« Hulahup barbatruc ! » La formule magique a couru sur les lèvres de tous les enfants de France. Prononcés par les Barbapapa au moment où ils se transforment, ces mots incompréhensibles sont le symbole du triomphe d’un produit franco-américain qui a conquis le monde ! Annette Tison, fille d’Henri Tison qui a construit et aménagé la station balnéaire d’Hossegor, est architecte. Elle est avec son mari américain, Talus Taylor, au jardin du Luxembourg, quand celui-ci entend un enfant réclamer à ses parents quelque chose qui s’appelle « Baa baa baa baa ». Il demande à son épouse ce que cela signifie. Elle lui explique qu’il s’agit d’une friandise qui s’appelle la barbe à papa.

Nous sommes le 19 mai 1970. Attablés quelques heures plus tard dans un restaurant, le couple esquisse sur la nappe un personnage rose tout en rondeur. Annette met son grain de sel et suggère que ce drôle de bonhomme puisse adopter à sa guise la forme qu’il souhaite : un pont, un manège pour enfant, un avion, etc. La famille grandit rapidement. Aux côtés de Barbapapa (de couleur rose) et de Barbamama (de couleur noire) naissent les filles Barbalala, Barbabelle, Barbotine, et les garçons Barbidur, Barbibul, Barbidou et Barbouille. Le premier album paraît la même année. Suivront presque un livre par an à l’École des loisirs puis aux éditions du Dragon d’Or. Tous seront traduits dans une trentaine de langues.

Une musique inoubliable !
Le succès est immédiat et fulgurant au point que la première chaîne de l’ORTF adapte les aventures de ces drôles de créatures multicolores en dessin animé. Au total, près de 100 épisodes seront tournés dans les années 70 et diffusés sur toutes les chaînes, y compris encore récemment sur celles de la TNT. En 1999, les Barbapapa ont même été l’objet d’une troisième salve de dessins-animés : leur bonne humeur permanente et contagieuse, leurs couleurs franches et gaies sont indémodables.

En France, la chanson interprétée par Ricet Barrier, qui était également la voix off des personnages (ainsi que celle de Colargol !), fait aujourd’hui encore chanter petits et grands. Si ces 9 héros (autant que de lettres du mot Barbapappa) sans forme, mais pacifiques écologistes avant l’heure, jamais revanchards et au cœur gros comme ça, sont éternels, leurs parents n’ont pas pu prétendre à une telle éternité. Talus Taylor né en 1933 à San Francisco est mort à Paris le 19 février dernier. Il a rejoint sa femme disparue en juin 2010.

Reste de cette saga un générique inoubliable, une dizaine d’albums, une collection intitulée La petite bibliothèque de Barbapapa et un Doodle que consacre le moteur de recherche Google à cette drôle de famille de sept enfants.

Jérôme Béglé
Le Point

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