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Granges-le-Bourg (Haute-Saône) :
sous la mairie, la prison du XVIIIe siècle
(Source : L’Est Républicain)
Publié le mardi 1er septembre 2015, par Redaction
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Des marches glissantes conduisent à deux pièces humides et sombres. Au mur, des tags, comme on ne disait pas encore, de prisonniers. C’est l’ancienne geôle de Granges-le-Bourg. Elle est de 1751 et était à l’époque sous l’ancienne salle d’audience devenue plus tard la mairie.
 

« C’est une prison pour le prestige », souligne Sarah Gelin, de l’Office de tourisme de Villersexel, organisateur des Mardis du terroir. La justice au XVIIIe a renoncé à la torture sauf pour les crimes considérés comme abominables. « Le crime est alors considéré comme une offense divine. Il n’y a pas de volonté de rédemption ». La justice est rendue par les juges et non plus par les seigneurs. Ces seigneurs qui avaient investi le château dès le Moyen Âge, dont il reste aujourd’hui un pan de mur avec une vue imprenable sur les villages environnants.

La baronnie des Granges, une des plus importantes seigneuries, y conserva des droits jusqu’au XVe siècle. Elle avait construit le château entre le Xe et le XIe et en avait fait un site défensif. En 1298, la seigneurie est rattachée au comté de Montbéliard avant d’être intégrée définitivement au Royaume de France au XVIIe. Le château est incendié en 1645 et démantelé. « Les ruines serviront de carrière ».

Ruines du château de Granges-le-Bourg au XVIIe siècle

Ruines du château de Granges-le-Bourg au XVIIe siècle

Retables classés à Granges-la-Ville
En redescendant du promontoire, coup d’œil rapide à la Maison du bailli (1606) placée sous la protection du christ et d’un ange et sa belle cave vigneronne. L’occasion de rappeler que la Haute-Saône produisait du vin (toujours le cas aujourd’hui dans certains secteurs du département comme le Graylois). La consommation allait de 250 à 1000 litres par personne et par an en fonction du niveau social.

Autre témoin de l’histoire : la croix de saint Pierre qui se dresse aujourd’hui face à des champs de maïs. Une croix en pierre du XIVe dit croix du chemin où le pèlerin pouvait demander l’asile. Elle est sculptée sur deux faces : l’une représentant saint Pierre et l’autre le christ.

Quelques pas et nous voilà à Granges-la-Ville pour admirer l’église de saint Pierre, dont la construction fut achevée en 1725. Elle sert d’écrin à neuf retables. Un beau patrimoine pour une église de campagne. La Haute-Saône compte 230 retables. Soit 8 % des retables classés en France. Une débauche de sculptures et de dorures, sans doute pour se démarquer, pour se démarquer du voisin montbéliardais protestant qui prêche la sobriété dans les lieux de culte. Dans le chœur, un retable sur le crucifiement de saint-pierre, classé aux Monuments historiques.

Des habitants dépourvus de nom
Retour à Granges-le-Bourg et pause en chemin pour découvrir l’ancienne tuilerie de 1543 qui aurait en 1750 fourni quelque 70.000 tuiles au presbytère de Granges-la-Ville.

Petite devinette avant de déguster les produits du terroir : comment s’appellent les habitants de Granges-le-Bourg ? « Ils n’ont pas de nom », affirme Michel Cuenin, maire. Il se murmure qu’il fut un temps où ils s’appelaient les Grands Bourgeois.

Patricia Louis
L’Est Républicain

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