LA FRANCE PITTORESQUE
L’héritier des rois de France,
Louis de Bourbon, en Bretagne
(Source : Le Télégramme)
Publié le vendredi 29 mai 2015, par Redaction
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À l’occasion de sa visite officielle dans le Morbihan ce week-end, le prince Louis de Bourbon, duc d’Anjou, héritier de la couronne de France, a répondu aux questions du Télégramme, abordant notamment quelques questions d’actualité
 

Vous avez la double nationalité française et espagnole. Vous avez vécu à Caracas, New York et maintenant Madrid... Vous sentez-vous encore Français ?
« Il y a certainement pour moi une sorte d’atavisme. Les dynasties européennes ont constitué d’une certaine manière une préfiguration de l’Europe. Il n’y a pour s’en souvenir qu’à consulter leur arbre généalogique. Henri III, fils du roi de France, a été roi de Pologne avant de succéder à son frère sur le trône de France. Philippe V, roi d’Espagne, s’est toujours souvenu qu’il était prince français. Par ailleurs, du fait des mesures d’exil qui ont frappé les familles royales, la vie d’expatrié est devenue courante dans nos familles.

« Depuis un siècle et demi, les Bourbons ont souvent été amenés à vivre au loin. Mon père était né à Rome et a fait une partie de ses études en Suisse. Mes enfants sont nés aux USA, ma fille a été baptisée à Paris et mes garçons au Vatican. Enfin, Je suis comme beaucoup de nos contemporains pour qui le monde s’est ouvert. La vie moderne amène à beaucoup se déplacer. Tel est mon cas. Ce qui est certain, c’est que nous restons tous fidèles aux origines des Bourbons, famille française depuis plus de 1.000 ans ».

Pour les légitimistes, vous êtes l’héritier de la couronne de France sous le nom de Louis XX. Quelles sont vos relations avec la branche orléaniste, notamment Henri d’Orléans, comte de Paris, qui revendique également le titre de chef de la maison royale de France ?
« Il peut, en effet, y avoir confusion, puisque Henri d’Orléans, comte de Paris, est le descendant direct de Louis-Philippe d’Orléans devenu roi des Français lorsqu’il a usurpé, en 1830, le trône de son cousin Charles X, roi de France. Louis-Philippe a créé une nouvelle dynastie, comme Napoléon Ier en avait aussi créée une autre à l’ombre de la Révolution française.

« Pour moi, je descends de la branche aînée des Bourbons, celle des rois de France depuis Louis XIV. Avec mon cousin Henri d’Orléans, nous nous rencontrons régulièrement dans des cérémonies. Nous représentons deux traditions différentes. Je suis le seul héritier des rois qui ont régné sur notre pays, de Clovis à Charles X ».

Vous sentez-vous investi d’une mission ? Quels sont vos devoirs envers vos aïeux ?
« On ne peut être le descendant direct d’une dynastie dont la destinée se confond avec l’Histoire de France sans se sentir investi d’une mission. La première est, bien évidemment, celle du souvenir et de la mémoire dont il faut toujours témoigner. Mais il me semble que par rapport aux souverains passés, j’ai aussi le devoir de montrer que leur œuvre se poursuit et que les principes qui ont fait que ce régime a tenu 800 ans, ont toujours leur place : la justice, le respect du droit naturel, l’harmonie sociale... »

Louis de Bourbon, duc d'Anjou, est marié avec la princesse Marie-Marguerite

Louis de Bourbon, duc d’Anjou, est marié avec la princesse Marie-Marguerite

Où en est le dossier de la réinhumation de la tête d’Henri IV ?
« Il s’agit d’un dossier auquel je suis très attaché comme sans doute beaucoup de Français pour qui Henri IV est un modèle de roi. Depuis plusieurs années, je suis dépositaire de cette précieuse relique. Une première étude accompagnée d’analyses scientifiques menées par une équipe internationale, a permis de l’authentifier. Je m’étais donc rapproché des autorités pour qu’elle soit replacée à Saint-Denis. Par la suite, certains ont mis en doute les premiers résultats. Or, en cette matière, le doute n’est pas permis. Il doit être levé. Je prends des dispositions pour qu’il en soit ainsi et que le projet de retour dans la nécropole royale puisse aboutir ».

