LA FRANCE PITTORESQUE
Château de Fontainebleau :
les adieux à la garde de Napoléon
dans la cour d’honneur
(Source : Le Point)
Publié le dimanche 8 mars 2015, par Redaction
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Il n’y en a que pour Versailles ! Tous les touristes de passage à Paris visitent Versailles. Et Fontainebleau, alors ? On l’oublie. Trop éloigné de Paris, moins hautain. Fontainebleau, c’est pourtant neuf siècles d’histoire.
 

Depuis le château médiéval, dont il reste le donjon, jusqu’au palais aimé de Napoléon III. Philippe le Bel y mourut. Charles VII l’agrandit, François Ier en fit un joyau de la Renaissance, Louis XIII y naquit et y fut baptisé. Napoléon en fit sa résidence de campagne. Charles Quint y fut reçu magnifiquement. Catherine de Médicis y organisa un somptueux carnaval en 1564, à la veille d’entreprendre le tour de France avec son jeune fils tout juste couronné, Charles IX. Henri IV y tint sa cour. Louis XV s’y maria.

Des centaines d’événements historiques qui se déroulèrent à Fontainebleau les Français retiennent surtout celui des adieux à la garde de Napoléon. Le 31 mars 1814, l’empereur trouve refuge à Fontainebleau. Deux jours plus tard, le Sénat vote sa déchéance. Le 5 avril, Napoléon abdique en faveur de son fils, le roi de Rome. Mais cela ne suffit pas. Le lendemain, il doit renoncer au trône pour lui et pour ses héritiers. C’est la fin. Dans la nuit du 12 au 13 avril, il tente même de s’empoisonner. Finalement, son départ pour l’île d’Elbe est programmé pour le 20 avril 1814.

Château de Fontainebleau : la Cour des Adieux et le Fer à Cheval

Château de Fontainebleau : la Cour des Adieux et le Fer à Cheval

« Adieu, mes enfants ! »
À 13 heures, suivi de ses derniers fidèles, il apparaît en haut de l’escalier d’honneur de la grande cour de Fontainebleau. Il descend les marches, fait signe aux tambours de se taire et s’adresse à ses grognards : « Soldats de ma vieille garde, je vous fais mes adieux. Depuis vingt ans, je vous ai trouvés constamment sur le chemin de l’honneur et de la gloire. Dans ces derniers temps, comme dans ceux de notre prospérité, vous n’avez cessé d’être des modèles de bravoure et de fidélité. Avec des hommes tels que vous, notre cause n’était pas perdue. Mais la guerre était interminable ; c’eût été la guerre civile, et la France n’en serait devenue que plus malheureuse.

« J’ai donc sacrifié tous nos intérêts à ceux de la patrie ; je pars. Vous, mes amis, continuez de servir la France. Son bonheur était mon unique pensée ; il sera toujours l’objet de mes vœux ! Ne plaignez pas mon sort ; si j’ai consenti à me survivre, c’est pour servir encore à notre gloire ; je veux écrire les grandes choses que nous avons faites ensemble ! Adieu, mes enfants ! Je voudrais vous presser tous sur mon cœur ; que j’embrasse au moins votre drapeau ! »

Le général Petit lui apporte l’étendard à baiser. Des larmes sont retenues. L’empereur s’arrache à ses fidèles pour monter dans une berline qui prend aussitôt la route. Trouvez-moi une scène aussi émouvante à Versailles...

Frédéric Lewino et Anne-Sophie Jahn
Le Point

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