, le pasteur Alfred Long (1866-1934), fondateur l’année précédente de L’Écho des Alpes-Maritimes, journal évangélique mensuel tirant à 150 000 exemplaires et visant à « renverser tous les raisonnements et tous les remparts qui s’opposent à la connaissance de Dieu », y pose la question de l’existence de Dieu : à ses yeux, loin de l’infirmer, les progrès de la science en constituent une irréfragable preuve.
 

Quand la Bible, la révélation donnée par le Créateur, nous décrit, dès les premières lignes, que c’est par des actes successifs de sa toute-puissance que Dieu a créé, ou tiré du néant, la terre, la lumière, l’air, les plantes, les animaux, puis l’homme, cette parole répond si bien à la voix du bon sens, que nous ne pouvons que l’accepter comme l’expression de la vérité, écrit Alfred Long.

Cependant, le doute est entré dans l’esprit de plusieurs. Des hommes se sont demandés s’il n’y avait pas une autre explication de l’Univers, si ce qui est, n’existe pas par soi-même, indépendamment d’un Maître. A l’appui de cette manière de voir, plusieurs théories ont été inventées. Toutes ont eu pour base la pensée que la vie est inhérente à la Terre. Cette théorie est appelée l’hétérogénie, ou génération spontanée ; c’est-à-dire que des êtres organisés ont dû naître, subitement, sous l’influence de l’air, de la chaleur, de l’électricité, etc. Ainsi Buffon expliquait la formation de tous les êtres, par des molécules organiques composées d’air, de terre ou d’eau et rendues vivantes par la pénétration d’un atome de lumière ou de feu.

Traité de l'existence de Dieu, par François de Salignac de La Mothe-Fénelon dit Fénelon

Traité de l’existence de Dieu, par François de Salignac de La Mothe-Fénelon dit Fénelon

Actuellement, poursuit le directeur de L’Écho des Alpes-Maritimes, les incrédules accréditent l’idée que la science, à mesure qu’elle avance, tend à confirmer cette théorie. Les libre-penseurs ont toujours la bouche pleine des grands mots de science et de progrès. Il semble souvent, à les entendre, qu’il faille croire que tout, dans la nature, s’est fait seul, en vertu de lois spéciales et immuables, pour être un homme scientifique ; tandis que ceux qui croient encore en Dieu sont des esprits faibles et arriérés.

L’observation des faits tranchera le débat. Si la nature s’est créée toute seule, si Dieu n’a pas eu à intervenir par des actes spéciaux de sa volonté, il n’y a pas de raison pour que la nature ait cessé son œuvre ; il doit être facile de la saisir sur le fait, en train de produire soit des animaux, soit des plantes nouvelles. Or, jamais personne n’a pu montrer un fait de ce genre.

La croyance aux générations spontanées, aux animaux composés de terre et d’eau devenus vivants par un atome de feu, était générale dans l’antiquité ; elle était admise par les savants comme par les ignorants. Par exemple, Aristote croyait que les rats et les serpents étaient engendrés par le limon des fleuve. Cette croyance dura pendant tout le Moyen Age. Au XVIIe siècle, malgré la Renaissance, un médecin célèbre, Van Helmont, soutient que l’on peut créer des souris. Il en indique le moyen dans un de ses ouvrages : « Mettre du froment dans un bocal, le fermer avec un tampon de linge sale et l’odeur du blé en fermentation jointe à celle du linge sale, engendrera la souris ! »

Au XVIIIe siècle, des savants illustres, dont le nom faisait autorité dans la science de la nature, les Lavoisier, les Buffon, les Cabanis, les Lamarck, croient encore à la génération spontanée. Ils en sont les défenseurs, malgré les travaux de Swammerdam, Vallisniéri, Spallanzani, etc., qui, ayant étudié plus consciencieusement la nature, avaient découvert que bien des êtres considérés comme le produit de la corruption, par exemple les vers, étaient engendrés par des pères et des mères comme les autres animaux.

Au XIXe siècle, la science a reculé les limites de ses observations ; aussi la théorie de la génération spontanée a-t-elle abandonné les êtres visibles, pour se réfugier chez les infiniment petits, chez les microbes. Les savants, toujours mieux outillés, poursuivent leurs recherches. Liebig — Justus von Liebig (1803-1873), chimiste allemand — et Tyndall — John Tyndall (1820-1893), scientifique irlandais — montrent que les microbes eux-mêmes sont engendrés par leurs semblables.

Alfred Long, fondateur de L'Écho des Alpes-Maritimes

Alfred Long, fondateur de L’Écho des Alpes-Maritimes

Enfin, Pasteur arrive à prouver aussi clairement que 2 et 2 font 4, que là où il n’y a pas le germe, il n’y a pas de vie. Il atteint, en continuant ses expériences, les bornes de vie, le domaine où il n’y a rien, rien, absolument rien. Ses démonstrations sont si concluantes, que déjà, en 1864, il n’y avait plus, à l’Académie des Sciences de Paris, un seul savant qui défendît encore la génération spontanée.

Au congrès scientifique d’Edimbourg, le savant matérialiste Thomson disait : « La matière inerte ne peut devenir vivante, que sous l’influence d’une matière déjà vivante. C’est un point de la science actuelle aussi certain que le fait de la gravitation. Je suis prêt à accepter, comme un article de foi scientifique, que la vie sort de la vie, uniquement de la vie. »

La théorie de la génération spontanée, la pensée que la vie est venue naturellement sur la terre, est donc fausse, reprend Alfred Long, puisqu’elle est totalement détruite par les faits. Depuis 2000 ans la Science, loin de confirmer la doctrine du doute et de l’athéisme soutenant que tout s’est fait sans le secours du Créateur, a marché dans un sens directement opposé. La Science a rendu Dieu plus nécessaire que jamais, en prouvant le mot de Voltaire : « L’univers m’embrasse et je ne puis concevoir une horloge sans horloger ». Que dire de beaucoup de gens qui, n’ayant qu’une légère teinture scientifique, viennent, malgré, cela, parler des dernières découvertes de la science prouvant, soi-disant, que Dieu n’est pas, que l’on n’a nul besoin de Lui et que la vie est venue toute seule ici-bas !

L’anéantissement de cette théorie erronée, qui restera fameuse dans l’histoire, a les conséquences suivantes ; Haeckel — Ernst Haeckel (1834-1919), biologiste et libre-penseur allemand ayant notamment fait connaître les théories de Darwin en Allemagne —, le fameux savant matérialiste de l’Académie d’Iéna, les a lui-même indiquées : « L’hypothèse, non encore prouvée, de la génération spontanée est indispensable, si l’on ne veut se voir forcé de recourir à une création surnaturelle. » Lange — Friedrich-Albert Lange (1828-1875), auteur allemand d’une Histoire du matérialisme et critique de son importance à notre époque (1866) —, célèbre matérialiste, vivant à Berlin, tient le même langage.

Puisque la génération spontanée est insoutenable au point de vue scientifique, assène Alfred Long, le problème est résolu : Nous vivons au sein d’une création surnaturelle. Le croyant en Dieu est donc l’homme scientifique et l’homme de progrès en cette affaire ; qu’il ne se laisse plus troubler par les déclamations des incrédules, ils n’ont aucun fait à opposer à sa foi.

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