Vous travaillez pour gagner votre vie. Pensez-vous qu’un descendant des rois de France a sa place dans les milieux financiers ?
« Travailler pour gagner sa vie me paraît être naturel. Nous ne sommes plus au temps des listes civiles, ni à l’ère des rentiers comme au XIXe siècle. Quant à moi, je me considère plus comme chef d’entreprise que comme financier ».

Avez-vous des relations avec les hommes politiques français ? Les trouvez-vous, dans leur ensemble, soucieux du bien commun des Français ?
« J’ai, bien évidemment, des relations avec les hommes politiques français, des élus souvent, soit à leur demande, soit à la mienne pour m’informer des problèmes actuels. Je rencontre aussi d’autres personnalités de tous les milieux, notamment économique et culturel. Ceux que je rencontre sont habituellement soucieux du bien commun. C’est d’ailleurs sans doute ce qui nous réunit, car ce souci qui était un des fondements de la royauté, vient d’une vision encore plus ancienne de la vie politique – le fameux héritage romano-chrétien – et est heureusement partagé encore de nos jours par de nombreux gouvernants. Il est à la base de la vie sociale, hier comme demain ».

Trouvez-vous que les présidents de la République ont, par certains côtés, une conception monarchique du pouvoir ?
« L’expression est effectivement employée, mais c’est souvent ironique lorsqu’il est reproché à un président d’avoir sa cour, ou plutôt péjoratif lorsqu’on reproche à un président d’être autoritaire. Cela est donc du domaine de la polémique où je ne veux pas me placer. En revanche, je constate que certains présidents sont plus que d’autres attachés à l’Histoire de France, dans sa durée, sa grandeur et à l’œuvre millénaire de la royauté ».

Quel regard portez-vous sur la société française d’aujourd’hui ?
« Il est double. J’observe à travers les rencontres que je fais, le courrier que je reçois, les contacts avec les uns et les autres, qu’il y a une grande inquiétude. La crise économique, avec ses conséquences en matière d’emplois, de précarité, d’investissements, est durement ressentie. La crise morale ne l’est pas moins. Les attaques contre la vie, contre la famille inquiètent. Cette crise morale se double d’une autre, identitaire, et le communautarisme est mal ressenti dans un pays qui a toujours reconnu les diversités dès lors qu’il y avait un fond commun unitaire.

« En revanche, il y a et, ce qui est encourageant, surtout chez les jeunes, une grande espérance. Les jeunes ne baissent pas les bras. Ils ont envie de bâtir un monde meilleur et plus harmonieux. Ils ont souvent une conscience du bien commun que n’ont pas eue les deux générations précédentes plus tournées vers le bien-être personnel et un certain égoïsme. Je ne peux qu’encourager cette espoir, car je me sens proche de cette nouvelle génération qui vit complètement au présent, mais qui reprend à sa manière ce que mon père avait qualifié un jour de « vieilles recettes » qui ont fait leur preuve... »

De quelles valeurs êtes-vous le garant ?
« La question est d’autant plus intéressante qu’elle n’aurait sans doute pas été posée il y a 10 ou 20 ans. La question des valeurs n’y était pas ressentie avec la même force qu’actuellement. En effet, on assiste actuellement à la perte des valeurs. La vie humaine, par exemple, n’est plus un impératif. On tue pour quelques euros, on assassine par confort. Le droit des enfants n’est plus garanti. Ainsi, face à un pouvoir qui ne défend plus l’ordre naturel, comme héritier de la dynastie capétienne, je demeure le garant des valeurs morales ».

Bertrang Le Bagousse
Le Télégramme

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