LA FRANCE PITTORESQUE
16 octobre 1793 : la Convention nationale
exige des noms révolutionnaires
pour les communes de France
(D’après « Collection complète des lois, décrets, ordonnances, règlements,
avis du Conseil d’État » (Tome 6), édition de 1834
et « La Terreur : études critiques sur l’histoire de
la Révolution française » (Tome 1), paru en 1873)
Publié le vendredi 8 mai 2015, par Redaction
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C’est un décret de la Convention nationale, en date du 16 octobre 1793, qui traduit l’injonction des autorités en matière de changement du nom de toute commune susceptible de rappeler l’Ancien Régime ou la religion chrétienne. Il faudra attendre le 8 juillet 1814 pour que Louis XVIII procède à l’annulation des plus de 3000 modifications révolutionnaires...
 

Le 25 vendémiaire an II, « la Convention nationale décrète que les communes qui ont changé de nom depuis l’époque de 1789 feront passer au comité la nouvelle dénomination qu’elles ont adoptée, et invite celles qui changeront les noms qui peuvent rappeler les souvenirs de la royauté, de la féodalité ou de la superstition, de s’en occuper incessamment, et de faire passer, dans le courant du second mois, les délibérations de leurs communes au comité de division de la Convention. »

Ce n’étaient pas seulement les surnoms de roi, duc ou comte qui étaient abolis (Choisyle-Roi, Bar-le-Duc, Bois-le-Comte, etc.) ; Grenoble (Gratianopolis) allait s’appeler Grelibre ! Malheur à la ville dont le nom était pris d’un saint ou porté par quelque aristocrate ! Et la réforme menaçait même de ne s’en point tenir là. Saint-Just voulait substituer aux noms des villes et des villages d’Alsace les noms des soldats de l’armée du Rhin.

On peut concevoir le trouble qui résultait de ces patriotiques transformations. Il est à la rigueur possible de retrouver dans Nord-Libre la ville de Condé (Nord) ; dans Montmarat, Montmartre ; dans le Havre-Marat, le Havre-de-Grâce, quelque peu d’affinité qu’il y ait ici dans les deux mots substitués l’un à l’autre.

Dépouilles de la superstition apportées dans le sein de la Convention nationale

Gravure de 1793 : Dépouilles de la superstition apportées dans le sein de la Convention nationale
En novembre, les sections de Paris et les communes voisines apportèrent à la Convention
l’or, l’argenterie et tous les ornements des églises

Mais qui se douterait que Marathon remplace Saint-Maximin (Var), et comment s’y reconnaître quand le nom de la commune et celui du pays ont été changés en même temps ? Qui devinerait, par exemple, que la commune de l’Unité, île de la Liberté, c’est Saint-Georges, dans l’île d’Oléron ?

Le Comité de Salut public lui-même s’y perdait ; et il fut obligé d’adresser à chacun des agents nationaux de district la circulaire suivante, le 17 ventôse an II (7 mars 1794) :

« Plusieurs communes ont changé de nom, et, ne rappelant point les anciens dans leur correspondance, il n’est pas possible de connaître les lieux d’où partent et où doivent être adressés les lettres et paquets. Le Comité te recommande de prévenir dans le plus bref délai les municipalités de ton arrondissement qui sont dans ce cas, d’ajouter leurs anciens noms lorsqu’elles écrivent, afin d’éviter les entraves et les retards qui ont eu lieu jusqu’à présent. »

Cette injonction ne suffit pas, et dans les cahiers du bureau de Surveillance générale où les pétitions et dénonciations adressées au Comité étaient résumées pour être placées sous les yeux de Robespierre ou de quelque autre membre (de Robespierre, presque exclusivement), on trouve quelquefois, à côté du nouveau nom de lieu, cette mention : « Le département auquel appartient cette commune n’a pas été découvert. »

Retrouvez les noms
révolutionnaires des communes

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