LA FRANCE PITTORESQUE
Au Faouët (Morbihan), un four
centenaire pétri de souvenirs
(Source : Ouest France)
Publié le jeudi 18 décembre 2014, par Redaction
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La boulangerie du Golhen, au Faouët, dans le Morbihan, fête ses cent ans autour d’une expo. Ce fournil, dont la construction a été pilotée par un soldat depuis le front, a été le théâtre d’innombrables tranches de vie.
 

Au Faouët et bien au-delà, la boulangerie du Golhen doit sa renommée à son four à bois. Une gueule centenaire à laquelle rend hommage Roland Bouëxel dans une exposition in situ. Au bercail, même, pour ce passionné d’histoire qui est né au-dessus de la boulangerie, dans la chambre des farines, il y a 59 ans.

« La construction de ce commerce, que mes parents ont tenu pendant quarante ans, a commencé en 1914. Après avoir acheté le terrain, Louis Le Navor, boulanger et soldat, a été rappelé au front pendant sa construction. Il a piloté le montage des murs et l’installation du four à bois depuis les Balkans. »

Une longue lignée de pétrisseurs
C’est un confrère à la retraite, connu pour travailler la pâte avec ses pieds, qui l’a relayé, jusqu’à son retour en 1919. Le portrait en uniforme de Louis Le Navor, premier d’une longue lignée de pétrisseurs, figure en bonne place dans l’exposition installée dans la boulangerie jusqu’à l’Épiphanie.

Le boulanger Sylvain Ribet a adopté le four centenaire en 2011

Le boulanger Sylvain Ribet a adopté le four centenaire en 2011
© Crédit photo : Thierry Creux/Ouest-France

Caser ces quatorze panneaux dans ce commerce étroit, pas franchement adapté pour accueillir photos et documents d’époque, était un sacré défi. Mais Sylvain Ribet, le jeune boulanger qui a repris le Golhen en 2011, en redemande. « Cette exposition touche les gens. C’est une histoire qui allait se perdre, et que je suis heureux de contribuer à faire revivre. »

Les clients aussi en sont friands. « Ils sont nombreux à avoir reconnu des parents sur les photos, à se souvenir d’anecdotes. Une ligne de chemins de fer passait juste derrière. J’ai aussi appris que le long des murs, des poissons étaient mis à sécher », s’amuse la vendeuse, Lucie Guégano.

« Un Tetris géant »
Construits sur un lavoir, au croisement de deux routes, les Délices du Golhen ont été le théâtre de nombreuses tranches de vie. La plus surnaturelle a certainement été l’apparition du Diable, à la fin des années 1920, alors que la boulangerie était aussi salle de bal.

« Aujourd’hui, on n’a plus les mêmes apparitions, ce sont surtout des fêtards que je croise au petit matin », plaisante Sylvain Ribet. Originaire de la Manche, le jeune boulanger de 28 ans a craqué pour ce lieu aux racines bien ancrées. « Je cherchais un four à bois qui me permettrait de travailler sur une fabrication et une cuisson lentes. »

Alors tant pis pour les heures passées à fendre le bois. Le monstre de fonte et de briques, qui pèse une vingtaine de tonnes, consomme près de 100 m3 de bûches par an...

« Il me faut 25 minutes pour remplir mon four. J’y mets entre 110 et 120 pains. Ceux du fond sont les premiers cuits, alors il faut... C’est comme un Tetris géant ! » Un jeu auquel il se prête volontiers, 300 jours dans l’année, devant son four du siècle dernier.

Julie Schittly
Ouest France

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