LA FRANCE PITTORESQUE
8 juin 1796 : mort de Collot d’Herbois
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Publié le mardi 17 novembre 2009, par LA RÉDACTION
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Nos annales révolutionnaires ne comptent pas de monstre plus exécrable : comédien médiocre, auteur dramatique sans talent, Collot d’Herbois fut moins homme d’état qu’assassin politique. Sa mission terrible eut pour monuments les décombres d’une cité sanglante et mitraillée. Par lui, la guillotine fut établie en permanence à Lyon : par lui, six mille personnes y périrent en quelques mois. Le proconsul se vengeait par des supplices des sifflets qu’avait essuyés l’acteur.

En 1791 le club des jacobins avait proposé un prix pour l’ouvrage qui ferait le mieux sentir au peuple les avantages d’une monarchie constitutionnelle. Collot d’Herbois publia l’Almunach du père Gérard, et fut couronné. Telle est l’origine de to. fortune : dès lors il se crut appelé aux plus hautes fonctions, et, pour y atteindre, il usa de tous les moyens que lui avait appris son ancienne profession d’acteur et de directeur de spectacle. Sa physionomie sombre, mais imposante, son œil expressif, sa voix pleine, devaient ajouter une grande puissance aux mots qu’il laissait échapper dans ses débauches de crimes : on en cite plusieurs d’une effroyable énergie. Collot d’Herbois entretenait sa verve de cannibale par l’abus des liqueurs fortes ; les derniers temps de sa vie se passèrent dans une ivresse continuelle.

Panégyriste de Carrier, ami de Robespierre, la jalousie du second fut excitée par le triomphe que valut- à Collot d’Herbois l’assassinat tenté sur lui par Ladmiral ; le 9 thermidor mit fin ù leur querelle. Collot d’Herbois accusa Robespierre et contribua fortement à sa chute. Bientôt accusé lui-même, il eut l’adresse dç détourner plusieurs fois la sentence ; mais le 2 mars i^gS il fut arrêté, et peu de jours après déporté en Guiane avec Billaud- Varennes et Barrère. Son génie révolutionnaire l’y suivit : à peine débarqué sur la terre d’exil, il s’efforça de soulever les noirs contre les blancs. On le renferme au fort de Synamari ; il y est atteint d’un accès de fièvre chaude. Dans le trajet du fort à l’hôpital, dévoré d’une soif ardente, il demande à boire ; les nègres lui donnent une bouteille de rum, qu’il avale d’un trait. En arrivant à l’hôpital, il expire dans des convulsions épouvantables.

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Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

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