LA FRANCE PITTORESQUE
Cher comme poivre
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Publié le samedi 21 mars 2015, par Redaction
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Très cher
 

Lorsque cette épice commença à s’introduire en France, son prix élevé lui donna une haute importance. La nouveauté lui donna la vogue, et la vogue augmenta encore sa cherté. Le poivre entrait dans la composition des plus riches présents : c’était l’un des tributs que payaient les vassaux à leurs suzerains.

Geoffroy, prieur de Vigeois, voulant exalter la magnificence de Guillaume, comte de Limoges, raconte qu’il en avait des tas énormes amoncelés et sans prix, comme si c’eût été du gland pour les porcs. L’échanson étant venu un jour en demander pour les sauces de la cuisine du comte, l’officier qui gardait ce dépôt précieux prit une pelle, dit l’historien, et en donna une pelletée entière.

La récolte du poivre à Coilun. Enluminure extraite de l'édition de 1412 du Livre des Merveilles du monde de Marco Polo

La récolte du poivre à Coilun. Enluminure extraite de l’édition
de 1412 du Livre des Merveilles du monde de Marco Polo

Quand la reine Bathilde, qui fut régente de Neustrie et de Burgondie durant la minorité de son fils Clotaire III, fonda en 657 le monastère de Corbie, ses domaines furent assujettis à payer annuellement, en surplus des autres denrées, trente livres de poivre à ses religieux.

Roger, vicomte de Béziers, ayant été assassiné dans cette ville, lors d’une sédition qui y éclata en 1107, son fils, après avoir vaincu et soumis les habitants, les obligea à payer en réparation un tribut annuel de trois livres de poivre à prendre sur chaque famille. A Aix en Provence, les Juifs étaient obligés d’en payer pour chacun deux livres par an.

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Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

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