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Paris : plus de 200 squelettes
découverts sous un Monoprix
(Source : Le Parisien)
Publié le lundi 3 mars 2014, par Redaction
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Plus de 200 squelettes disposés dans des fosses communes ont été mis au jour sous un supermarché Monoprix du boulevard de Sébastopol à Paris (IIe arrondissement). A cet endroit se trouvait le cimetière de l’hôpital de la Trinité.
 

Voilà une découverte bien étonnante. Plus de 200 squelettes, soigneusement disposés dans des fosses communes, ont été mis au jour sous le supermarché Monoprix Réaumur-Sébastopol (IIe arrondissement) à Paris. Depuis début janvier, les archéologues de l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) mènent les fouilles sous l’immeuble Félix-Potin, où se trouvait jadis le cimetière de l’hôpital de la Trinité, fondé au XIIe siècle mais détruit à la fin du XVIIIe siècle.

Tous les squelettes découverts sont-ils ceux de personnes mortes de la peste ou décédées à cause d’une famine ? Les équipes de l’Inrap s’interrogent car une chose semble certaine : les défunts ont succombé en masse...

Huit fosses communes déjà découvertes
« Dans le cadre du réaménagement du magasin, nous avons décidé de supprimer un promontoire qui se trouvait au deuxième sous-sol, ce qui a déclenché des fouilles préventives », explique Pascal Roy, directeur du magasin. « Nous nous attendions à ce qu’il reste quelques ossements dans la mesure où cela avait été un cimetière mais pas à trouver des fosses communes », ajoute-t-il, très étonné.

Fouille d'un squelette de la grande fosse

Fouille d’un squelette de la grande fosse (salle 5). © Denis Gliksman, Inrap

Au moment de la désaffection du cimetière, les restes des défunts avaient été transférés en partie aux Catacombes de Paris où ils sont toujours. « Mais apparemment, le travail n’a pas été bien fait », note l’archéologue Isabelle Abadie, qui dirige les fouilles. « C’est la première fois qu’un cimetière hospitalier est fouillé à Paris », souligne-t-elle en rappelant qu’on en a déjà trouvé à Marseille et Troyes notamment.

A ce jour, sur la zone de 100 m2 qui fait l’objet de recherches, huit fosses communes ont été découvertes. Sept d’entre elles comptent entre cinq et vingt individus, déposés sur deux à cinq niveaux. La huitième fosse, la plus impressionnante, a permis de découvrir plus de 150 squelettes, disposés sur plusieurs niveaux. « Mais il reste encore une autre couche en dessous », prévient Isabelle Abadie.

Fièvre, peste, famine... le mystère reste entier
Sur un terrain sablonneux, des dizaines de squelettes bien conservés sont alignés les uns contre les autres. Les individus semblent avoir eu les bras croisés et les jambes serrées, laissant penser qu’ils étaient enveloppés dans un drap ou un linceul. « Ce qui est étonnant, c’est que les corps n’ont pas été jetés mais déposés avec soin, de façon organisée. Les individus, hommes, femmes, enfants, ont été placés tête-bêche sans doute pour gagner de la place », montre l’archéologue. Le tout, en une seule fois, sur plusieurs niveaux.

« Cela laisse à penser qu’il y a eu beaucoup de décès d’un coup. Reste à trouver la cause de cette crise de mortalité : épidémie, fièvre, famine... Paris a été frappée par plusieurs épidémies de peste au XIVe, XVe et XVIe siècles. La capitale a aussi été touchée par la variole au XVIIe », rappelle-t-elle.

Les fouilles doivent se terminer avant le 20 mars
Les restes osseux ne présentent pas de lésions permettant d’identifier la cause de ces décès en masse. Des prélèvements ADN sont en cours pour tenter de la déterminer. Ils permettront aussi d’établir d’éventuels liens génétiques entre les individus. Des datations au carbone 14 vont également être réalisées pour comprendre à quand remontent ces fosses communes. Les archéologues ont trouvé quelques morceaux de céramique médiévale et de période plus récente. L’étude anthropologique des squelettes devrait apporter des renseignements sur les individus (âge au décès, sexe...). L’étude des textes et plans anciens de Paris devrait compléter les recherches.

A présent, une course contre la montre est engagée pour les archéologues : ils doivent avoir terminé les fouilles d’ici au 20 mars, afin de permettre au magasin de mener ses travaux. Les restes osseux seront ensuite étudiés sur un site de l’Inrap. « Ils seront traités avec respect », déclare Jean-Pascal Lanuit, de la Direction régionale des affaires culturelles Ile-de-France. Ensuite, « l’Etat se chargera de trouver un endroit » pour les défunts.

Le Parisien

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