LA FRANCE PITTORESQUE
Une ligne de train grande vitesse
menacerait les grands crus de Sauternes
(Source : Le FIgaro)
Publié le mercredi 10 décembre 2014, par Redaction
Imprimer cet article
Le développement d’une ligne ferroviaire à grande vitesse entre Bordeaux et Dax pourrait dérégler le microclimat nécessaire au processus de fabrication des vins liquoreux de Sauternes. Les producteurs envisagent de saisir la justice européenne.
 

Le projet ferroviaire de ligne à grande vitesse (LGV) reliant Bordeaux et Dax prévu pour l’horizon 2027 porterait-il un coup aux grands crus du vignoble bordelais ? C’est ce qu’affirme et craint l’ensemble des viticulteurs de la région, pour qui l’enjeu est aussi bien écologique qu’économique. Chaque année, ce sont six millions de bouteilles de ces vins prestigieux qui sont vendues.

Il est prévu que le tracé de la LGV coupe la rivière de Ciron en trois endroits, ainsi que trente de ses affluents. Près de quarante zones humides seraient ainsi perturbées, sans compter les nappes d’eau souterraines. Un développement qui modifierait le micro-climat nécessaire au processus de fabrication des vins liquoreux de Sauternes.

« On ne peut pas prendre le risque de tout foutre en l’air ! »
Les vignerons concernés évoquent le « saccage de la vallée du Ciron et de ses affluents ». « La LGV va trouer la forêt-galerie qui protège ces rivières du soleil, donc de la chaleur. Et c’est justement la fraîcheur de ces eaux ainsi conservée qui crée, en arrivant sur les terres chaudes du Sauternais, le phénomène de condensation et les fameux brouillards. » Pour eux, il s’agit d’un « arrêt de mort pour des crus connus depuis des siècles ».

Xavier Planty, président de l’organisme de défense et de gestion de Sauternes, avertit : « Si les eaux du Ciron se réchauffent, la formation du brouillard sera plus compliquée. On ne peut pas prendre le risque de tout foutre en l’air ».

Le botrytis cinerea est un champignon qui donne au jus de raisin son arôme spécifique. Il se développe « sous l’action du brouillard et de l’humidité le matin, et du soleil l’après-midi », explique Xavier Planty. « C’est ça, le moteur de nos AOC », ajoute-t-il, avant de préciser que « sans l’alternance d’humidité et de soleil, il ne peut y avoir de pourriture noble ».

D’autres dangers potentiels
Afin de se faire entendre, les viticulteurs évoquent d’autres dangers qui pourraient éventuellement découler du développement de la LGV. L’oenotourisme, qui attire 200.000 touristes chaque année dans la vallée du Ciron, pourrait ainsi en pâtir. Ils n’hésitent pas non plus à rappeler que le site possède une grande valeur patrimoniale, de par la faune et la flore exceptionnelles qu’il contient. On y relève la présence notamment du vison d’Europe, de l’écrevisse à pattes blanches, de la Cistude d’Europe et du Grand capricorne.

Face à cette opposition, le Réseau ferré de France (RFF), opérateur du projet, assure pourtant avoir « fait des études d’impact ». Une étude de faisabilité du projet a d’ailleurs été confirmée par le gouvernement à l’automne dernier.

« Nous appelons tous les défenseurs des vins liquoreux à faire part de leur mécontentement sur les registres de l’enquête d’utilité publique », a ajouté Philippe Dejean. À la suite de cette enquête, un rapport de synthèse sera remis au Conseil d’État, qui émettra un avis que le gouvernement pourra suivre ou non. Selon la tournure des évènements, les viticulteurs envisagent déjà de saisir la Cour de justice européenne.

Guillaume Gosalbes
Le Figaro

Accédez à l’article source

Copyright © LA FRANCE PITTORESQUE
Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

Imprimer cet article

LA FRANCE PITTORESQUE