LA FRANCE PITTORESQUE
Usage de la lumière par nos aïeux
pour estampiller les fruits du verger
(D’après « La Mosaïque », paru en 1883)
Publié le dimanche 10 mai 2015, par Redaction
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Il ne faut pas croire qu’il soit nécessaire de recourir aux savants produits de la chimie pour être témoin de changements de teinte dus à l’action de la lumière. Une propriété mise jadis à profit pour estampiller les fruits.
 

Qui ne sait, par exemple, que la coloration d’un fruit, pêche, poire, pomme, abricot, varie avec l’intensité de la lumière reçue. La face exposée, la majeure partie du jour, aux rayons du soleil, est vivement colorée ; la face opposée reste pâle. Sur nous l’influence solaire n’est pas moins frappante.

Quelques amateurs de poires et de pêches comprirent l’utilité de tels effets. Avant d’être livrées aux profanes, les productions du verger recevaient les initiales du propriétaire, afin qu’il fût bien su de tous, à la ronde, quel était l’homme, l’homme fortuné, qui seul entre les mortels possédait telle poire.

Jusqu’à grosseur parfaite, chaque fruit était mis à l’abri de la lumière dans une enveloppe de papier, afin que la coloration fût partout d’un pâle uniforme. L’enveloppe était alors rejetée, et le fruit mis à découvert était prêt pour l’inscription. A cet effet, le patient amateur collait sur la face de la poire, en regard du soleil, les initiales de son nom, découpées dans une feuille de papier.

Sous le couvert des lettres, la peau du fruit gardait sa teinte pâle ; en dehors, elle prenait la vive coloration de la maturité, de sorte que le moment de la récolte venue, et les initiales de papier enlevées, se détachaient, sur un fond rougeâtre, de gros caractères pâles, disant au monde le nom glorieux de celui qui seul, dans son jardin, possédait ces cuisses-madame et ces bon-chrétien.

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Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

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